Agnès Desmazières est Maître de conférences et adjointe au directeur du premier cycle au Centre Sèvres. Elle témoigne de son parcours et de sa joie à enseigner la théologie et l’histoire de l’Église.

Agnès Desmazières Si j’avais côtoyé un temps les jésuites à l’église Saint-Ignace à Paris, autour de La messe qui prend son temps, j’ai véritablement découvert saint Ignace de Loyola à la lecture du Récit du pèlerin et du Journal spirituel. C’était à Rome, dans la tourmente des Vatican leaks. Ces écrits m’ont profondément réconfortée.

Enseigner et témoigner

L’élection du pape François, quelques mois plus tard, a été l’occasion d’une mise en mouvement : décision de reprendre une formation en théologie, débutée quinze ans plus tôt pendant mes études d’histoire. Je suis arrivée au Centre Sèvres pour le doctorat de théologie dans le souci d’unifier mon parcours, entre histoire de l’Église et théologie. J’y ai en particulier approfondi la pensée du dialogue du pape François en remontant à ses sources, ses écrits de jeunesse. L’histoire n’était pas loin… Cela m’a permis de percevoir la profonde unité de la pensée du pape.

La joie d’enseigner

centre sèvres Enseignant maintenant la théologie et l’histoire de l’Église au Centre Sèvres, je suis heureuse de pouvoir communiquer ce que j’ai reçu, ce que j’ai mûri dans le silence des études. Je rends grâce pour les étudiants qui me sont donnés et qui sont l’avenir de notre Église. C’est un motif de joie et aussi une grande responsabilité, vouée à être vécue dans l’humilité et avec un souci de conversion pour accompagner ces jeunes dans une Église en changement. L’histoire aide à porter un regard serein sur l’avenir : comme dit le pape François, il y a une « opportunité » dans toute crise.

Témoigner de notre unité dans la diversité

Notre Église a aujourd’hui tout spécialement besoin de dialogue et de cohérence entre parole et acte. Tout cela anime autant mon enseignement que ma recherche. Une thèse d’histoire sur la réception catholique de la psychanalyse m’a conduite assez naturellement à m’interroger sur les racines historiques de la crise des abus sexuels. En théologie, j’en envisage davantage les aspects systémiques : comment penser une Église plus synodale, c’est-à-dire plus dialogale, qui laisse davantage de place aux laïcs ? Comment faire également prendre conscience que l’Église est, selon les mots du P. Jean-Noël Aletti sj, réfléchissant à partir de saint Paul, un « lieu privilégié de l’éthique », un lieu où nous sommes aussi appelés à agir moralement, selon les principes de l’Évangile ? Il y a là un défi pour l’Église d’aujourd’hui : témoigner de notre unité dans la diversité de nos sensibilités, de nos vocations. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ».

Agnès Desmazières
Enseignante au Centre Sèvres

Agnès Desmazières est l’auteure de Le dialogue pour surmonter la crise : le pari réformateur du pape François et de L’heure des laïcs : Proximité et coresponsabilité (Salvator).

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (automne 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit.

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