Anne Keller est la directrice de la communication de la Province EOF depuis 2018. Elle témoigne de son parcours « entre boulets de canon, petits et grands bonheurs » et de sa mission au service de la Compagnie de Jésus pour faire résonner la « petite musique des jésuites ».

Anne Keller Je ne serais pas arrivée là si*… je n’avais pas, lycéenne puis étudiante, poussé la porte de l’aumônerie de mon école. Celle de mon lycée public alors que je me sentais un peu seule avec mes fragiles convictions. Au Frat à Lourdes, j’ai alors entendu ce verset d’un psaume « N’aie pas peur car tu as du prix à mes yeux et je veux que tu sois heureuse ». Le Seigneur s’adressait à moi… Quelle découverte !

Étudiante à Paris, j’ai poussé cette fois-ci la porte de l’aumônerie de Sciences Po. Un peu perdue dans mes choix d’orientation, j’y ai entendu parler de discernement et de décision qui pouvaient mener à plus de vie. J’y ai aussi rencontré des étudiants heureux de s’engager, de creuser leur foi et de vivre tout cela dans la joie. Une autre nouveauté pour moi !

Quelques années plus tard, j’ai rejoint la Communauté de Vie Chrétienne (CVX) avec le désir de mieux connaître cette spiritualité de la vie quotidienne et de vivre cela avec d’autres. Être témoin de la présence du Seigneur dans la vie de mes compagnons m’a permis de voir Dieu autrement.

Cela m’a aidée à répondre à quelques questions lancinantes : où était Dieu quand mes grands-parents sont morts sous les bombes des Alliés, le 5 septembre 1944 au Havre ? Que faisait-Il quand mon mari est mort, trois ans après notre mariage ? Et que fait-Il quand les guerres continuent à tuer aveuglement ?

Les mots tout simples et si profonds de Vianney, atteint de la mucoviscidose, ou de Marie-Catherine, luttant contre le cancer, m’ont montré que Dieu était là, présent et agissant dans nos vies avec leurs boulets de canon, leurs petits et grands bonheurs…

Ces bonheurs discrets ne manquent pas : ils émaillent mon quotidien. Moi qui ai si souvent la tentation de voir « le verre à moitié vide », j’ai appris à m’émerveiller de ce qui m’est donné, notamment dans ma vie de famille : dans les relations avec mes trois garçons de 24, 12 et 11 ans qui alternent joies, rires et tensions ; dans celle avec mon mari, alors que nous partageons tant de choses et que nous nous enrichissons de nos nombreuses différences.

Après avoir travaillé en entreprise et en association, je suis, depuis bientôt quatre ans, en charge de la communication de la Province jésuite EOF. Je suis là aussi témoin de beaucoup de belles choses : que de créativité et de vitalité déployées par les nombreuses institutions jésuites pour aider chacune et chacun à trouver sa voie vers Dieu, à s’engager avec d’autres pour plus de justice sociale. Ma mission est ainsi de trouver les moyens, avec mon équipe, de faire résonner cette « petite musique des jésuites » car je sais combien elle peut être source de vie.

Anne Keller,
Directrice de la communication de la Province EOF

* Clin d’œil à une chronique que j’aime beaucoup dans le journal Le Monde.

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.

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