Le P. Gaël de La Croix Vaubois sj est aumônier d’hôpital et membre de la communauté jésuite de Versailles. À travers son portrait personnel, il témoigne de sa vocation et de sa mission auprès des malades : il évoque la « simplicité de sa présence fraternelle » auprès des personnes bouleversées par la maladie. 

En octobre 2017, le diocèse de Versailles a vu débarquer comme un cadeau du ciel un jésuite que son Provincial mettait à disposition pour être aumônier d’hôpital. L’évêque était tout heureux de combler ainsi trois ou quatre postes restés vacants à la rentrée. Après une dizaine d’années passées dans nos Centres spirituels de Penboc’h (Morbihan) et du Châtelard (Lyon), j’ai aussitôt apprécié ce lieu d’Église, ouvert à toute personne dont la maladie vient bouleverser le sens de sa vie. J’y ai retrouvé la grâce de la mission vécue en équipe, mais aussi une Église attentive au prochain dans la discrétion, dans le bonheur de s’épauler mutuellement dans la confiance, le partage et la prière, entre visiteurs bénévoles et aumôniers de toutes sensibilités ecclésiales.

La simplicité d’une présence fraternelle

Plus qu’ailleurs, le malade attend une présence fraternelle entière. Il nous faut venir à sa rencontre sans projet préétabli, capables simplement d’écouter, de dialoguer, de chercher avec lui le chemin nouveau qui s’ouvre, jusqu’au grand passage lorsqu’il se profile. C’est ainsi que j’honore le désir que j’avais de servir, comme aide-soignant, le frère ou la sœur dans sa fragilité. Les sacrements, en particulier l’onction des malades, procurent un soutien spirituel mais aussi une dimension corporelle, si précieuse à la relation lorsqu’une personne est marquée par la faiblesse.

La force de ces rencontres aux frontières, avec les patients, leurs familles et, petit à petit, avec les soignants me pousse à partager régulièrement en communauté ces rencontres toutes simples et d’une densité de foi inouïe. Cela donne sens à un itinéraire d’ingénieur Arts et Métiers (ENSAM), où j’ai éprouvé le bienfait du contact à la matière, puis de polytechnicien, scientifique dans l’âme, puis de jeune jésuite au Centre Sèvres, obligé de lire et d’exprimer une foi personnelle restée très discrète bien que profonde jusqu’alors.

On me verra volontiers un tournevis à la main, ou parti faire un grand tour à vélo en forêt, ou distrait dans mes pensées… Neuf mois passés au monastère de la Grande Chartreuse ont confirmé la paix et l’unité intérieure que je trouve depuis toujours dans la solitude et la prière, alors que les sollicitations constantes du « monde » m’éprouvent fortement. Mais j’ai toujours été heureux de m’investir là où la Compagnie de Jésus m’a envoyé, en des lieux que je n’aurais jamais imaginés pour moi.

Gaël de La Croix Vaubois sj
Communauté jésuite de Versailles

Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (été 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien ou envoyez vos coordonnées (adresse électronique/postale) à communicationbxl[at]jesuites.com.

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