Quelques mots jésuites

Littéralement « Pour une plus grande gloire de Dieu ». Cette expression est souvent considérée comme la devise historique des jésuites, avec « En todo amar y servir ». Ad Majorem Dei Gloriam (ou AMDG), dit le but final que devrait être chaque acte de la vie d’un jésuite. Ses relations, ses paroles, son travail, et pourquoi pas ses loisirs, doivent avoir une fin : Une plus grande gloire de Dieu. Parfois, la traduction est « La plus grande gloire de Dieu », mais elle pourrait faire croire (à tort!) que seuls les jésuites seraient capable de servir Dieu pour sa plus grande gloire… un péché d’orgueil…

Avec AMDG, cette expression « Aimer et Servir » est la seconde devise des jésuites. Elle vient d’une expression espagnole « En todo amar y servir », (en tout aimer et servir). Elle exprime bien le lien intrinsèque entre une vie tournée vers l’Autre, Dieu et l’autre quel qu’il soit, une vie au service ; et la manière de vivre ce service, en aimant, c’est à dire en donnant et en se donnant, mais aussi en accueillant. Cette dynamique est toujours instable, mais elle nous aide à être au plus près de Jésus, toujours en mouvement, toujours priant, toujours tourné vers ceux que le chemin met sur sa route.

Dans notre jargon, il s’agit d’une mission confiée à un jésuite. Le terme apostolat fait référence au terme « apôtre » c’est à dire littéralement « celui qui est envoyé ». Les jésuites sont en effet des religieux apostoliques, c’est à dire envoyés en missions comme les premiers apôtres. L’autre grande famille de religieux est celle des religieux contemplatifs, qui ont une vie davantage centrée sur la prière et une vie plus stable en couvents ou monastères.

Un auxiliaire est un jésuite choisi par le Provincial pour l’aider sur une mission particulière. Dans la Province de l’Europe Occidentale Francophone, les auxiliaires ont pour mission de suivre particulièrement les pères et frères âgés, de les accompagner dans les changements produits par l’avancée en âge.

Le véritable nom de l’ordre des jésuites est « La Compagnie de Jésus ». Le terme « compagnon » désigne celui qui vit au plus près de son maître et Seigneur : Jésus. Il exprime bien notre désir de vivre en religieux apostoliques, comme les disciples l’ont fait auprès de Jésus, toujours en mouvement, sur les routes, auprès des exclus, dans les foules, toujours priants, partageant tout pour « une plus grande gloire de Dieu. »

Le compte de conscience est une spécificité de la vie jésuite. Il s’agit d’une rencontre annuelle individuelle entre le provincial et chaque jésuite. C’est un temps privilégié pour rendre compte de sa mission auprès du Provincial, lui exprimer ses joies, mais aussi ses difficultés. On lui partage aussi le contenu de sa vie spirituelle. C’est grâce à cette connaissance intime du jésuite, que le Provincial peut envoyer en mission le jésuite, le confirmer ou le changer si besoin.

Dans tout ordre religieux, à divers moments, l’ensemble du corps se retrouve, au moins via des représentants. C’est souvent un temps de discernement, de choix apostoliques pour le corps, de remise en question aussi. Chez les jésuites, ce rassemblement s’appelle une congrégation générale. Elle est convoquée chaque fois qu’il faut élire un nouveau Préposé Général. Celui-ci peut aussi en convoquer une définir de nouveaux enjeux du corps. Cela dit, étant donné qu’elle dure en général entre un et deux mois assemblant des compagnons jésuites des quatre coins du monde, c’est un processus très coûteux en temps et en hommes.

Au cœur de l’expérience d’Ignace de Loyola, il y a cette découverte progressive que plusieurs esprits (ou motions spirituelles) interagissent au cœur de notre quotidien. D’où la question de savoir qui écouter dans ce brouhaha et de choisir ce qui me rend davantage disciple du Christ, fils et fille de Dieu. Ce processus s’appelle le discernement et les Exercices Spirituels sont un chemin pour vivre cette démarche de discernement avec Dieu.

