Les étudiants de l’université de Namur le connaissent probablement, puisque le P. Benoît Willemaers sj, 40 ans, y est aumônier au Centre religieux universitaire (CRU). Le journal Dimanche revient sur l’engagement de l’un des plus jeunes compagnons belges de saint Ignace.

benoit willemaers Les années d’enfance de Benoît Willemaers ont le parcours classique des familles nombreuses. Aîné de deux sœurs et d’un frère, il grandit dans une famille croyante, avec des parents investis dans la vie paroissiale. Inscrit au collège jésuite Saint-François-Xavier à Verviers, Benoît y rencontre un professeur de religion impliqué, Philippe Massart. A son contact, l’adolescent apprend « une façon d’allier la théorie à la vie réelle du don ». Au terme de sa scolarité, il effectue une année d’échange aux USA, dans le Colorado. La vie paroissiale universitaire va le toucher par sa simplicité. « C’était une paroisse vivante. » A la suite d’un cursus en sciences politiques, Benoît a la chance d’entrer au Collège d’Europe, dans le campus polonais. Dans ce brassage de nationalités, il est porté par les discussions entre étudiants. « La nécessité d’apporter une réponse aux questions posées impliquait un retour sur soi ». S’ensuit un questionnement personnel sur sa place dans la marche du monde. Sur les conseils d’un jésuite, Benoît prend le temps d’une année sabbatique à La Viale Europe, à Bruxelles. Cette année sera déterminante dans la suite de son engagement, puisqu’il réalise sa proximité avec les jésuites en charge de l’animation du lieu. Il choisit d’entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Lyon. Parmi de nombreuses expériences, Benoît vit 30 jours de retraite en silence, une manière de « questionner » sa relation au Christ. Accompagné d’un autre novice, il part également en pèlerinage durant un mois. S’y opère « la découverte de la bonté de Dieu à travers des visages concrets ». Au cours d’un travail auprès d’ATD-Quart Monde, surnommé le petit curé, il prend soudain conscience de « l’aspect de sacerdoce » projeté par les autres. « Suis-je celui qui répond à ces attentes? », se demande-t-il.

Des religieux aux fortes personnalités

La particularité des deux années de noviciat dans la Compagnie est de multiplier les expériences inédites. Il s’agit d’un temps « assis sur l’expérience », à l’inverse d’un repli méditatif ou monacal. « La Compagnie de Jésus ne tente pas de faire passer les gens par des moules. Les études de philosophie et de théologie sont organisées pour répondre aux questions des uns et des autres. Le contact avec Dieu est cherché à travers les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola et une façon de méditer qui mobilise toute la personne. Il s’agit de se rendre attentif aux sentiments qui naissent en nous. » Parmi ses différentes rencontres, le travail réalisé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS-Belgium) l’a particulièrement marqué. « Là, on touche quelque chose du mystère de la croix. Une des spécificités du JRS tient à ce que l’efficacité de notreaction soit seconde par rapport à la fidélité aux gens rencontrés . » Depuis quelques années déjà, Benoît Willemaers est engagé dans la pastorale des jeunes. Pour lui, « la vie de foi n’appartient pas aux religieux, mais elle se vit à travers tous les états de vie ».

La course du monde

A la question de savoir pourquoi si peu de jeunes s’engagent dans la Compagnie de Jésus, Benoît épingle une diminution des possibilités de rencontre et le fait que « la question de la vocation se pose en termes différents. Il y a désormais beaucoup de lieux où la volonté d’aider peut se vivre. Une dissociation s’opère entre l’aspect de la foi et celui du don. Il y avait une prégnance de la vie religieuse par le passé qui n’est plus évidente aujourd’hui. En outre, le choix radical de la vie religieuse, qui ne souffre pas de remise en question, peut inquiéter. » Quoi qu’il en soit, le jésuite se plaît à souligner la générosité des jeunes, malgré une certaine incapacité à l’exprimer. « Quel que soit le degré de confession affichée ou professée, il y a une même difficulté à mettre des mots sur la croyance personnelle ou le rapport à Dieu. » Loin d’être sourds aux rumeurs du monde, les jésuites tentent de les décrypter.

Propos recueillis par Angélique Tasiaux, pour le journal Dimanche du 16 au 20 mai 2021

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> sur l’Université de Namur et la communauté jésuite Notre-Dame de la Paix
> sur lengagement des jésuites au service d’aumônerie dans l’enseignement supérieur

Cet article est paru dans le Dimanche du 16 au 20 mai 2021, journal que nous remercions pour son aimable autorisation.

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