Rencontre avec le P. Thang Nguôn sj, actuel Supérieur de la communauté jésuite de La Réunion.

Pour beaucoup de Vietnamiens, mon nom de famille n’indique pas que je suis d’origine vietnamienne : Nguôn est un nom cambodgien. Mes ancêtres paternels ont quitté le delta du Mékong vietnamien pour s’établir au Cambodge, mais c’est au Vietnam que j’ai vu le jour en 1963. Aîné d’une fratrie de quatre garçons et une fille, je suis arrivé en France avec ma famille, à l’âge de treize ans. Nous nous sommes installés à Rouen où se sont déroulées mes études jusqu’au Bac. C’est avec mes camarades de classe que j’ai appris le français. Après des études commerciales, je fus Store Manager dans une entreprise commerciale pendant quatre ans. Cette période, riche
en expériences humaines, m’a aidé à trouver ma vocation.

Au service de l’éducation

Entré dans la Compagnie à 28 ans, j’ai été ordonné en 2000 à Cergy (Val-d’Oise). J’ai passé ensuite six années à Bordeaux comme formateur en insertion sociale à l’AFEPT et aumônier au collège jésuite Saint-Joseph de Tivoli. Après mes derniers vœux en 2007, j’ai été envoyé à Saint-Étienne, où je suis resté onze ans. Pendant cette période, je donnais des cours de formation humaine et surveillais les études du soir dans le lycée professionnel jésuite du Marais Sainte-Thérèse.

Par choix, j’ai vécu, pendant plusieurs années, avec la moitié de la communauté jésuite dans une habitation à loyer modéré (HLM). Vivre les uns sur les autres n’est pas toujours facile : outre ses colocataires jésuites, on ne peut éviter les voisins et l’environnement ambiant. Le moindre dérangement dans le programme prévu peut prendre des dimensions catastrophiques insoupçonnées. Saluer un occupant de l’immeuble demande beaucoup d’efforts lorsque vous savez qu’un membre de sa famille a forcé votre boîte aux lettres ! Pour moi, c’était un lieu de confrontation et d’épreuves qui touche à mes limites et à mes fragilités.

Annoncer la joie de l’Évangile

Dans le même temps, me viennent d’heureux souvenirs avec les moments de réconciliation. Cette période fut pour moi une leçon de vérité, d’humilité et de réconciliation avec les autres et avec moi-même. Mon insertion apostolique s’est surtout faite auprès de la jeunesse, notamment des adolescents. Ayant vécu dans un régime totalitaire où le parti politique contrôle tout, en particulier l’éducation de la jeunesse, il me semble important que les jeunes puissent entendre parler au moins une fois dans leur vie du message de l’Évangile, sans qu’on soit forcément prosélyte, ni même explicite. Je crois que je n’ai converti aucun jeune au Christ, mais c’est dans ce monde d’adolescents que ma foi et ma vocation ont évolué.

En conclusion, j’emprunterai à un jeune jésuite cette réflexion: « La vie religieuse est la seule aventure qu’offre la société moderne ». Pour moi, cette aventure se poursuit aujourd’hui à Saint-Denis, à La Réunion.

P. Thang Nguôn sj,
Supérieur de la communauté jésuite de La Réunion

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> Source : revue Echos jésuites, été 2019S‘abonner gratuitement à la revue trimestrielle numérique et /ou papier