À l’occasion de ses derniers vœux, le samedi 25 septembre 2021, en l’église Saint-Ignace à Paris, le P. Noël Couchouron sj retrace son parcours, ce qui l’a amené à devenir jésuite et ses missions au service de l’enseignement et de la jeunesse.

Noël Couchouron Au début de ma vie jésuite, il y a la découverte des Exercices spirituels, cette école irremplaçable où la liberté s’épanouit quand elle se tourne vers le mystère de l’incarnation, de la mort et de la résurrection : un trésor, finalement trouvé au terme de mes études de musicologie et de conservatoire, et de huit ans de formation en philosophie, Bible et théologie, menée au sein des Groupes de Formation Universitaires (GFU), un « séminaire hors les murs » qui permettait de s’adonner à des études profanes.

Au service des jeunes, des privilégiés et des pauvres

La formule des derniers vœux comporte la promesse « de m’employer particulièrement (…) à l’instruction des enfants. » Bien avant de prononcer ces vœux, je peux dire que j’ai porté une attention spéciale aux enfants, aux privilégiés et aux pauvres. Je n’ai aucun mérite, seulement une immense sensibilité en voyant Jésus s’arrêter dans les ports et les villes du nord du lac de Tibériade. Et je dois à l’Église et à la Compagnie de Jésus, de m’avoir donné d’aller vers ceux qui ont besoin du Seigneur et de sa grâce, de l’Esprit-Saint, de l’Évangile, en tirant des bords. Voici une brève relecture de l’histoire.

J’ai vécu au Gesù, à Rome, au cours d’une année d’étude à l’université grégorienne, pendant laquelle s’est tenue la 35ème Congrégation Générale à laquelle j’ai participé parmi les musiciens. J’ai apprécié appartenir à cette communauté internationale voulue par le Père Arrupe. La proximité de la cellule du JRS (Jesuit Refugee Service) du foyer Astalli, qui la jouxtait, m’a marqué.

La régence que j’ai passée en partie au lycée Saint-Geneviève (Ginette) à Versailles, en partie au Petit Collège de Franklin, fut un temps privilégié de contact avec l’Évangile. Le Père Scheffer, qui enseignait alors au petit collège, m’a formé à la mémorisation de grands textes bibliques et fait éprouver combien la Parole de Dieu est une nourriture fondamentale pour la vie.

Aller aux périphéries pour rencontrer Dieu 

Père Michel Jaouen jésuite portrait

Le P. Michel Jaouen sj à bord du « Rara Avis »

Au moment de faire mon deuxième cycle, j’ai demandé d’aller vers les périphéries… Avant l’élection du pape ! Je tenais à étudier la théologie en étant nourri des rencontres et des questions des populations de Saint-Ouen et de Saint-Denis, qui, à bien des égards, me rappelaient cette forme de « quart monde » côtoyée dans mon enfance à Liévin dans le Pas-de-Calais. Ma participation à la vie de la paroisse de L’Île-Saint-Denis, alors riche – c’est unique en France – de 84 nationalités, fut un moment de bonheur. L’été 2012, j’ai demandé à poursuivre l’expérience en passant quinze jours avec des jeunes de ces banlieues, entre la Bretagne et l’Irlande, sur le « Rara Avis » du Père Michel Jaouen.

Les quatre années à Marseille furent le déploiement de tout ce qui, de ces rencontres, commençait déjà à m’évangéliser ! Un mot pourrait personnifier le collège de Provence durant les années où j’y suis passé comme professeur de musique et aumônier : la créativité. Entre autres choses, j’ai participé au tour du Mont-Blanc avec les lycéens, à la construction par tout l’établissement d’une « arche de la Porte d’Aix » en cartons… Mon ordination eut lieu dans ce contexte et j’ai tissé des liens forts avec l’église locale.

Le troisième an à Cuba restera pour moi une référence fondamentale. À La Havane, l’instructeur était lumineux de son contact avec les pauvres de bidonvilles de San Domingue. Le jésuite Benjamín González Buelta a fini de me convaincre que c’est en « descendant à la rencontre de Dieu », auprès des enfants et des pauvres, que l’on éprouve au plus fort la grâce du feu intérieur qui brûlait dans le cœur du Seigneur et qui brûle, semblablement, dans les compagnons d’Ignace. Grâce que je demande humblement de conserver au sein de ma mission à Saint-Louis de Gonzague-Franklin et à la communauté jésuite de la rue Raynouard.

Entre le jazz et l’orgue : la musique, une école de vie

Philippe Charru orgue

Le P. Philippe Charru sj

Avec cela, je joue régulièrement de l’orgue, sur le petit instrument qu’utilisait le P. Philippe Charru sj avant moi ; c’est un « sas » qui, avec l’écoute de nombreuses œuvres, la lecture et surtout la prière, contribue à mon équilibre. Cela reste une école de vie, de cette vie pour laquelle je rends grâces en « tenant en mémoire » mille rencontres permises par mon appartenance à la Compagnie de Jésus… En me rappelant aussi les après-midis passés dans La Havane à écouter du jazz à la terrasse des cafés, pendant nos après-midis de détente du Troisième-An.

P. Noël Couchouron sj

Découvrir d’autres portraits

En savoir + sur l’établissement scolaire Saint-Louis de Gonzague à Paris