L’Assemblée annuelle de Province s’est tenue du 27 au 30 décembre 2022. Elle a porté sur la collaboration entre jésuites et laïcs. Cédric Lecordier sj, 33 ans, partage son expérience de collaboration et ce qu’il retient de ces trois jours.

Parle-nous de ton expérience de collaboration. Que t’apporte la collaboration avec des personnes laïques ?

J’ai l’occasion et la joie de rencontre des laïcs dans plusieurs contextes. D’une part, dans le cadre de mes études de théologie au Centre Sèvres, où des laïcs font leurs études au même endroit. D’autre part, à l’établissement Saint-Louis de Gonzague (Franklin), où je passe chaque semaine une demi-journée à former des élèves de 1e à la catéchèse, pour qu’ils donnent à leur tour des cours de catéchèse aux élèves de 5e.

Pour moi, il est essentiel de collaborer avec des laïcs, tout simplement parce que cela nous rattache à la réalité de la vie. Les jésuites ne font pas uniquement de l’accompagnement spirituel. Travailler avec d’autres, et notamment avec des personnes qui ont un autre regard sur le monde, cela me place dans un angle plus professionnel. Cela m’incarne et m’aide à garder les pieds sur terre, dans la réalité de la vie. Quand je travaille, je n’entre pas dans un costume. C’est la vocation de baptisé qui prime. Tout cela contribue à ma relation au Christ.

Les collaborateurs sont des amis qui nous aident à définir ce que nous sommes. Dans la collaboration, j’apprécie aussi la franchise et l’exigence. J’interroge moins mon rapport à l’efficacité (dans le « faire ») mais j’essaie d’être davantage dans l’ « être avec ». Être présent, être disponible, en situation d’ouverture.

Pour toi, qu’est-ce que « être missionnaire » aujourd’hui ?

Lors de l’assemblée de Province, Cédric joue de la guitare pendant la messe.

Être missionnaire, pour moi, c’est voir que le Christ m’a précédé dans des lieux, qu’il est passé dans la vie de personnes que je rencontre. Je ne me sens pas « envoyé en mission » en tant que tel, mais envoyé à rencontrer des personnes.

Être missionnaire, c’est aussi parler vrai, être authentique, et avoir une parole qui se préoccupe de la suite du Christ et n’a pas peur de blesser l’institution.

L’Assemblée de Province s’est terminée. Qu’en retiens-tu ?

Je retiens une bonne nouvelle. Oui, le nombre de jésuites diminue, mais c’est une occasion de retrouver l’élan du début de la Compagnie et de collaborer activement avec d’autres personnes. Cela nous ouvre aux compétences des autres, qui savent faire des choses que l’on ignore.

Cela interroge aussi ma place et mon rôle en tant que jésuite : que suis-je appelé à faire ? Et cela me pousse à me tourner vers d’autres qui feraient telle ou telle tâche mieux que moi. Laïc, jésuite ou autre, notre statut est différent (corps apostolique ou religieux), mais il n’y a pas de hiérarchie ; parfois, on a le même rôle, la même fonction.

Cédric Lecordier sj (Communauté Pedro Arrupe à Vanves)