Le P. Philipp Jeningen sj béatifié le 16 juillet

Le P. Philipp Jeningen sj a été béatifié à Ellwangen en Allemagne. Depuis sa mort en 1704, la vénération de ce jésuite ne s’est jamais éteinte et sa tombe dans la chapelle Notre-Dame de la basilique d’Ellwangen est un lieu de prière et d’intercession toujours très fréquenté. 

Philipp Jeningen (2)

Peinture de Gerhard Stock. Photo © PHOSITIV/Marianne Borst

La messe pontificale a été célébrée sur la place du marché devant la basilique Saint-Vitus à Ellwangen et a été retransmise en direct sur le site internet du diocèse de Rottenburg-Stuttgart.

« Cette nouvelle béatification montre qu’à travers les gens qui consacrent leur vie à l’Évangile de toutes leurs forces, l’espoir et la confiance sont présents dans le monde. De nombreux jeunes pèlerins qui suivent les traces de Philipp Jeningen continuent à parcourir le chemin entre Eichstätt et Ellwangen jusqu’à aujourd’hui. Que le futur bienheureux puisse imprimer en eux la persévérance, le courage, la confiance en Dieu, la transparence, la patience, la bonté envers les autres et la capacité de supporter l’adversité qu’a eu ce missionnaire allemand. Et que cette béatification soit l’occasion de renouveler notre vie et notre travail dans l’esprit des Exercices spirituels »  P. Arturo Sosa, Supérieur général de la Compagnie de Jésus.

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Un missionnaire populaire et un bienheureux pour aujourd’hui

Philipp Jeningen est né un jour ou deux avant son baptême, qui lui a été administré  le 5 janvier 1642 dans la cathédrale d’Eichstätt (Allemagne). Son père s’était converti au catholicisme et plusieurs de ses enfants sont devenus religieux. La naissance de Philippe coïncide avec la phase finale de la guerre de Trente Ans (1618-1648), alors que sa ville natale avait été presque entièrement incendiée peu de temps auparavant. Philippe a donc grandi dans une période de peur et de difficultés dues à la guerre, au milieu des ruines de la ville détruite, qui n’a été reconstruite que lentement ensuite. De 1651 à 1659, il fréquente l’école jésuite d’Eichstätt et est membre de la congrégation mariale. À 14 ans, il a déjà décidé d’entrer dans la Compagnie de Jésus mais, à la demande de ses parents, il étudie d’abord la philosophie et la théologie à Ingolstadt.

Le 16 janvier 1663, à l’âge de 21 ans, il entre au noviciat de la Province jésuite d’Allemagne Supérieure à Landsberg am Lech, fondé par saint Pierre Canisius en 1578. Il y découvre la spiritualité des Exercices spirituels et grandit dans la communauté de vie et de service avec Jésus, ce qui le conduit à rechercher continuellement la volonté de Dieu et à l’accepter volontiers. « Pour celui qui aime, il est dans sa nature de prêter plus d’attention à l’appel du Bien-aimé que d’attendre son commandement », écrit le père Jeningen dans ses notes. En effet, il a vécu, travaillé et est mort dans l’esprit des Exercices spirituels.
Alors qu’il est jeune étudiant en théologie et grand admirateur et dévot de saint François Xavier, il écrit sa première lettre au Général de l’Ordre en 1669, pour lui demander d’être envoyé en mission en Inde ; il reconnaissait cela comme la volonté de Dieu pour lui-même, mais en même temps, il était prêt pour tout ministère. Plus de vingt lettres de ce type ont été conservées de lui, témoignant de sa disponibilité illimitée pour les missions, même s’il n’était nullement mécontent de son poste actuel. Durant l’été 1677 – quelques mois après avoir prononcé ses derniers vœux – le Père Général Gianpaolo Oliva le proposa pour la mission au Brésil, mais le départ ne se produisit pas.

Son ordination sacerdotale a lieu à Eichstätt en 1672. Au cours de son Troisième An à Altötting (1672-1673), le plus célèbre lieu de pèlerinage marial du sud de l’Allemagne, il acquiert une expérience pastorale auprès des pèlerins en écoutant leurs confessions, en prêchant et en enseignant le catéchisme. Pendant sept ans, de 1673 à 1680, le père Philippe travaille comme enseignant dans les collèges de Mindelheim et de Dillingen. En 1680, il est envoyé à Ellwangen pour prendre en charge la pastorale de l’école et de la collégiale. Sa tâche principale devient cependant le service des pèlerins sur le mont Schönenberg, un centre pastoral pour toute la région, remontant à 1638, là où les jésuites avaient érigé pendant la guerre de Trente Ans une simple croix en bois avec une représentation de Marie pour inviter les gens à s’y recueillir.

