Les potagers fleurissent ici et là. En plus de régaler la communauté qui les cultive, de leurs fruits et de leurs légumes, ils regorgent de bienfaits. Voici quelques témoignages de jardiniers laïcs et jésuites, en France et en Belgique.

À La Pairelle, un outil de médiation spirituelle

potager La Pairelle

Depuis près de quatre ans, Benoît, animateur de l’espace potager du Centre spirituel jésuite de La Pairelle près de Namur en Belgique, accueille des retraitants individuels ou des groupes le temps d’un après-midi ou d’une pause entre deux Exercices spirituels. En 2022, environ 60 personnes ont fait une halte au jardin. Dans un cadre magnifique : verger hautes tiges, ânes et moutons qui servent au pâturage, zones sauvages, petits fruits… le potager s’étend sur 500 m2.

Pour établir un plan de culture, Benoît échange régulièrement avec les cuisiniers du centre. Les légumes de conservation, comme les potimarrons, poireaux et oignons, sont plébiscités. Les petits fruits, comme les framboises et les groseilles, sont transformés en confitures et les pommes servies telles quelles ou en compote. Mais la production n’est pas l’objectif premier du potager. Les bienfaits de la nature et du vivant sur la santé physique et mentale sont au cœur des enjeux : réduction du stress et de l’anxiété, amélioration de la concentration, apaisement, confiance en soi.

Les retraitants désireux de mettre les mains dans la terre y trouvent un apaisement, une détente de l’esprit. Les tâches répétitives aident à mettre les pensées à l’arrêt. Ils sont dans l’ici et maintenant, reliés au monde qui les entoure. Bien plus qu’un espace de production, le potager de La Pairelle est un outil de médiation spirituelle !

Anne-Claire Orban et Benoît Kervyn
animateurs de l’espace potager

À Vanves, prendre soin pour donner du fruit

potager Vanves

Où peut-on croiser un ancien évêque d’Afrique du Nord, deux canards prénommés Cyrille et Méthode et une dizaine d’étudiants et jeunes professionnels parisiens, fourches et arrosoirs à la main… ? À Vanves, en périphérie de Paris, dans le jardin de la communauté jésuite Pedro Arrupe ! Dans l’espace potager, les jeunes jardiniers arrosent les petites graines d’épinard juste plantées d’un côté, tandis qu’une grande opération défrichage est en cours de
l’autre côté.

Un samedi par mois, l’équipe du parcours « Jardiner de la tête aux pieds » porté par la Maison Magis se retrouve pour mieux comprendre l’écologie en se confrontant concrètement au travail de la terre. C’est un lieu d’apprentissage, de connaissance de la nature, dans toutes ses pousses (plantées ou non), dans l’alternance des saisons, dans le soin subtil dont chaque élément a besoin pour donner du fruit. C’est ensuite un lieu de rencontres. Entretenir un potager est un travail long, qui demande d’être plusieurs et qui se déroule dans un calme propice à des échanges variés.

C’est enfin un lieu de ressourcement. Après une semaine chargée, chacun vient retrouver le temps de la terre, sa lenteur, et se mettre humblement à son écoute. Au fil des mois, on voit l’évolution du jardin, source d’émerveillement, et parfois de découragement face à l’ampleur du travail. Il faut du temps et de l’attention pour comprendre la nature, accepter une forme d’impuissance et la cultiver pour en tirer quelque chose pour les Hommes !

Marielle Fontanilles,
responsable du parcours « Jardiner de la tête aux pieds » à la Maison Magis

Mon potager, mon prétexte

potager Blomet

Les potagers, comme les prétextes, il y en a des bons et des mauvais. En l’occurrence, le potager de la communauté jésuite Saint-Pierre Favre, rue Blomet à Paris, est un mauvais potager. En effet, le sol ne profite que trop rarement du bonjour poli du soleil du 15e arrondissement, enfoui entre la maison et les immeubles voisins. En fait, sol est un bien grand mot – c’est dire ! – pour qualifier ce remblai plein de ferraille que nous et les lombrics essayons d’amender. Et, pour couronner le tout, lorsqu’envers et contre tout des fruits et des légumes sortent de terre, ils y parviennent durant le mois d’août, quand tous sont partis pour les apostolats d’été et que plus personne n’est là pour les récolter, sinon les vaillants restés à Paris après le cours de langue.

Mais en ce qui concerne les gâteaux que prépare John Bosco – un compagnon britannique en communauté rue Blomet – ceux-ci ne sont ni comme les potagers, ni comme les prétextes : il n’y en a que des bons ! C’est donc une grande joie de les partager avec les membres du JRS que nous accueillons de tous horizons toutes les deux semaines pour, ensemble, ramasser les feuilles, épandre du compost, éplucher des courges, les épépiner, les tailler en dés, en faire de la confiture, désassembler des palettes, refaire les bordures… Et toutes ces activités sont l’occasion d’échanger des souvenirs de sa terre natale, de parler dans des langues variées de la pluie et du beau temps et même parfois, avec discrétion, de Dieu.

Bref, à défaut d’être un bon potager, notre potager est au moins un bon prétexte.

Matthieu Bigné sj,
scolastique en études de philosophie et de théologie à Paris

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Dans l’esprit de l’encyclique Laudato si’, ces fiches cherchent à promouvoir une conversion dans nos modes de vie personnels et institutionnels. Elles offrent des pistes concrètes pour prendre soin de notre « Maison commune » dans les domaines variés de l’alimentation, des déplacements, de l’électricité, du recyclage, de l’eau, de la consommation durable, etc. L’une d’entre elles est, par exemple, consacrée au compost.
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