Du 4 au 10 septembre 2019, le pape François a effectué un voyage apostolique au Mozambique, à Madagascar et à l’Île Maurice. Le jésuite Karl Lauricourt est mauricien et vit à La Réunion. Il nous livre son regard sur la visite papale. 

Les jésuites de La Réunion ont rejoint les compagnons à Maurice pour la visite du pape François dans l’Océan Indien. Nous n’ont pas rencontré en particulier le pape  mais nous nous sommes joints au clergé local pour nous retrouver dans la grande population mauricienne soulevée d’enthousiasme par la venue dans nos îles lointaines de ce grand personnage qui prône le vivre en paix, qui prône la préoccupation écologique, celle qui se soucie de sauver l’homme démuni et en souffrance, et l’homme qui a le grand souci de la jeunesse  prise dans le tourbillon numérique et consumériste.

Dès avant son arrivée à Maurice, François avait signifié sa joie d’aller à la rencontre de ce petit pays-laboratoire du vivre en diversité ethnique et religieuse, de l’avancement possible par l’acceptation et la rencontre. Et sur place, François n’a pas failli à son rôle du père qui encourage, congratule et qui montre également les lacunes et les misères. « Le progrès économique n’est pas tout » : voilà une parole que la population mauricienne avec ses chefs et  ses dirigeants a entendue. François n’a pas manqué de pointer du doigt la portion considérable de la jeunesse mauricienne plongée dans la  toxicomanie, l’autre portion de la jeunesse déboussolée par l’idolâtrie consumériste qui piétine valeurs humaines et croyances. Enfin, François a aussi parlé de cette frange de la population mauricienne qui réclame justice, victime de corruption administrative.

Avec les paroles de son homélie et de ses discours officiels, François a probablement montré sa perspicacité et lancé le défi de regarder un peu derrière la carte postale « Île Maurice, paradis au soleil », ce qui n’a toutefois pas atténué la grande effervescence des Mauriciens accueillant le pape. L’eucharistie célébrée à Port-Louis, au Monument de Marie Reine de la paix a été une extraordinaire fête.

Karl Lauricourt sj

La Compagnie à Maurice

La communauté est composée de dix jésuites (sept Mauriciens, deux Français et un Indien). Les champs apostoliques se concentrent autour du service d’accueil, d’écoute et d’accompagnement spirituel, mais aussi autour du ministère paroissial, de l’évangélisation à travers des retraites et des formations spirituelles, et des aumôneries (renouveau charismatique, prison, université et pastorale des jeunes, mission catholique chinoise). Aujourd’hui, la Résidence Saint-Ignace reste un lieu de passage important. De nombreuses personnes, de religions différentes, viennent y confier leur prière au « bon papa Ignace », qui trône au coeur d’un magnifique banyan (arbre sacré).

Un peu d’histoire

22 mars 1616. La première messe est célébrée par quatre missionnaires jésuites portugais de passage. Quatre jours plus tard toutefois, la flotte lève l’ancre et met le cap sur l’île Bourbon, laissant Maurice déserte…
1861 voit le retour de la Compagnie de Jésus, cette fois pour une escale plus longue : cela continue encore ! Au départ, sa mission est d’évangéliser des populations originaires de l’Inde. Jusqu’en 1959, la « Mission indienne » est laissée à la charge directe des jésuites qui concentrent leurs efforts sur les quartiers à forte population tamoule en banlieue de Rose-Hill, ville importante où se trouve la Résidence Saint-Ignace.
En plus de 150 ans de présence dans l’île, la communauté jésuite a fait partie de ces « terres de mission » de l’ancienne « Province de Toulouse ». On trouvait aussi parmi elles Madagascar et le Madurai (sud de l’Inde), devenues entre-temps Provinces jésuites. En 1987, Maurice intègre la Province de France… Et, en 2017, la Province d’Europe occidentale francophone.

En savoir + 

> Article et vidéo sur la vie des jésuites de La Réunion
> Présentation des communautés jésuites de Maurice et de La Réunion
> Un livre : Les Missions jésuites dans l’Océan Indien, par Stéphane Nicaise sj, aux éditions Lessius.