Schoenenberg Philipp Jeningen

C’est au Père Jeningen que l’on doit la construction de l’église baroque à Ellwangen, sur la colline de Schönenberg.

Au-dessus de la petite chapelle qui avait été construite sur la colline en remerciement des grâces reçues, le père Jeningen réussit à faire construire une grande église baroque visible de toutes parts. Dans une lettre, il décrit sa principale préoccupation comme étant « de graver Dieu, Jésus et la Sainte Mère dans le cœur de son prochain », de le sortir de l’indifférence et de la superficialité et de l’aider à développer une relation profonde avec le Père, avec Jésus-Christ et avec la Sainte Vierge, une relation qui vienne du cœur et qui l’émeuve. Son activité de confesseur contribue également à cette fin. Ce qui caractérise son activité pastorale inspirée des Exercices spirituels, ce ne sont pas la versatilité et l’amplitude, mais la profondeur et la force. Son attitude est entièrement déterminée par sa passion pour Dieu et son attention pour les personnes. Appelé par tous « le bon Père Philippe », il désire réconforter les affligés, soulager leurs souffrances et se tenir à leurs côtés. Sa silhouette est bien connue de tous : une petite cape de cuir sur les épaules, une canne à la main, le chapeau jamais sur la tête mais attaché au cou par une cordelette et suspendu derrière les épaules, des chaussures constamment sans semelles, voyageant toujours à pied, sous la pluie ou sous le soleil. Grâce à une prédication simple, un style de vie convaincant et la bonté de son cœur, les gens sentaient qu’il croyait à ce qu’il disait et – peut-être plus important encore – qu’il n’attendait rien d’eux qu’il ne soit prêt à faire lui-même et qu’il ne fasse même surabondamment.

Malgré son grand charisme, le cours de sa vie religieuse est discrète et ordinaire ; ce qui est inhabituel, en revanche, est la clarté avec laquelle le père Philippe ne perd pas de vue le but de sa vie, et la force et la cohérence avec lesquelles il la poursuit. Tout vise à atteindre Dieu le Père avec Marie par Jésus et à conduire les gens sur ce chemin. Les documents le concernant parlent également de visions et d’apparitions extraordinaires, dont il ne se glorifie pas, mais qui le confortent dans son cheminement d’amour pour Dieu et d’attention envers le prochain. Jour après jour, il se laisse conduire par Dieu, prouvant sa fidélité notamment dans les épreuves et les difficultés. Ces mots qu’il a l’habitude de répéter s’appliquent toujours aussi à lui : « Le plus grand au monde c’est celui qui aime le plus Dieu. »
L’épitaphe du père Jeningen le décrit comme « un missionnaire infatigable dans le district d’Ellwangen et ses alentours dans quatre diocèses ». En effet, son travail de missionnaire rural a été le véritable apostolat de sa vie. De nombreux catholiques vivaient dispersés et n’avaient pas de pasteur en propre, et même les églises et les paroisses, souvent détruites, avaient besoin d’être rénovées. Le père Philippe parcourait le pays, prêchait des missions et donnait des retraites aux prêtres ; il s’occupait tout particulièrement des soldats, des prisonniers et des condamnés à mort. En dépit d’une santé précaire, il a mené une vie très active et, malgré ses nombreuses maladies, il a constamment apporté réconfort et aide aux gens. L’Eucharistie a toujours été sa nourriture. Alors qu’il est en pleine activité, il tomba gravement malade après avoir commencé les Exercices spirituels, et il mourut le 8 février 1704. Il fut enterré dans la basilique de St Guy à Ellwangen.

Philipp Jeningen Peu de temps après sa mort, des démarches pour sa béatification commencèrent. La vénération continue du Bon Père est démontrée par d’innombrables récits de prières exaucées, d’aide et de guérisons obtenues par son intercession, dont une qui eut lieu en 1985 et qui fut reconnue par l’Église comme miraculeuse. Le facteur décisif fut que le père Philippe demeure un vivant exemple qui motive encore aujourd’hui de nombreuses personnes à rendre visible l’amour de Dieu.
Bien que différente d’aujourd’hui, son époque aussi était marquée par les profondes blessures de la guerre et de la violence. Il naît alors que la guerre de Trente Ans est dans sa phase finale ; il meurt quand la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) vient de commencer. Dans ces deux guerres, des batailles décisives se déroulèrent non loin d’Ellwangen. Sa béatification nous montre qu’à travers des personnes qui se consacrent à l’Évangile de toutes leurs forces, l’espérance et la confiance entrent dans le monde. De nombreux jeunes pèlerins sur les pas du père Jeningen continuent encore aujourd’hui à parcourir la route d’Eichstätt à Ellwangen.
(Source : Lettre du P. Arturo Sosa sj à toute la Compagnie, juin 2022)

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