L’abbé Pierre et les jésuites

Le film « L’abbé Pierre : Une vie de combats » sorti au cinéma le 8 novembre 2023 est l’occasion de revenir sur le parcours de ce prêtre résistant, député, défenseur des sans-abris. Mais aussi de (re)découvrir ses nombreux liens avec les jésuites à Lyon. Le service des archives de notre Province a en effet retrouvé de nombreux et précieux documents témoignant de l’intimité familiale d’Henri Grouès, futur abbé Pierre, de sa jeunesse et de sa vocation religieuse.

Un étudiant chez les jésuites

Henri Grouès naît le 5 août 1912 à Lyon dans une famille catholique aisée. Il est le cinquième d’une fratrie de huit enfants. Son père, directeur des Fonderies du Rhône, est un homme engagé dans de nombreuses associations, en particulier aux Hospitaliers-Veilleurs, une œuvre caritative lyonnaise. Henri effectue sa scolarité dans un établissement jésuite, l’externat Saint-Joseph de Lyon, de 1921 à 1930 comme en témoignent son bulletin scolaire et les registres de proclamation ci-dessous.

Henri Grouès était aussi voisin des jésuites rue Sala sur la presqu’île dans le 2ᵉ arrondissement de Lyon. En effet, il habitait avec sa famille au 26 rue Sala et la communauté jésuite résidait au numéro 20, comme c’est encore le cas aujourd’hui.

Extrait des registres des « proclamations » (les mentions Très Bien, Bien, Passable) en 1925

Deuxième extrait des registres des « proclamations » de 1927 à 1928

Extrait d’un bulletin de notes en classe de quatrième

Un capucin ordonné prêtre avec les jésuites

En 1927, il participe à un voyage à Rome et à Assise. Il est très marqué par la vie de saint François d’Assise qui oriente sa vocation par le dépouillement qu’il incarne. En 1931, à 19 ans, il entre chez les capucins et prend le nom de « Frère Philippe ».

Après 7 ans de vie contemplative et cloitrée, Henri Grouès est ordonné prêtre capucin avec 24 jésuites, le 24 août 1938. L’ordination a lieu dans la chapelle de son ancienne école, l’externat Saint-Joseph (l’actuelle chapelle du Centre scolaire Saint-Marc). Une lettre du P. Henri Chabert sj, datant de décembre 1997, explique les circonstances de cette ordination :

« Il faisait partie de la promotion des nouveaux ordinands avec les jésuites parce que son père, malade, habitait toujours dans la maison familiale au 26 rue Sala, au moment de son ordination, et il n’a eu ainsi que quelques pas à faire pour se rendre à l’ordination de son fils. En fait, Monsieur Antoine Grouès est mort un mois avant l’ordination mais nous n’avons rien changé aux dispositions qui avaient été prises. »

On reconnaît le Frère Philippe parmi les jésuites nouvellement ordonnés, au dernier rang, à la troisième place en partant de la gauche.

Une première messe célébrée chez les jésuites

Enfin, le lendemain de son ordination, le jeune prêtre a célébré sa première messe en l’église des Clarisses, l’actuelle chapelle de la communauté jésuite à Lyon, rue Sala. Ce bulletin mensuel datant de 1938 témoigne de son ordination :