Marie-Caroline Bustarret revient sur son parcours et ses missions en tant que rédactrice en chef adjointe de la revue Christus, puis en charge du programme des cours de spiritualité au Centre Sèvres à Paris.
Bien qu’issue d’une lignée de militaires, j’ai paradoxalement appris dans mon enfance qu’il n’est d’autorité qui ne peut être questionnée ! Un autre de mes héritages est l’intérêt pour la théologie : alors que dans la plupart des familles les discussions tournent autour de la politique et de l’actualité, chez moi, mes parents échangeaient sur les jésuites Pierre Teilhard de Chardin et Paul Beauchamp¹ ! À ceci il faut ajouter une pratique familiale de l’exégèse critique (parfois très critique !) de l’homélie. Bref, il n’est pas étonnant que, le jour où j’ai moi-même commencé à m’intéresser aux affirmations de mon curé, l’idée me soit venue de me former en théologie.
« Au contact de religieuses et de religieux depuis plus de vingt ans, je continue à savourer cette diversité, à m’en émerveiller. J’y fais une heureuse expérience d’Église. »
J’étais en équipe Communauté de Vie Chrétienne (CVX) depuis quelques années, j’avais fait des retraites selon les Exercices spirituels et découvrais peu à peu la spiritualité ignatienne. Aspirant à un lieu où l’expression de la foi empruntait des voies peut-être moins exubérantes que ce que je percevais des milieux charismatiques chers à mes parents, je me sentais à mon aise dans les milieux ignatiens. Un ami auquel je m’étais ouverte sur mon désir de me former, m’a dit sans hésiter : « Va chez les jésuites, tu ne seras pas dépaysée. Tu trouveras dans leur pédagogie l’esprit que tu apprécies dans leur spiritualité ».
À l’occasion d’un congé maternité, je me suis donc inscrite au Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris avec l’intention d’y faire un court passage d’un an ou deux. C’était sans compter sur le pouvoir d’attraction de ce lieu de formation si particulier où se réunissent pour étudier et réfléchir ensemble des religieux, des religieuses et des laïcs, des hommes et des femmes de tous âges et d’origines variées. J’y ai retrouvé l’environnement multiculturel dans lequel j’avais baigné lors de mes années de lycée à l’étranger dans un collège international. Bref, je m’y suis tellement plu que ce n’est que trois grossesses et seize ans plus tard que j’ai quitté cette institution jésuite pour en rejoindre une autre : après mon doctorat en théologie, je suis devenue rédactrice en chef adjointe de la revue de spiritualité Christus. Si j’ai quitté le Centre Sèvres, cependant ce n’est que pour mieux y revenir ! Aujourd’hui j’y assure la programmation des cours grand public dans le domaine de la spiritualité.
Mes années au Centre Sèvres et à la revue Christus m’ont donné le goût de travailler dans des milieux ecclésiaux où la collaboration entre religieux
et laïcs est une réalité, où chacun apporte le meilleur de lui-même au service d’une œuvre partagée et où les différences de choix de vie ne servent pas à établir des hiérarchies mais à enrichir le bien commun. Au contact de religieuses et de religieux depuis plus de vingt ans, je continue à savourer cette diversité, à m’en émerveiller. J’y fais une heureuse expérience d’Église.
Marie-Caroline Bustarret,
rédactrice en chef de la revue Christus
¹Paul Beauchamp (1924-2001), jésuite, est un théologien et exégète français, spécialiste de l’Écriture Sainte (NDLR).x
Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
Pour aller plus loin
> Témoignage de Marie-Caroline Bustarret sur « La collaboration au service de la mission »
Depuis 24 ans, Marie-Caroline Bustarret travaille main dans la main avec des jésuites. A l’occasion de l’assemblée annuelle de la Province en décembre 2022 qui a réunit 130 jésuites et 50 laïcs à Versailles, elle témoigne de sa joie de travailler dans ce cadre si porteur dans sa foi.