Botassart ? Tous les Belges connaissent le nom de ce hameau de trente maisons qui surplombe le « Tombeau du Géant », endroit magique sur la Semois. Le P. Thierry Dobbelstein sj retrace le siècle d’existence, 101 ans exactement, de ce lieu que les jésuites de Liège ont choisi pour leurs vacances et celles des élèves du collège Saint-Servais.

Villa Saint Servais Botassart 2

La Villa Saint-Servais.

Depuis 1922, les élèves « méritants » du collège Saint-Servais étaient emmenés par leurs enseignants et éducateurs jésuites pour y vivre des camps estivaux mémorables. Avec le temps, les lieux ont été aménagés : après avoir été accueillis à la ferme-château du hameau, les jésuites ont acquis la petite école locale (le bâtiment comprenait l’habitation de l’instituteur et une classe unique qui n’a fonctionné que quelques décennies) ; l’école communale est alors devenue « Villa Saint-Servais« . Chaque été, pour accueillir les enfants et les jeunes, la Villa s’enrichit de tentes, plantées au cœur de ce hameau de la commune de Bouillon, bien connue pour son château médiéval et pour Godefroid du même nom, qui lança la première croisade.

Après les PP. Dussart et Jacquemin sj, c’est le P. Michel Notté sj († 2000) qui a le plus marqué le lieu ; entraîneur de jeunes, éducateur attentif aux adolescents en décrochage, bricoleur infatigable, il a déployé les camps et travaillé au remodelage complet des lieux : sans changer les murs extérieurs, les volumes de l’ancienne école ont gagné un étage supplémentaire. Pendant les congés, jeunes, parents et amis ont permis la réalisation des chantiers sans beaucoup de moyens financiers. Que d’élèves ont été « sauvés » en bâtissant des murs, en installant des tuyaux de chauffage et des faux plafonds ! C’était tellement plus gratifiant que de réviser les déclinaisons latines ! En été, ils devenaient animateurs de camps.

Des jésuites et des bénévoles

Déjeuner à l’abri de la pluie à l’occasion des 101 ans de Botassart.

Le lieu devenu incontournable, des enseignants voulaient revenir sur place avec leurs élèves pour lancer l’année scolaire (septembre-octobre) ou pour clore celle-ci en beauté (mai-juin). Les classes vertes se sont multipliées. Dès les années 80, les laïcs ont fortement incité le P. Michel Notté sj à créer une ASBL (association sans but lucratif, l’équivalent d’une association loi 1901 en droit français) pour pérenniser les activités. En 1995, la Villa fut agrandie, toujours grâce à l’engagement de dizaines de volontaires. L’aménagement se fit au fur et à mesure que les fonds financiers permettaient de placer le chauffage, de peindre les murs, d’ajouter des lits de qualité dans les dortoirs. Entre-temps la Villa compte 73 lits (en quatre dortoirs et quatre chambres) et accueille chaque année une trentaine de séjours de classes de découverte, en s’appuyant sur quatre membres de personnel. Pendant les congés scolaires, l’infrastructure peut accueillir des camps de jeunes. Le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ) de Liège y a vécu son premier camp en 2007 !

Toute cette histoire centenaire valait bien une fête : le week-end des 22-23 avril 2023, jeunes, anciens et très anciens se sont retrouvés pour célébrer Botassart. Ce fut l’occasion d’évoquer tant et tant de souvenirs et de découvrir certaines photos très anciennes. Pour moi, ce fut l’émotion de revoir ceux que j’ai connus adolescents et qui revenaient accompagnés de leurs propres enfants.

Une chose encore : il a plu, beaucoup plu, pendant ce week-end. Mais ce n’était qu’un détail à côté de la joie des retrouvailles !

pere thierry Dobbelstein jesuite P. Thierry Dobbelstein sj,
communauté Notre-Dame de la Paix (Namur)

Témoignage de François

En me voyant rentrer nostalgique ce dimanche, ma compagne a eu la délicatesse de me laisser dans ma bulle. Car, durant ce week-end, j’ai eu tout le savon que je voulais pour souffler cette bulle la plus grosse possible : revivre « Bot » avec ma bande (plus de 30 ans d’amitié), découvrir des photos dont nous ignorions l’existence, revoir Jean, Marie-Lyse, Francine, Daniel, Thierry, Thomas et autres amis après de trop longues années, refaire le monde avec Nicolas, Maurice, Françoise et bien d’autres, rire des mêmes types de souvenirs avec Damien, Xavier, Laure, Pierrot ou Alison rencontrés pour la première fois ce week-end. À mon retour au bureau, un manque inattendu s’est créé : mais pourquoi diable ai-je quitté le camp ce dimanche ? Ne s’agissait-il que d’un week-end ? Qu’à cela ne tienne, je vais de ce pas préparer mon sac. Je marcherai sans m’arrêter, pour que ma bulle se maintienne à jamais…