Jésuite et bientôt prêtre, Martin Rondelet est aussi médecin. A travers chacun de ses services, il se sent surtout appelé à aider les gens à trouver leur place dans notre société. Et à faire découvrir à chacun qu’il est profondément aimé de son Créateur. Le média belge francophone Cathobel l’a rencontré.

C’est en vélo que Martin Rondelet avale, chaque jour, les quelques kilomètres qui séparent la communauté jésuite où il vit depuis quelques mois, de son lieu de travail, une maison médicale en plein cœur des quartiers défavorisés de Bruxelles. Un endroit où le jeune médecin est très populaire et où collègues et
patients l’accueillent avec sourires et blagues sympas pour commencer la journée. Ils ne sont pas nombreux à savoir que, derrière l’énergie et l’efficacité du généraliste, c’est une foi profonde qui constitue le moteur de sa vie. « Mes patients ne sont pas au courant de mon engagement religieux », confesse-t-il. « Je ne veux pas leur imposer cela de prime abord. En tant que médecin, je suis là avant tout pour accueillir la personne. »

L’amour et la médecine

Martin Rondelet Sa foi, le jeune jésuite l’a découverte et approfondie au fil des ans. « Il y a eu plusieurs déclics, cela s’est fait de manière naturelle et graduelle. J’ai grandi dans une famille croyante où on allait à la messe le dimanche. Et pendant les vacances, il nous arrivait de nous arrêter à Taizé ou dans la Communauté de Saint Jean. C’est là, pour la première fois que j’ai vu des frères vivre ensemble une vie de service et de prière, travailler à quelque chose qui les dépassait. J’avais 17 ans et je sentais un goût pour cette vie-là, même si je ne parvenais pas encore à le formuler. » Alors, à défaut de mettre le doigt sur l’appel qui se profilait déjà, Martin continue sa vie d’ado, puis de jeune adulte. Il commence la médecine et une relation amoureuse. « Je me voyais partir vers une vie de famille. Mais, à la fin de mes études, je sentais qu’il fallait que je clarifie mes choix. » Il décide donc de faire une pause et d’entrer à la Faculté de Théologie jésuite de Bruxelles, histoire de se poser des questions essentielles et d’élargir son regard, tant sur sa vie privée que sur son métier. En parallèle, il entame un accompagnement spirituel. « Cet accompagnement m’a beaucoup marqué », reconnaît aujourd’hui le jeune homme. « L’accompagnement aide à découvrir ce que nous vivons en nous, nos joies et vers où la vie nous mène. » Cette fois, Martin ressent que le message de saint Ignace de Loyola lui parle vraiment et que son chemin se trace, tout naturellement, vers une vie religieuse.

Des exercices à déguster

Ignace, c’est l’un des fondateurs de la Compagnie de Jésus. Il va transposer son expérience spirituelle dans des « exercices » (spirituels). Aujourd’hui encore, ces fameux exercices constituent un enracinement pour ceux qui sont proches des jésuites. Ces écrits d’Ignace ne doivent pas être lus mais plutôt goûtés, un peu à la façon d’un livre de cuisine, le principal étant « leur mise en pratique » et l’immersion dans ceux-ci avec tous ses sens. Martin en témoigne : « Petit à petit, j’ai découvert ces exercices lors de retraites, d’abord de huit jours, puis de trente. Il y avait quelque chose dans cette manière d’entrer en relation avec Dieu qui m’apprenait à me découvrir moi-même. » A présent pleinement entré dans la grande famille ignatienne, Martin ressent l’envie et le besoin de partager à d’autres ses découvertes. Avec Louis, un autre jeune jésuite, il se lance dans l’animation. Il faut dire que la communauté jésuite du collège Saint-Michel n’hésite pas à pousser ses jeunes recrues à déployer leurs talents. Et Martin a le sens du contact. Que ce soit lors des animations de la pastorale des jeunes ou à la fin des célébrations, il est présent pour accueillir tous ceux qui poussent la porte de l’église, et il invite au dialogue. Lorsque les célébrations du week-end prennent fin, c’est le moment de se retrouver en communauté. « La vie en communauté est importante. C’est ce qui fait le lien entre ma vie familiale et ma vie consacrée. Ici, je me frotte à des personnalités différentes, je suis dans l’admiration des frères qui m’entourent et de leur manière de vivre. » Le repas semble être le moment privilégié où les anciens et les plus jeunes se retrouvent. C’est l’occasion de se connaître un peu plus. L’atmosphère est bon enfant. On débat de politique internationale, des enjeux de la paroisse, des échos de la vie de famille des uns et des autres. A l’heure de la vaisselle, c’est dans la cuisine que se poursuivent les échanges.

