Fondées en 1910 dans le contexte de la crise moderniste, les Recherches de Science religieuse (RSR) illustrent depuis plus d’un siècle l’engagement jésuite dans un dialogue scientifique dans le domaine des sciences religieuses. Le P. Patrick C. Goujon sj présente cette revue de référence.

Les Recherches de Science Religieuse : qu’est-ce que c’est ?

revue Recherches de science religieuse Les Recherches de Science Religieuse sont une revue de théologie universitaire, portée par les jésuites de notre Province, et accueillie par le Centre Sèvres.

C’est une revue pour des enseignants-chercheurs, des étudiants en théologie et tous ceux que les questions actuelles de la recherche théologique intéressent.

Cela veut donc dire qu’il y a des questions actuelles et de la recherche en théologie ?

Oui, bien-sûr. On pense dans un premier temps à toutes les questions posées dans le champ pastoral ou dans celui de l’éthique ; mais il y a aussi des questions que l’actualité du monde vient poser à la théologie.

Un exemple ?

La crise du COVID nous a mis devant l’incertitude de notre condition humaine de manière nouvelle. Toute planification, sur laquelle repose une grande partie de nos vies, est devenue d’un coup impossible, et cela nous a fait vaciller. Nous avons pensé utile d’éclairer la question en prenant un peu de recul sur la situation pour interroger le rapport de la foi avec l’incertitude.

Quel en est le résultat ?

Le numéro paru en octobre 2022 y consacre plusieurs articles. On ne peut sous-estimer l’impact des incertitudes que nous devons traverser, surtout quand elles s’allient à la souffrance, mais le point fort du numéro tient dans ce qu’il vient interroger ce qui semblait se présenter comme une évidence. Nos sociétés sont organisées en postulant la certitude comme valeur première. La foi pourtant déplace cette attitude vers un acte de confiance, d’autant plus grand que nous vivons dans un temps d’incertitude. Résumé en quelques mots, cela peut sembler banal. Ce qui compte, ce sont les arguments qui sont apportés.

Lire les RSR, est-ce possible pour tout le monde ?

C’est une revue qui suppose, évidemment, une certaine habitude de la réflexion. Mais qui ne l’a pas, au moins dans son domaine professionnel ? Le numéro consacré à la conversion écologique, paru cet été 2022, peut être lu et travaillé par un lecteur qui, par ailleurs, consacre du temps à la réflexion sur ce sujet d’actualité. Certains numéros relèvent davantage de la recherche spécialisée, mais d’autres touchent à la vie de l’Église (les ministères), ou à des figures de théologiens : Karl Rahner, il y a deux ans, Joseph Moingt, l’hiver dernier… Chacun pourra se faire une idée en se rendant sur le site de la revue ou sur le site Cairn. Notre travail peut rejoindre ceux qui sont intéressés aux sciences religieuses.

Justement, on se perd un peu dans le titre : recherches au pluriel de science religieuse au singulier. Pourquoi ce choix ?

Le titre est marqué par le contexte de la naissance de la revue, en pleine crise moderniste. Les RSR ont abordé dès 1910 les questions de fond qui se sont posées à la théologie, du fait des recherches historiques sur les origines chrétiennes, sur l’histoire de la Bible et du dogme et sur les religions non chrétiennes. La revue-mère, Études, ne pouvant plus assumer cette tâche à cause de la trop grande technicité des problèmes et de leur inquiétante nouveauté, l’idée d’une revue spécifique qui permette une plus grande liberté de discussion s’imposait. Le titre reflète une tension : les matières « religieuses » relèvent bien évidemment de l’investigation scientifique, mais il serait illusoire de croire qu’on pourrait les soustraire aux croyances qui orientent la vie du chercheur et aux formations sociales auxquelles il appartient.

Quelle est l’actualité de la revue ?

Du 17 au 19 novembre s’est tenu à Paris le colloque de la revue, consacré à la « conversion écologique ». Des chercheurs de différentes disciplines ont débattu de la pertinence de la notion de « conversion », empruntée au vocabulaire religieux et éthique, pour traiter de la nécessaire et urgente transformation de nos modes de vie. Une revue de théologie doit rappeler que la compréhension de la foi ouvre au débat à l’intérieur de l’Église et avec la société. C’est ce qui fait l’actualité du projet des RSR, revue centenaire.

Patrick Goujon P. Patrick C. Goujon sj,
Directeur des Recherches de Science Religieuse

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« Comme si le souci de la terre venait éclipser le retour à Dieu » : retour sur le colloque sur la conversion écologique par le P. Patrick C. Goujon sj

Colloque Conversion écologique Centre Sèvres Du 17 au 19 novembre 2022, le 27e colloque des Recherches de Science Religieuse, s’est tenu au Centre Sèvres à Paris sur le thème « La conversion écologique en question« . Interrogeant la notion théologique de conversion quant à l’écologie, alors même qu’est reconnue la nécessité de transformer radicalement nos modes de vie pour tenter de résoudre la crise actuelle, il faisait écho au dernier numéro de la revue paru en juillet 2022. Consacré à la question de l’incertitude à l’heure du COVID et de la mondialisation (« De l’épreuve de l’incertain à la sagesse de l’incertitude. Une responsabilité prudentielle »), il frayait un chemin dans l’immense bibliographie et les nombreuses problématiques liées à cette situation. Le P. Patrick C. Goujon sj revient sur ce colloque :

« Mi-novembre dernier, les Recherches de Science Religieuse ont rejoint toutes celles et tous ceux qui partagent l’urgence des transformations qu’impose la crise écologique. Mais parler de « conversion écologique » va-t-il de soi, tant dans le monde sécularisé dans lequel nous vivons qu’au regard de la foi chrétienne, comme si le souci de la terre venait éclipser le retour à Dieu ?

La conversion écologique n’a pas fini de susciter les nombreuses questions, souvent sujettes à débats comme l’ont montré les positions différentes, passionnantes et parfois passionnées, proposées et en discussion lors du récent Colloque des RSR ; de l’approche monastique, avec deux témoignages bienvenus de ce qui peut se vivre à l’intérieur de communautés religieuses établies de longue date et rayonnant d’autant plus dans un monde inquiet, en passant par différentes expériences déjà en cours dans d’autres lieux (le Campus de la Transition et les Ateliers Où Atterrir ?), jusqu’à des conférences portant des positions philosophiques voire politiques questionnant individuellement comme socialement. Le terme même de conversion était à interroger, avec tout ce qu’il induit de réflexions théologiques, auxquelles il a été fait une large place. »

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Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.

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