« Père Frans van der Lugt les murmures de l’Esprit » : voici le titre du livre qui nous permet de nous rapprocher davantage de la personnalité du Père Frans der Lugt et de ressentir sa sensibilité et ses pensées qui articulent toujours spiritualité, psychologie et réalité. Père Frans der Lugt

Le livre est composé de deux parties, traduites de l’arabe. La première présente l’expérience spirituelle et humaine du Père Frans, la seconde expose des commentaires bibliques faits par le Père.

L’expérience spirituelle que le Père Frans raconte dans ce livre a bouleversé sa vie et a fondé une base de sa vie spirituelle. Tout en sachant qu’il avait huit ou neuf ans, il a eu une découverte de l’amour pur et sans intérêt de Dieu le Père en Christ dans la profondeur de son être. Sans doute, cette expérience s’est-elle développée avec le temps, de même que par le croisement de plusieurs décisions, engagements et évènements tout au long de sa vie.

Extrait de la préface par le P. Zygmunt Kwiatkowski s.j

Lettre à Michel Francis

[…] Je ne m’attendais pas à une lettre de ta part, encore moins à une telle proposition, à savoir la rédaction de la préface de ton livre Père Frans van der Lugt les murmures de l’Esprit. Ce fut pour moi une belle surprise car, à travers cette œuvre, j’ai ressenti la présence de Frans parmi-nous. En effet, tu nous as offert l’opportunité de le rencontrer en personne sept ans après sa mort, puisque j’ai l’impression que c’est Frans lui-même qui parle de vive voix.  Je sais ce que je dis, je l’ai entendu parler en lisant ce livre, c’est ainsi que son image m’est tout suit revenue. Je me suis donc souvenu de lui quand il était à Homs, à Slonfet et à Touffaha assis par terre et parlant soigneusement. Il maîtrisait certes la langue arabe (pas comme moi) mais, du fait qu’il était étranger, il prenait soin de sa prononciation, car il savait qu’il avait un accent particulier. C’est la raison pour laquelle les personnes qui le rencontraient rarement, trouvaient une certaine difficulté à comprendre ce qu’il disait, il fallait pouvoir suivre la logique de son discours, qui était très méthodique et qui nous permettait d’explorer le sens profond de textes bibliques à travers ses homélies. Il était toujours capable de les relier magistralement à une vie concrète que nous avons expérimentée. Il avait une sagesse extraite de l’Évangile, qui s’applique aussi à la théologie, à la psychologie et à la culture générale. Cette sagesse dont l’homme a besoin pour vivre et le cœur de cette sagesse était toujours l’amour et Jésus.

Michel, dans cette lettre, je voudrais adresser quelques phrases directement à Frans. Tu pourrais trouver cela étrange, tu as raison, mais Frans a toujours aimé plaisanter.

– Son dernier clin d’œil ‘a provoqué un grand sourire lorsque tu m’as demandé d’écrire la préface et je vais t’expliquer pourquoi. Au début, je suis sûr que Frans nous a donné cette surprise car j’ai personnellement pensé à écrire un livre sur lui et j’ai commencé à collecter des informations et j’ai annoncé à mes amis mon intention et les jours passaient et je n’ai rien fait. Frans vient à mon secours en te poussant à jouer ce rôle et en t’inspirant de demander à son camarade polonais, qui aime tant la Syrie comme lui, d’écrire cette préface. N’est-ce pas magnifique?! Frans, tu aimais toujours plaisanter et aider les autres, merci à toi. Je t’entends à nouveau, c’est une raison d’être heureux et je vois que cette possibilité est donnée à tout le monde de t’entendre à nouveau.

– J’apprécie beaucoup ta personnalité, tu aimais plaisanter et en même temps tu te plongeais dans les profondeurs des choses. C’est pourquoi tu gardes encore une présence active chez les gens. Les personnes qui t’ont rencontré ont appris de toi comment regarder la vie et les autres, à avoir un regard plein de gentillesse, de compréhension. Dieu est Amour et Miséricorde, Il a créé l’homme à partir de son amour pour que l’homme vive par et pour cet amour. L’amour est le seul moyen qui remplit les exigences de l’homme dans cette vie.

Je peux témoigner que Dieu t’a donné des moyens par lesquels tu as toujours inspiré les gens à travers  des recherches, des questions, des discussions, des promenades, etc. Et tu voulais vivre la vraie écoute, et tu la demandais sérieusement car pour toi, écouter avec bonté les autres, c’est le cœur de l’amour ; par l’écoute nous comprenons les autres et apprenons à continuer ensemble notre chemin dans la vie.