Au service de Dieu et des autres

En suivant Martin dans les interminables couloirs du collège Saint-Michel, on ne peut que s’interroger sur les vœux que ce jeune religieux a prononcés. « J’ai fait les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Quand je pense à l’argent – qui est à la fois un bon serviteur et un mauvais maître –, je me rends compte que le fait que rien ne m’appartient me donne une grande liberté. Quand je parle de liberté, je pense aussi au vœu d’obéissance. C’est dans la discussion avec un autre que va se chercher ce qui est bon, pour un ensemble plus grand – la Compagnie, le monde – mais également pour moi. » Des vœux dont l’objectif est notamment d’offrir aux religieux une plus grande disponibilité afin de se mettre au service de Dieu mais également des autres. « Le côté universel de la Compagnie me marque aussi beaucoup. J’ai eu la chance d’être envoyé à l’étranger, de rencontrer des jésuites venant du monde entier. Et tout ce qui se passe au bout du monde me touche personnellement. » Avec son charisme, son large sourire et son idéal de vie, Martin est un jeune religieux à l’enthousiasme contagieux. « Je rêve d’un monde encore plus fraternel. Ce qui me donne de l’élan, c’est de pouvoir aider certaines personnes à trouver leur place dans notre société, que ce soit par l’accompagnement spirituel, par l’accompagnement des jeunes ou par la médecine, les aider pour qu’elles sentent que la société a besoin d’elles, de leurs talents, de leurs joies. Participer à construire une société de plus en plus inclusive et lutter contre ce qui défigure notre humanité comme le rejet ou la peur de l’autre. Faire découvrir à chacun qu’il est profondément aimé de son Créateur qui le désire debout et vivant joyeusement. »

> Source : « Le soin du corps, l’accompagnement de l’âme », article de Dimanche n°15 du 17 avril 2022. Propos recueillis par Corinne Owen.

Témoignage vidéo de Martin Rondelet

Aider les autres en tant que médecin, un métier en adéquation avec l’engagement religieux

Dans ma profession de médecin généraliste, je suis « aconfessionnel » dans un premier temps. Si petit à petit dans la relation avec mes patients, je sens que la personne en face a besoin de se confier, je me montre disponible pour en parler. A ce moment-là, c’est plus l’humain qui parle que le médecin !

Vivre en communauté

La vie communauté permet pour moi de faire le lien entre la vie de famille et la vie consacrée, un élément essentiel dans mon désir de vivre la vie religieuse et le travail en commun. Chacun y apporte sa pierre et rayonne selon ses talents. Je suis ainsi heureux de ma mission au service de la pastorale des jeunes avec un autre jésuite, Louis Lorieux. La vie communautaire n’est pas toujours simple mais elle façonne le cœur. 

Être un jeune religieux en 2022, ça a encore du sens ?

Oui. Je suis notamment marquée par les « vœux » (de pauvreté, de chasteté et d’obéissance). Aujourd’hui, notre rapport à l’argent peut nous rendre prisonnier. Le fait de prononcer ce vœux de pauvreté permet de me rendre compte que rien ne m’appartient. Je sens à quel point ces vœux me rendent libre, y compris dans mes plus grandes décisions. Par exemple, dans le fait de décider avec un autre jésuite (vœu d’obéissance) pour chercher ensemble ce qui est bon pour s’engager dans un ensemble plus grand (la Compagnie de Jésus).

Martin Rondelet sj,
Communauté jésuite Saint-Michel à Bruxelles

> Source : vidéo de Cathobel

Qu’est-ce que la régence dans la formation d’un jésuite ?

(*) La régence est l’étape de la formation d’un jésuite durant laquelle le scolastique (jésuite « étudiant ») interrompt la formation académique pour effectuer un « stage apostolique » de deux ans. > En savoir + sur la formation d’un jésuite

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