Les Exercices Spirituels sont le fruit de l’expérience de conversion d’Ignace de Loyola. En découvrant personnellement le mouvement des esprits, en apprenant à discerner, Ignace va peu à peu aider des femmes et des hommes sur son chemin de pèlerin. Au fur et à mesure, il va écrire ces feuillets qui deviendront « le livre des Exercices Spirituels », un trésor de l’Église comme aiment à le rappeler les différents responsables de l’Église. Les Exercices Spirituels se vivent au cours d’une retraite spirituelle dans un centre spirituel et surtout sont « donnés », c’est à dire, qu’une personne qui est déjà avancée dans le discernement et la connaissance de la vie spirituelle, va accompagner le retraitant en lui proposant des contemplations biblique et des méditations. Le but ultime des Exercices Spirituels est de poser un choix, en liberté avec tout ce qu’est le retraitant. Cela se vit en 30 jours pour confirmer de grandes décisions comme le choix de la vie religieuse, mais aussi sur des durées plus courtes. Par exemple 10 jours pour un choix de vie ; 5 jours pour apprendre à prier.

Un expériment est une sorte de stage vécu durant le noviciat et le troisième an. Par exemple l’expériment de pauvreté est une période de 5 semaines que le novice vit auprès des plus pauvres, souvent en hôpital. L’expériment de pèlerinage est l’expérience de 30 jours de marche à deux compagnons dans un style évangélique, logeant chez l’habitant et vivant de dons. Il y aussi l’expériment d’études ou le grand expériment où le novice va rejoindre une communauté durant 4 mois pour vivre un apostolat à temps plein, souvent auprès des plus pauvres.

La famille ignatienne regroupe laïcs et religieux qui vivent de la spiritualité ignatienne, c’est à dire celle que nous a laissé Ignace de Loyola. Les Exercices Spirituels ont une place particulière au cœur de la vie de chacun de ses membres. Une expression nous rassemble : « Amis dans le Seigneur. »

Une des caractéristiques de Jésus dans les évangiles est d’être constamment sur les frontières : Entre Israël et les territoires païens ; entre les juifs pratiquants et les « impies » ; entre les hommes et Dieu son Père. C’est à cette position, souvent inconfortable que les jésuites sont appelés à vivre leur mission, cherchant toujours à y être témoin du Christ, tout en cherchant de nouvelles frontières, comme celles du monde numérique, des migrants, de la bioéthique ou de la recherche par exemple.

IHS est souvent compris comme le sigle des jésuites. Il signifie « Jésus Sauveur des Hommes ». En fait, il est plus vieux que les jésuites et Ignace l’a récupéré pour orner son sceau : il dit en effet quelque chose d’important pour les jésuites mais aussi pour tous chrétiens : l’importance du Christ pour notre salut. Ignace va le personnaliser sur son sceau avec deux étoiles et une lune. Aujourd’hui il est souvent associé à 3 clous qui rappellent la passion que le Christ a endurée pour notre salut.

Le terme jésuite est un surnom, plutôt péjoratif, apparu dans les milieux de la réforme pour désigner les Compagnons de Jésus. Il est devenu assez rapidement le nom couramment utilisé même dans l’Église. La preuve en est le nom de notre site Web : jesuites.com !

Magis est un mot latin qui se traduit par « davantage ». Il apparaît dans de nombreuses lettres d’Ignace et dit bien la pédagogie choisie par les ignatiens : toujours faire un pas de plus, avancer selon ce que l’on est.

Un ministre chez les jésuites est simplement un intendant d’une communauté. Il est en charge d’assurer la vie commune, de veiller au bon fonctionnement de la maison, de faire en sorte que ce ses membres aient ce dont ils ont besoin pour vivre leur mission. Il distribue les ressources financières en fonction des besoins de chacun.

