À Bruxelles, un « kot » à l’école de saint Ignace

Pourquoi un kot* jésuite à Bruxelles ? Pendant plusieurs mois, le P. Gilles Barbe sj, le P. Louis Lorieux sj et Martin Rondelet sj ont mûri le projet à l’écoute de jeunes et de leurs attentes. Répondant à leur désir de faire grandir leur vie de prière personnelle, de décision avec Dieu et d’engagement social, le kot Inigo a ouvert ses portes en septembre 2022.

kot inigo Bruxelles Que propose-t-on au menu de ce kot (ou colocation étudiante) ? Les deux éléments centraux sont la vie de prière et l’aide à la décision, à la suite de saint Ignace de Loyola – d’où le choix du nom Inigo, soit Ignace en espagnol. Comme le résume Erwan, l’un des jeunes : « Koter avec saint Ignace pendant un an ? C’est une expérience unique, faite de rencontres, de témoignages, de services et surtout d’un travail sur sa foi et sur ses choix de vie« . Concrètement, la prière du matin rythme la vie des étudiants. « Commencer la journée avec les laudes nous permet de l’entamer ensemble en toute beauté », partage Marie-Thérèse.

Pour être aidés à aller plus loin dans leur vie de prière, les étudiants vivent aussi les Exercices dans la Vie Ordinaire (EVO) au premier semestre. L’expérience des EVO est une occasion de découvrir, ou redécouvrir, le rapport vivant à la Parole de Dieu, comme en témoigne Sandrine : « Moi qui n’arrivais pas à percevoir l’importance et l’impact de la parole du Seigneur, les EVO m’ont donné le goût de cette parole et m’ont fait réaliser qu’elle venait nous rejoindre dans nos réalités ». Pour approfondir ce sillon ouvert au premier semestre, nous lisons un jeudi par mois Le récit du pèlerin, l’autobiographie d’Ignace relatant ses années de conversion, au cours d’une soirée communautaire. Les autres jeudis, jour dédié à la soirée de kot, sont consacrés à l’invitation de témoins chrétiens engagés, à un temps entre étudiants pour partager ensemble, ou à la venue d’un intervenant pour approfondir un thème (Laudato si’, Comment lire la Bible ?, Vie affective et spiritualité, etc.).

Une vie fraternelle en partage

En plus d’une vie de prière et de décision, la vie communautaire est une dimension constitutive du projet. En effet, l’aventure se vit à plusieurs, chacun aidant l’autre à grandir sur son propre chemin de foi et de vie. Se donner l’occasion de pouvoir tisser des liens d’amitié avec des jeunes venus d’autres horizons que le sien est un des cadeaux de ce kot. « Nouvel arrivant à Bruxelles, j’ai eu la joie d’y trouver une communauté humaine menant une vie centrée autour de la prière, du service et du partage. Le kot, c’est aussi une communauté ouverte qui m’a permis de rencontrer des jeunes d’horizons et de cultures différents, ayant chacun un chemin de foi particulier et personnel mais réunis par la volonté de suivre le Christ. Une expérience inoubliable que je recommande fortement !« , se réjouit Jehan. Afin de favoriser les liens, les repas du soir sont cuisinés à tour de rôle et partagés ensemble.

Des hommes et des femmes pour les autres

Un autre aspect important du projet est l’engagement social. Tous les étudiants sont invités à se mettre au service de personnes plus isolées. Ils ont le choix d’aller à la rencontre des personnes vivant à la rue ou de rendre visite à des personnes âgées. « On apprend à donner de notre temps et à rendre service à ceux qui en ont besoin, c’est beau de pouvoir faire ça après avoir reçu tellement ! », confie Marie-Thérèse.

Marque de fabrique jésuite, la relecture ponctue quelques temps forts de l’année. Un premier week-end permet de faire connaissance, de prendre conscience des désirs communs des étudiants et d’organiser la vie du kot. En milieu d’année, une journée de relecture est vécue afin de voir ce qui fructifie par rapport aux attentes initiales et ce qu’il serait bon d’ajuster, tandis qu’un ultime week-end aide à relire l’année ensemble, à en tirer personnellement du fruit et à la célébrer.

Alors, pourquoi les jésuites ont-ils ouvert un nouveau kot ? Les étudiants sont souvent à l’aube de grands choix personnels, tant professionnels que vocationnels. Il nous a semblé important de pouvoir leur offrir les ressources de notre spiritualité afin qu’ils puissent découvrir davantage la présence d’un Dieu qui les désire vivants et les aide à poser des choix, petits et grands, en ce sens.

Martin Rondelet sj Martin Rondelet sj,
en régence à la communauté Saint-Michel à Bruxelles,
membre de l’équipe de la pastorale des jeunes Magis Bruxelles

Pour en savoir +

> Découvrir le kto Inigo à Bruxelles

> « À la recherche d’un KOT chrétien à Bruxelles ? Voici toutes les « bonnes » adresses, dont trois en lien avec les jésuites » : article de Cathobel du 13/07/23

> « Les « Colocs Magis » en France, une expérience spirituelle et humaine à l’école de saint Ignace »

« Les colocations, un bon lab-oratoire ! » : témoignage du P. Manu Grandin sj

pere manuel grandin jesuite Depuis une vingtaine d’années, ont surgi ici ou là des « colocs » ou « kots » : Namur, Vanves, Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Bruxelles… L’idée de départ est double. L’âge étudiant et le tout début de la vie professionnelle étant des moments décisifs pour les grandes décisions, comment pouvions-nous être au service de la maturation des jeunes ? Par ailleurs, il n’y a pas de vie « authentiquement » chrétienne sans vie avec d’autres, et donc comment pouvions-nous favoriser ce type d’expériences ? Ces colocations réunissent en général quatre ou cinq jeunes, parfois garçons et filles, autour d’une charte : vie commune (repas partagés, tâches ménagères…), prière ensemble, soirée hebdomadaire avec un accompagnateur, formations diverses (Bible, discernement, relecture de vie…), proposition d’accompagnement individuel et missions type soutien dans une aumônerie, auprès des plus pauvres ou en catéchèse. Cette expérience est à la fois joyeuse (complicités, approfondissement de sa foi…) et rude (sensibilités d’Église parfois difficilement compatibles, manque de maturités…). Quoi qu’il en soit, c’est un bon « lab-oratoire » pour les jeunes comme pour les jésuites !

P. Manuel Grandin sj,
délégué du Provincial pour l’apostolat des jeunes adultes

Aller en haut