Le Jesuit Refugee Service (JRS) Belgium est présent dans les centres de détention, au service des personnes migrantes ou réfugiées. Une présence qui se veut une lumière dans l’obscurité de ces lieux, comme en témoigne Jörg Gebhard, son directeur.

Centre de détention JRS Belgium issue du rapport monitoring 2 Été 2022 : un adolescent de 15 ans et sa maman fuient l’Iran. Le garçon avait posté sur Internet des critiques envers le régime. Leur vie en Iran est intenable. Ils demandent l’asile en Belgique et sont détenus administrativement pendant plusieurs mois. Leur
demande d’asile est rejetée.

12 janvier 2023 : les autorités belges les expulsent de force. Destination : Istanbul, en vue d’un rapatriement vers l’Iran.

La décision de rapatriement ne tient pas compte de la grave détérioration de la situation politique en Iran depuis octobre 2022.

Des collaborateurs du JRS Belgium ont accompagné ces personnes. Ils les voient dépérir petit à petit, jusqu’à ce qu’elles soient totalement brisées. Leur espoir initial s’est transformé en désespoir et en résignation paralysante. Pour elles, un retour en Iran est un arrêt de mort.

Le jour de l’expulsion forcée, la sœur de la maman, réfugiée aux Pays-Bas depuis des années, menace de se tuer. Elle aussi est convaincue que sa sœur et son neveu sont envoyés à la mort. Lors d’un contact téléphonique avec les collaborateurs de JRS, elle explique qu’elle veut s’immoler. À l’écriture de cet article, rien de tel ne s’est encore produit. Mais JRS a perdu le contact avec elle, ainsi qu’avec sa sœur et son neveu. Ne restent qu’inquiétude et impuissance.

Des personnes brisées par la détention

Centre de détention JRS Belgium issue du rapport monitoring Dans l’Union Européenne (UE), les migrants irréguliers sont détenus administrativement. Cette détention, qui a pour but final de les renvoyer de force vers leur pays d’origine, se révèle inefficace : le but visé ne peut souvent pas être atteint ; la détention est très coûteuse ; enfin, et surtout, elle brise d’innombrables personnes, jour après jour, mois après mois, année après année.

Légalement, la détention administrative ne peut être que la mesure de dernier ressort. En Belgique et en France, la « mesure de premier ressort » est le retour volontaire. Entre ce retour volontaire et l’expulsion forcée, il n’y a pas de mesure intermédiaire. Les autorités des deux pays n’ont étudié aucune réelle alternative à la détention.

En Belgique, 6 à 8 000 personnes subissent chaque année ce système de type pénitentiaire. Nombre d’entre elles ne peuvent pas être expulsées, car plusieurs pays d’origine refusent systématiquement l’entrée à leurs citoyens rapatriés.

La Belgique compte 6 centres de détention fermés et 5 semi-fermés. Il ne s’y trouve pas que des personnes sans-papiers. La Belgique enferme également systématiquement les personnes demandant l’asile à la frontière, le plus souvent à l’aéroport – c’était le cas de cette femme iranienne et de son fils.

Sont également détenues beaucoup de personnes demandant l’asile en Belgique mais ayant des empreintes digitales enregistrées dans d’autres pays de l’UE. Le but de la détention est alors de les renvoyer vers ce pays de l’UE. La détention concerne aussi les personnes auxquelles l’entrée sur le territoire a été refusée à leur arrivée à la frontière. Juridiquement, ces dernières n’ont pas foulé le territoire belge, alors qu’elles sont, en réalité, dans des centres de détention belges.

Aller là où personne ne va

Jörg Gebhard JRS Belgium

Jörg Gebhard, directeur de JRS Belgium.

Toutes ces personnes se retrouvent dans un système pénitentiaire, sans avoir commis de faits criminels. Uniquement par une décision administrative, selon des critères qui ne sont pas publics. Il n’existe aucun mécanisme de contrôle indépendant par rapport aux conditions de vie en détention, contrairement à ce qui existe, par exemple, pour les établissements pénitentiaires.

Seuls le JRS Belgium et deux autres ONG se rendent dans ces centres. Depuis 21 ans, le JRS Belgium visite chaque semaine 3 centres fermés et 5 centres semi-fermés. Le JRS Belgium veut aller là où personne d’autre ne va et se soucier de ceux dont le destin est méconnu par la société. Nous accompagnons ces personnes, souvent pendant plusieurs mois.

Nous sommes au service de ces personnes pour leurs besoins en termes de spiritualité, de rencontre humaine, de dialogue et d’avis juridique. Nous veillons au respect de leurs droits.

Le socle de notre mission est « d’être là » pour les migrants se trouvant dans le besoin et dans l’impuissance. Face à l’arbitraire administratif et à l’indifférence, nous croyons à la rencontre humaine authentique. Nous reconnaissons en chaque migrant un être humain en détresse, là où d’autres ne voient qu’un problème. Nous reconnaissons et rencontrons, dans l’être humain affligé, le Christ.

En plus de notre mission principale en détention, nous développons et testons nous-mêmes une réelle alternative à la détention, par un accompagnement à domicile de familles sans-papiers. Nous voulons démontrer que des alternatives humaines sont réalistes.

Le JRS Belgium, c’est un projet jésuite porteur d’espoir.

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Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.

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