Vincent Sohet est professeur de religion et animateur spirituel au Collège Notre-Dame de la Paix à Erpent. Il a participé du 27 au 30 décembre 2022 à l’assemblée annuelle des jésuites de la Province à Versailles, autour du thème « La collaboration au service de la mission », avec plus de 130 jésuites et 50 laïcs, religieuses, amis, collaborateurs salariés et bénévoles, partenaires de la Compagnie de Jésus de France, de Belgique et du Luxembourg.

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Depuis une quinzaine d’années, je collabore avec des jésuites dans le cadre de mon travail, d’abord à Erpent en Belgique puis, plus largement, au sein des écoles jésuites belges. Ces expériences de collaboration me procurent beaucoup de joie et celle-ci me semble d’abord liée à la confiance qui m’a été donnée. Quel que soit le projet, je suis toujours impressionné par l’autonomie que l’on me laisse. L’image qui me vient est celle de la randonnée. Dans les missions qui me sont confiées, ce n’est pas un plan qui m’est transmis au départ mais une boussole. Le cap est clair, à moi de découvrir le terrain, d’identifier les chemins qui me correspondent et qui me semblent les plus porteurs.

Un cap clair

Vincent Sohet et Xavier Léonard, lors de l’assemblée de Province à Versailles en décembre 2022.

Le travail autour des thèmes d’année est une belle illustration de cette confiance donnée. L’idée de mettre chaque année en avant une dimension de la pédagogie ignatienne (cura personalis, relecture spirituelle, a priori favorable…) vient d’Espagne. C’est un jésuite, le P. Bernard Peeters sj, qui a eu l’intuition de la déployer dans nos écoles belges et c’est au sein de l’équipe de pastorale inter-collèges, composée d’une dizaine de laïcs engagés dans les différentes écoles, qu’elle a pris forme. Je ne vais pas retracer ici l’ensemble du processus mais j’aimerais souligner un élément qui a été déterminant : la volonté de Bernard de nous mettre directement en lien avec la source de cette pédagogie. En nous proposant des vrais temps de relecture personnels, en nous faisant découvrir tel extrait des Exercices spirituels ou tel aspect de l’architecture de nos écoles, il ne s’agissait pas de faire de nous des spécialistes de l’histoire de la Compagnie de Jésus mais de pouvoir ainsi « goûter et sentir les choses intérieurement ». Cela nous a permis à nous, « simples laïcs », de nous sentir légitimes pour imaginer des outils originaux susceptibles de parler à nos élèves et à nos collègues. Cette créativité a été possible parce que Bernard nous a d’abord emmenés à la source. Le cap était clair, nous pouvions inventer ensemble le chemin.

Un surcroît d’énergie

L’autre expérience que j’aimerais évoquer, c’est la Semaine jésuite qui s’est déroulée à Erpent en 2022. J’emprunterai, cette fois, à l’athlétisme une image pour exprimer ce qui s’est joué dans la collaboration. Lors de certaines courses, on fait appel à des  » lièvres » : des coureurs qui ne font qu’une partie de la course et dont le rôle est de donner un certain rythme au peloton. La venue d’une trentaine de jésuites à Erpent, à l’occasion des 50 ans de l’école, m’a donné cette impression : ils ne sont pas venus faire le travail à notre place mais leur visite nous a permis de relancer la cadence, nous invitant à toujours plus d’audace. Bel exemple à nouveau de la confiance donnée : les « lièvres » ayant fait leur travail, c’est au peloton de poursuivre le sien. Mais avec quel surcroît d’énergie !

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.

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