Les centres jésuites européens de recherche et d’action sociale fêtent Laudato Si et se tournent vers l’avenir

Les responsables des centres jésuites européens de recherche et d’action sociale se sont rassemblés du 18 au 20 juin 2025 à l’écocentre spirituel du Châtelard pour fêter ensemble les 10 ans de l’encyclique Laudato Si, et réfléchir à leurs actions. L’occasion de revenir sur l’histoire de ces centres et leurs missions spécifiques, avec les explications du P. Benoît Willemaers, responsable du JESC (Jesuit European Centre) à Bruxelles.  

Quelles sont l’histoire et la mission des centres de recherche et d’action sociale de la Compagnie de Jésus ?

Ces centres sont présents dans plusieurs villes en Europe : JESC – Jesuit european social centre (ancien OCIPE) à Bruxelles, Centre Avec à Bruxelles, CERAS – centre de recherche et d’action sociales à St Denis, le Centre Jésuite pour la Foi et la Justice au Québec, Aggiornamenti Sociali à Milan, Cristianisme y Justicia à Barcelone, le Centre pour les questions globales à Munich. Ils ont chacun une histoire propre et des dates de fondations très différentes. Leurs formes d’action peuvent être aussi légèrement différentes, avec un focus variable sur la recherche, la formation et le plaidoyer. Mais leur point commun est d’avoir été créés pour permettre un dialogue optimiste entre la doctrine sociale de l’Eglise et la société. Ils visent à aider les chrétiens à trouver leur juste place d’acteurs au sein d’une société démocratique. Cela passe aussi par une forte attention à la culture.

Quelle sont les défis que ces centres rencontrent aujourd’hui, en lien avec les Priorités Apostoliques Universelles de la Compagnie de Jésus ?

La majorité des centres sont actifs dans la promotion d’une écologie intégrale, en lien avec la priorité donnée à la défense de la maison commune. Cela va de pair avec la volonté de promouvoir des formes nouvelles d’engagement démocratique et de militantisme, alors que nos sociétés sont mises sous pression dans leur rapport aux valeurs démocratiques. Par ailleurs, le cheminement avec les jeunes passe par la formation, avec des camps sur l’écologie ou la politique , ou des parcours de formation sur la Doctrine Sociale de l’Eglise – comme le parcours Kairos du CERAS par exemple. De nouveau, il s’agit de donner des outils de discernement dans un moment de grande incertitude sur l’avenir. Enfin, l’accompagnement des exclus reste un élément essentiel, qu’il s’agisse de militer pour une réforme des prisons en Irlande ou de défendre les droits des migrants en Espagne. Les crises à répétition que nous vivons et qui mettent en danger les populations les plus fragiles nous incitent à courir le risque d’un rééquilibrage des ressources et des priorités politiques.

Vous venez de vivre une semaine de réflexion sur votre action. De quoi avez-vous parlé lors de cette rencontre ?

Le thème de la rencontre était les 10 ans de Laudato Si. Le but de la rencontre était triple. Premièrement, prendre le pouls de la situation actuelle en terme de politiques écologiques, de l’état de la mobilisation et des forces contraires. Dans ce cadre, nous avons reçu Eamon Ryan, ancien leader du parti vert en Irlande et ancien ministre de l’environnement et des transports (2020-2025). Il est revenu sur les sources de son engagement, sur les différentes étapes de la prise de conscience d’une action politique pour l’environnement et, tout en constatant le recul actuel de ces politiques, sur les points d’appui toujours présents. Cet état des lieux a été ensuite enrichi par un travail de partage d’expériences des différents centres, qui ont présenté sous formes d’ateliers et d’étude de cas, du développement de jardins de quartier à une campagne de plaidoyer ciblant le processus législatif européen, en passant par un travail de formation visant les jeunes adultes, entre autres. Enfin, nous avons partagé nos initiatives à venir. En parallèle à ces trois buts principaux, la rencontre a aussi été l’occasion de découvrir l’écocentre du Châtelard, guidé par Xavier de Bénazé.