En cette année anniversaire pour la Compagnie de Jésus, les jésuites de Namur célèbrent également un événement majeur : la pose, voici 400 ans, de la première pierre de l’église baroque Saint-Ignace, aujourd’hui dédiée à Saint-Loup. Exposition, concerts, conférences, ateliers composent le programme des festivités, tandis que paraît un bel ouvrage illustré.

L’ancienne église des jésuites à Namur est un des plus importants joyaux baroques des anciens Pays-Bas méridionaux. Sa première pierre est posée le 8 août 1621… soit quelques mois avant la canonisation de saint Ignace de Loyola, son titulaire, le 12 mars 1622 ! Un frère jésuite, Pierre Huyssens (1577-1637) en est l’architecte. Consacré en 1645, l’édifice est aujourd’hui connu sous le vocable de Saint-Loup, à la suite de son affectation paroissiale en 1777. C’est en ce lieu que fut célébrée, le 30 juillet 2017, la fondation de la Province d’Europe occidentale francophone.

L’édifice occupe, avec le collège voisin, un important îlot au centre-ville de Namur. Le collège, autrefois jésuite et devenu athénée royal en 1850, dessine un vaste quadrilatère à deux cours, construit à partir de 1610 pour accueillir les classes des humanités et la maison des pères et frères jésuites. Cet ensemble témoigne toujours, au cœur de la ville, de la présence jésuite à Namur depuis le début du 17e siècle.

Joyau baroque

L’église, avec sa façade baroque, étonne par la somptuosité de l’intérieur, où se déploient de riches matériaux aux couleurs contrastées : les marbres noirs et rouges de Wallonie ont été employés pour les colonnes, arcades et entablement, tandis que la voûte en berceau à lunettes, novatrice pour l’époque, est entièrement sculptée dans le tuffeau de Maastricht. Un ensemble mobilier baroque, de grande qualité, répond aux préceptes de la Contre-Réforme : confessionnaux et banc de communion, autels en marbre et en bois, tableaux du peintre jésuite Jacques Nicolaï, dont des reproductions ont repris place au-dessus des confessionnaux.

Une publication

Trente ans après la sortie d’un premier ouvrage sur les jésuites à Namur, édité pour le 500e anniversaire de la naissance d’Ignace de Loyola, une nouvelle publication scientifique paraît cet automne : elle est éditée par la Société archéologique de Namur, avec l’aide de la Province d’Europe occidentale francophone. En quelque 600 pages, celle-ci propose un état des connaissances historiques, constructives, artistiques, sociales et mentales sur cet ensemble remarquable que constituent l’église des jésuites et l’ancien collège, tout en les resituant dans un contexte territorial plus large.

Dix-sept auteurs ont apporté leur contribution selon leur expertise : histoire générale, histoire de la Compagnie de Jésus, architecture, géologie, sculpture, peinture, décors peints et sculptés, arts du spectacle, musique, reliques, textiles et objets de culte. Les recherches inédites des auteurs constituent l’apport majeur de cette publication qui propose un éclairage sur les hommes de talent, tous issus de la Compagnie de Jésus, qui ont participé à la création de cet ensemble, mais aussi sur les œuvres restées anonymes, révélatrices d’un monde religieux et artistique qui vit s’épanouir pleinement la scénographie de l’art baroque. L’église et le collège : deux témoins différents mais intimement complémentaires qui véhiculent à la fois splendeur et fonctionnalité, techniques éprouvées, art profane et iconographie porteuse de message.

Une année de festivités

Le 31 juillet dernier, une messe solennelle célébrée par la communauté jésuite de Namur ouvrait officiellement les commémorations. À l’initiative de l’association « Les Amis de Saint-Loup« , un riche programme de conférences, concerts baroques, ateliers pour enfants ainsi qu’une exposition organisée par la Société archéologique de Namur rythment cette année anniversaire.

L’implantation de la Compagnie de Jésus à Namur a marqué non seulement le paysage urbain de la ville et d’un quartier, mais aussi les citoyens, et particulièrement la jeunesse, par son rôle spirituel, éducationnel, culturel et social. Aujourd’hui, cette tradition reste vivante à travers la présence d’une communauté jésuite, la chapelle jésuite Notre-Dame de la Paix, mais aussi les établissements d’enseignement supérieur que sont Lumen Vitae et l’Université jésuite de Namur.

Thérèse Cortembos, historienne de l’architecture
P. Michel Hermans sj, historien,
communauté jésuite Saint-Pierre-Favre à Lille

Pour aller plus loin

• Un site : eglise-saint-loup.be
• Une nouvelle publication : De Saint-Ignace à Saint-Loup : quatre siècles d’un joyau baroque à Namur. 1621-2021, dir. Thérèse Cortembos et Marie-Christine Claes, septembre 2021.