– Je conclus et assure que tout le monde est d’accord avec moi, pour dire qu’Al-Massir (La marche) a eu un rôle et une influence à grande échelle. Nombreux sont ceux qui y ont participé et ont appris à travers elle à sortir de la routine de la vie quotidienne pour s’étonner de la beauté de la nature, à se faire confiance et à découvrir le bien en chaque personne. Et quand l’homme fait des erreurs, il y a le pardon, se pardonner et pardonner aux autres c’est le moteur de la nouvelle vie. Dieu est amour et miséricorde, et alors, l’amour et le pardon sont deux moyens pour continuer notre chemin dans la vie

Enfin, tu as répété souvent ce mot Ila al-amam (En avant), et il est facile de le répéter, mais il faut d’abord comprendre le sens de ce mot pour prendre les bons chemins sans se perdre dans la vie.

Frans, je te renouvelle mes remerciements, mon admiration, et je suis fier et heureux que nous marchions toujours ensemble.

 Abouna (Père) Zygmunt

 Le Père Frans parle de son expérience à Deir Mar Moussa :

 « Je voudrais parler de mon expérience spirituelle et personnelle, puis des retraites telles que nous les pratiquons, de mon expérience dans ces retraites, et puis je voudrais que nous discutions tous ensemble.

Cependant, ma propre expérience est indissociable des retraites que j’organise, que je guide, et elle est très importante en elles.

Quand cette expérience a-t-elle commencé ? Je ne me souviens pas exactement, mais je pense que j’avais entre huit et neuf ans. Il est arrivé qu’un après-midi, je restai dans l’église qui était près de notre maison, je ne sais pas pourquoi, car ce n’était pas dans mes habitudes. Mais, je restai quand même dans l’église, il y avait un grand silence; puis je fis seul le rite du Chemin de croix, c’est-à-dire, j’ai vécu les étapes de ce rituel, étape par étape devant les icônes présentes. J’ai effectué ce rituel avant de devenir jésuite et avant de me familiariser avec la méthode ignatienne. Il nous est demandé en tant que jésuite d’utiliser les sens, c’est-à-dire de regarder les personnages, d’écouter ce qu’ils disent, de regarder leurs vêtements et leurs mouvements. Une manière d’entrer en contact avec ces personnages pour que nous puissions les ressentir ; en méditation le ressenti de l’autre est très important.

J’ai réalisé chaque étape, et je me souviens encore parfaitement comment j’ai imaginé tous les personnages et comment je suis entré en contact avec chacun d’eux.

Je pense qu’il n’y a pas d’âge lorsque le niveau spirituel est assez profond ! Il m’est possible, en tant qu’enfant, d’expérimenter ce que les adultes expérimentent, car le petit devient par son expérience spirituelle un grand, et le grand redevient par son expérience spirituelle un enfant. L’expérience de mon enfance m’a appris qu’il y a quelque chose de profond sur le plan spirituel et que celui-ci n’a pas d’âge, je peux l’expérimenter maintenant comme je l’ai expérimenté quand j’avais huit ans.

Petit à petit, je suis arrivé à la croix et au personnage du Christ. Je sentais de plus en plus qu’il y avait de l’amour pur. J’ai senti que cet amour pur venait de Dieu. C’est un amour sans intérêt, un amour souffrant. J’ai senti que le Christ n’était pas en colère contre les gens qui l’ont crucifié, mais il était triste pour eux, pour leur ignorance, pour leurs complicités, pour leurs problèmes. J’ai compris dès que j’étais un garçon, que derrière le mal de ces gens se cache une douleur qui les pousse à commettre le mal. J’ai aussi compris que le Christ ne se soucie pas beaucoup de sa douleur, ni du mal de l’autre, mais plutôt de la douleur qui est derrière ce mal. Dans son silence il y a de l’affection pour leur douleur, il n’y a pas de colère contre leur mal, et il leur prouve avec cette tendresse que son amour pour eux est un amour en Dieu!

Alors, je suis arrivé à la croix, et quand j’ai médité sur le Christ en croix et écouté ses paroles, à cet âge-là, je connaissais la phrase : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Une expérience profonde a eu lieu, j’étais complètement devant l’amour de Dieu. C’est un sentiment qui vous envahit, et ce n’est pas vous qui le provoquez pour le ressentir. Il est l’effet d’une véritable communication avec le cœur de Dieu. (…) »

Michel Francis, Père Frans van der Lugt les murmures de l’Esprit.

> Commander l’ouvrage

En savoir plus sur les jésuites en Syrie et au Proche-Orient

Découvrir d’autres nouveautés littéraires