Le grand prix de la 10ème édition du Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient a été décerné à Khalil Karam et Charbel Matta pour leur ouvrage La Mission Jésuite de Ghazir 1843-1965, Le retour de la Compagnie de Jésus au Liban. Cette récompense est l’occasion de redécouvrir ce « livre-hommage » aux jésuites qui ont vécu leur mission au Liban, alors qu’a lieu le 1er juillet 2021 au Vatican la journée de prière et de réflexion pour le pays du Cèdre qui subit actuellement une grave crise économique, humanitaire et politique.

ghazir liban « La Compagnie de Jésus, dans ses différentes œuvres s’est employée à développer une fraternelle coopération apostolique pour conquérir, réformer et former la société avec ses diverses composantes » . Ces propos du P. Joseph Delore sj définissent le sens profond d’une « mission jésuite ». Le grand prix du Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient raconte ainsi les 122 années que les jésuites ont passé à Ghazir au Liban à travers des écrits, des photographies et des témoignages.

« Khalil Karam et Charbel Matta ouvrent le goût d’aller plus loin dans la connaissance amoureuse du Liban » : éclairage du P. Claude Charvet sj

Ce livre n’a nullement la prétention de se présenter comme un ouvrage historique. Il complète le Mémorial des Jésuites paru en 2011. C’est un « livre-hommage » aux jésuites qui ont vécu leur mission au Liban. C’est d’autant plus touchant que les deux auteurs, Khalil Karam et Charbel Matta, sont natifs de ce village qui domine la baie de Jounieh à 500 mètres d’altitude et dont la beauté est à couper le souffle. Dès lors, avec un sens relationnel dans la meilleure tradition levantine, nous nous laissons conduire en tournant ces pages avec eux. De fait, nous allons de surprise en surprise : pas moins de trois préfaces ouvrent l’ouvrage dont celles du P. Arturo Sosa sj, du P. Salim Daccache sj, actuel Recteur de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, et du P. Peter Hans Kolvenbach sj qui fut envoyé à Ghazir en 1958 comme jeune jésuite. Fin connaisseur, ce dernier sait reconnaître que « la mission des jésuites à Ghazir est sans doute la plus importante des missions d’Orient. Installée dès 1843 à Ghazir, elle a répondu à la mission qui lui a été confiée par le pape Pie VII et par le Père Roothaan, Supérieur général, à savoir, la création et l’organisation d’un séminaire oriental destiné à la formation du clergé pour toutes les Eglises orientales. Faut-il rappeler qu’avant d’être transférée et agrandie à Beyrouth, l’Université Saint-Joseph avait ses racines à Ghazir ? »

Un des grands intérêts de ce livre est la diversité des documents : on trouve, à la fois, des éléments nécessaires à la compréhension de la vie de saint Ignace de Loyola et des débuts de la Compagnie de Jésus, mais, aussi, les premières missions des jésuites au Proche-Orient dès 1625 à Alep, Saïda (1644) Tripoli (1646), Antoura (1656)… > Lire la suite de l’éclairage du P. Claude Charvet sj

« À Ghazir, la rencontre fertile entre chrétiens d’Orient et d’Occident » : article du journal La Croix du 01/07/2021

séminaire jésuites Ghazir © Archives de la Compagnie de Jésus Lorsque les jésuites arrivent en 1843 à Ghazir, modeste bourgade sur les hauteurs du Mont-Liban, la vie y est rude. « C’est une société primitive plongée dans l’ignorance », n’hésitent pas à écrire Khalil Karam et Charbel Matta, qui y sont tous deux nés. Soumis au pouvoir féodal de grands seigneurs qui récoltent l’impôt pour le souverain ottoman, les paysans mènent une vie difficile, « luttant contre la nature pour lui arracher des cultures variées » : oliviers, mûriers destinés à l’élevage de vers à soie, vigne, etc.
Les familles se partagent une même pièce, « quant à l’éducation, elle est réservée uniquement aux enfants de familles aisées ». Les enfants de paysans, eux, doivent se contenter d’un apprentissage de la lecture « par les textes saints et le catéchisme, dispensé souvent par le curé du village sous le grand chêne planté à côté de l’église ».
Les missionnaires achètent une modeste maison qu’ils transforment d’abord en résidence « grâce aux aumônes venues d’Europe », puis très rapidement en un vaste séminaire « pour tous les rites », et qu’ils assortiront même d’un collège pour ceux de leurs élèves qui ne se destinent pas au sacerdoce. > Lire la suite de l’article [réservé aux abonnés]

Recension de l’ouvrage La mission Jésuite de Ghazir (1843-1965) par Christian Lochon

Cet album, dont l’illustration photographique est exceptionnelle, est l’œuvre du Pr. Khalil Karam, qui fut Vice-Recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et récemment ambassadeur du Liban à l’UNESCO et du Pr. Antoun Matta, professeur à l’Université Michel Montaigne-Bordeaux III, tous deux nés à Ghazir. > Lire la recension

Christian Lochon, de formation littéraire française et arabisant, a été l’ancien membre du Conseil d’administration de l’Œuvre d’Orient (1994-2014) et le secrétaire général du Conseil d’administration du Foyer Franco-Libanais de Paris. 

Où trouver l’ouvrage ?

Khalil Karam, Charbel Matta, La Mission Jésuite de Ghazir 1843-1965 : Le retour de la Compagnie de Jésus au Liban, Presse de l’Université Saint-Joseph, octobre 2019, 152 p.

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