À la suite des mesures antireligieuses décidées par la Convention nationale, 829 prêtres et religieux originaires de divers diocèses de France, sont conduits au printemps 1794 vers le port de Rochefort afin d’être déportés en Guyane. Parmieux, Joseph IMBERT (±1720-1794).

Joseph Imbert Enfermés sur deux navires négriers qui resteront finalement ancrés à l’embouchure de la Charente, 547 mourront victimes d’épidémies et des brimades de leurs gardiens. A partir du 18 août, les prêtres les plus malades furent débarqués sur l’Ile Madame. 254 y sont inhumés. Parmi eux Jean-Baptiste Souzy (1734-1794), prêtre du diocèse de La Rochelle à qui l’évêque du lieu avait donné les pouvoirs de vicaire général pour la déportation, mort le 27 août, et 63 de ses compagnons, dont Joseph IMBERT (±1720-1794) et Jean-Nicolas CORDIER (1710-1794), ont laissé un témoignage émouvant de fidélité au Christ et au Siège apostolique, et de pardon à leurs bourreaux pour la paix de l’Eglise et de la société.

Après la suppression de la Compagnie, Joseph IMBERT s’était mis au service du diocèse de Moulins. Il fut nommé vicaire apostolique du diocèse lorsque l’évêque fut chassé par la Révolution. Jean-Nicolas CORDIER exerçait son ministère en Lorraine au service de la vie consacrée, soutenant et guidant spécialement les moniales.

Résolutions rédigées par les prêtres détenus sur le navire Les Deux Associés

Ils ne se livreront point à des inquiétudes inutiles sur leur délivrance; mais ils s’efforceront de mettre à profit le temps de leur détention, en méditant sur leurs années passées, en formant de saintes résolutions pour l’avenir, afin de trouver, dans la captivité de leur corps, la liberté de leur âme. (…)

Si Dieu permet qu’ils recouvrent, en tout ou en partie, cette liberté après laquelle soupire la nature, ils éviteront de se livrer à une joie immodérée, lorsqu’ils en apprendront la nouvelle. En conservant une âme tranquille, ils montreront qu’ils ont supporté sans murmure la croix qui leur avait été imposée, et qu’ils se disposaient à la supporter plus longtemps encore, avec courage et en vrais chrétiens qui ne se laissent pas abattre par l’adversité.

S’il était question de leur rendre leurs effets, ils ne montreront aucune avidité à les réclamer, mais ils feront avec modestie et dans l’exacte vérité la déclaration qui pourrait leur être demandée, recevront, sans se plaindre, ce qui leur sera donné, accoutumés, comme ils doivent l’être, à mépriser les biens de la terre et à se contenter de peu, à l’exemple des apôtres.

Ils ne satisferont point les curieux qu’ils pourraient rencontrer sur leur route ; ils ne répondront point aux vaines questions qu’ils leur feraient sur leur état passé ; ils leur laisseront entrevoir qu’ils ont supporté leurs peines avec patience, sans les leur raconter en détail, et sans montrer aucun ressentiment contre ceux qui en ont été les auteurs et les instruments, (…)

Ils se condamneront au silence le plus sévère et le plus absolu sur les défauts de leurs frères et les faiblesses dans lesquelles auraient pu les entraîner leur fâcheuse position, le mauvais état de leur santé et la longueur de leur peine ; ils conserveront la même charité à l’égard de tous ceux dont l’opinion religieuse serait différente de la leur ; ils éviteront tout sentiment d’aigreur ou d’animosité, se contenant de les plaindre intérieurement, et s’efforçant de les ramener à la voie de la vérité par leur douceur et leur modération.

Ils ne montreront aucun regret de la perte de leurs biens, aucun empressement à les recouvrer, aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. (…)

Ils ne feront ensemble, dès à présent, qu’un cœur et qu’une âme, sans acception de personnes, et sans montrer d’éloignement pour aucun de leurs frères, sous quelque prétexte que ce soit. Ils ne se mêleront point de nouvelles politiques, se contentant de prier pour le bonheur de leur patrie et de se préparer eux-mêmes à une vie nouvelle, si Dieu permet qu’ils retournent dans leurs foyers, et à y devenir un sujet d’édification et des modèles de vertu pour les peuples, par leur éloignement du monde, leur application à la prière et leur amour pour le recueillement et la piété.

(Résolutions rédigées par les prêtres détenus sur Les Deux Associés )

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