Avec ses quatre chapitres, le livre de Ruth est l’un des plus courts de la Bible. C’est aussi l’un des plus aimés et commentés. Il raconte l’histoire de la façon dont un étranger est devenu l’arrière-grand-mère du roi David. L’histoire a très probablement été écrite en réaction à la politique de nettoyage ethnique d’Ezra et de Néhémie, qui, à leur retour d’exil, ont exigé que les Juifs renvoient leurs épouses étrangères. Après 2 500 ans, ce livre est donc très pertinent.

roland meynet ruth La composition de cette écriture n’est pas spéculaire (ABB’A’), comme le prétendent la plupart des commentateurs. Il est concentrique, comme tant d’autres textes bibliques et sémitiques. Le point focal de la construction est le moment où Naomi, la belle-mère de Ruth, apprend que l’homme qui a si gentiment accueilli Ruth pour glaner dans son champ s’appelle Boaz : c’est un proche parent, un de ceux qui ont la droit et le devoir de les « racheter ». L’histoire passe alors à une solution qui mettra fin au veuvage de Ruth et conduira à la naissance d’un fils, Obed, le grand-père de David.

La même attitude est commune à chacun des quatre personnages majeurs de cette histoire : la discrétion, le retrait qui attend que l’autre exprime son désir pour répondre et s’engager. Respect des autres, de leur liberté et de leur dignité. Telle est la conduite de Naomi, de Ruth sa belle-fille, de Boaz aussi, qui finit par épouser Ruth, acceptant son désir de donner un fils et héritier à son défunt mari. Telle est aussi la conduite du Dieu d’Israël, qui ne s’impose pas, laissant toute sa place aux hommes, tout en restant prêt à intervenir quand il le faut et quand ils en ont exprimé le désir.

P Roland Meynet sj, Ruth, Rhetorica Biblica et Semitica, 36, Peeters Publishers, Leuven, 2022, 175 p.

> Commander le livre

Découvrir d’autres nouveautés littéraires