Après sa blessure à la bataille de Pampelune, Ignace de Loyola doit passer de longs mois de convalescence allongé sur son lit dans le château familial. Là en lisant tour à tour les vies de saints et en repensant à ce qui le mettait en joie dans sa vie et ses rêves de chevalier, il commence à ressentir divers mouvements spirituels, certains lui procurant paix et joie, mais sans rassasier sur le long terme et d’autres qui duraient beaucoup plus longtemps. Ce sont ces mouvements qui sont appelés dans le jargon ignatien les « motions de l’Esprit ». Elles témoignent du travail de l’Esprit au sein de ma vie.

Le noviciat est la première étape de toute vie religieuse. Il dure 2 années pour les jésuites et est un temps de rupture avec sa vie précédente et aussi de formation et d’expériments pour travailler son appel à suivre le Christ dans la Compagnie de Jésus. Ce temps est sous la responsabilité d’un maître des novices qui accompagne au quotidien les novices.

Le Père Général (appelé officiellement Préposé Général) a la charge de l’ordre mondial des jésuites. Il est élu à l’occasion d’une Congrégation Générale qui rassemble tous les provinciaux et leurs délégués. Le Père Général est élu à vie comme le pape. Le terme ‘Général’ vient d’Ignace lui-même qui a eu une formation militaire dans sa jeunesse.

La structure de base de la Compagnie de Jésus est la Province, un groupe de jésuites, qui n’est pas nécessairement lié à une unité géographique. La province de l’EOF regroupe ainsi les jésuites francophones européens, la Grèce et Maurice. La taille est variable mais rarement au dessus de 400 jésuites. Le Provincial est nommé par le Préposé Général et a la responsabilité d’envoyer en mission et suivre la vie des membres de la Province, notamment au travers du Compte de Conscience.

Les regardants sont tous les hommes qui se sentent appelés à entrer dans la Compagnie, sans avoir encore été admis au noviciat. Ils commencent par rencontrer les ‘délégués à la candidature’, des jésuites qui seront leur contacts pour mûrir leur projet vocationnel, avant d’être un jour présenté au Maître des novices, puis le cas échéant au Provincial qui pourra les admettre au noviciat. Comme l’indique leur appellation, ils regardent, s’approchent, à l’image des premiers disciples de Jésus : « Venez et voyez. »

Souvent la formation jésuite est considérée comme très longue. Elle dure en effet en moyenne 15 ans, mais ce sont quinze années alternant études, et vie apostolique. La régence correspond à deux années de césure (parfois une) au milieu de ses études, pour vivre une première mission. Cette mission est décidée par le Provincial, à l’issu d’un conseil de régence réunissant le scolastique, le jésuite délégué à la formation et deux autres compagnons jésuites. Cela peut être une mission d’aumônier, de communication, de formation, d’accompagnement dans un centre spirituel, d’enseignement, de travail auprès des migrants etc.

Ce terme est issu de l’univers universitaire parisien qu’a connu Ignace. C’est le dérivé d’un terme latin, qui signifie « étudiant ». Après le noviciat, après avoir prononcé ses premiers vœux, le jésuite est appelé scolastique jusqu’à ses derniers vœux.

Littéralement « aide », le socius est l’assistant au quotidien du Père Provincial. C’est un rôle très important. Il facilite, rappelle, signale, etc. mais sans prendre de décision. Elles seront prises par le Père Provincial.

A la fin de la formation jésuite, une période allant de 6 mois à un an est prévue avant d’être appelé à prononcer ses derniers vœux et devenir à part entière un jésuite. Elle est appelée par Ignace ‘année du cœur’. Il s’agit d’un temps à l’écart de toute mission apostolique, pour relire ses premières années, vivre à nouveau les Exercices Spirituels durant 30 jours, et vivre comme au noviciat, un expériment pour faire découvrir une dimension apostolique non encore expérimentée.