A l’occasion de ses derniers vœux le samedi 4 décembre en l’église Saint-Joseph des Pères jésuites à Beyrouth, le P. Gabriel Khairallah sj revient sur son parcours et sa vocation jésuite. Au service de son pays « qui part à la dérive et qui sombre », il cherche dans ses missions actuelles à transmettre des signes d’espérance aux Libanais pour rester debout et aller de l’avant au milieu du chaos.

Gabriel Khairallah Comme beaucoup de personnes de ma génération, je suis un enfant de la guerre libanaise, guerre qui a dévoré notre enfance et notre jeunesse. Mais il y avait le collège Notre-Dame de Jamhour au sein duquel les jésuites tentaient tant bien que mal d’éduquer toute une génération au sens de la justice, de ses responsabilités envers son pays et surtout au sens critique pour ne pas sombrer dans les affres de la guerre. C’est dans ce collège et parmi ces jésuites qu’est né mon désir de suivre le Christ dans la Compagnie de Jésus. J’ai été très touché par l’ouverture d’esprit des jésuites, par leur humanisme, et par leur sens aigu du service. De plus, l’amour de ces prêtres, français pour la majorité (mais également hollandais, américains et autres nationalité), pour le Liban, pays auquel ils sont restés fidèles et attachés durant les années les plus dures de la guerre ne pouvait me laisser indifférent.

Actuellement je suis enseignant en lettre à l’Université Saint Joseph de Beyrouth (USJ) et je dirige le Cercle de la Jeunesse Catholique, le CJC, qui est devenu le bureau « social » des jésuites au Liban, notamment avec un dispensaire gratuit et une distribution quotidienne de plats cuisinés et de cartons alimentaires pour les plus démunis.

Je travaille, tout comme mes compagnons jésuites, dans un pays qui part à la dérive et qui sombre, de jour en jour dans la misère. Nous résistons chaque jour pour ne pas nous laisser envahir par le découragement et le désespoir. Nous tentons de répondre de façon pratique aux multiples besoins matériels de nos frères et sœurs mais nous œuvrons aussi pour être à l’écoute de leurs besoins humains et spirituels afin de leur transmettre des signes d’espérance pour rester debout et aller de l’avant au milieu du chaos.

Ainsi chaque jour représente un effort acharné mais aussi une grâce pour vivre au Liban cette phrase de saint Ignace de Loyola : en toute chose aimer et servir.

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