Prier avec les quatre Préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus : c’est à cela qu’invite ce parcours de prière. Noël Couchouron sj, aumônier au collège saint-Louis de Gonzague à Paris, propose une réflexion et des outils de prière à partir de la quatrième des quatre Préférences : « Accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance ». 

Camp « Rebondir » sur les aspirations des jeunes, leur vigueur, leur avance dans la culture numérique pour mieux les aider à trouver l’espace que requièrent leur créativité et la profondeur de ce qu’ils entreprennent. C’est l’enjeu de la troisième Préférence : « Accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance ».

Dans son Exhortation apostolique Christus vivit, le pape François rappelle que, lors du Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, un jeune des îles Samoa a comparé l’Église à « une pirogue, sur laquelle les vieux aident à maintenir la direction en interprétant la position des étoiles, [tandis que] les jeunes rament avec force en imaginant ce qui les attend plus loin » (n° 201). Les jeunes sont en demande d’adultes ou de jeunes aînés compétents pour les accompagner dans la réalisation de cette vision d’espérance.

En voyant plus loin, s’ancrer dans le réel

Jeunes et aînés ont à se mettre ensemble à l’écoute des indications de l’Esprit. Cela impose de réinterpréter le schéma vertical de l’instruction traditionnelle. Certains principes de la spiritualité ignatienne aident à trouver orientation et cohérence dans la réalité, qu’elle soit physique, numérique ou spirituelle : vérifier que les moyens sont bien adaptés à des fins utiles ; désamorcer les pièges ; « vivre la tension entre la tendance à l’homogénéité culturelle et l’émergence d’une société interculturelle » (Lettre du P. Arturo Sosa sur les Préférences apostoliques universelles, février 2019). Autant de domaines où l’on peut aider les jeunes à
évaluer la meilleure trajectoire.

L’enjeu de l’accompagnement pour grandir dans l’ouverture

L’accompagnement des jeunes répond à une nécessité cruciale à l’heure des décisions de leur vie personnelle. Le dépliant « Comment prendre une bonne décision », édité par la Province jésuite EOF, encourage à considérer la place de la confiance, de la liberté du choix, des sentiments et des conseils dans la décision ; envisager les alternatives, la pratique de la relecture quotidienne, la place des engagements, des talents et des rêves… Remettre les choses à Dieu et compter sur lui.

Chez les jeunes, l’intelligence du cœur s’apprend dans l’attention aux plus vulnérables, en sortant à leur rencontre : lors de maraudes, de visites, en soutien scolaire… Dans l’ouverture au cœur à cœur avec Dieu, cela se reçoit, s’entretient et commence à se redire dans la louange pour mieux se prolonger dans l’action ;
d’où l’importance de former à différentes pratiques de prière (méditation, dialogue contemplatif, sacrements, etc.).

Dans l’accompagnement se précisent le sens de la vocation chrétienne qui s’épanouira dans les relations familiales et l’engagement professionnel. Le pape François souligne à ce propos : « Sois certain que, si tu reconnais un appel de Dieu et que tu le suis, ce sera ce qui te comblera » (Christus vivit, n° 276). Accompagner spirituellement les jeunes les incite à vivre en relation avec Dieu vivant, qui « se comporte dans la création comme quelqu’un qui travaille » (Exercices spirituels n° 236) et nous modèle à chaque instant. En percevant et en suivant le mouvement de vie que Dieu a initié en eux, chacun entendra mieux la Parole de Dieu prononcée « sur lui et pas un autre ». Pour y répondre d’une voix unique, dans le concert de la création.

Un exercice : prier avec la rythmo-catéchèse

La rythmo-catéchèse repose sur la gestuation chantée de la Parole de Dieu : cette médiation mémorielle et corporelle permet, en mémorisant la Parole, de l’intérioriser. La rythmo-catéchèse constitue une sorte de laboratoire pratique, parallèlement à l’oeuvre anthropologique du P. Marcel Jousse sj (1886-1961). Auteur d’ouvrages de référence comme Le Style oral ou L’Anthropologie du Geste, ce jésuite passionné de pédagogie étudia en particulier les principes de l’apprentissage chez l’enfant dans la culture galiléenne de « Rabbi Iéshoua ». À titre d’exemple, j’ai choisi ce passage de l’Évangile de Jean où Jésus parachève la création en partageant la « lumière de la vie » aux créatures qui lui font confiance.

« Je suis la lumière de monde ;
celui qui vient avec moi
ne marchera pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie. »
(Jn 8, 12)

Texte Gestes
« Je suis Moi : la main droite montre la poitrine.
la lumière Lumière : les mains s’ouvrent vivement au niveau des yeux
et vers l’avant.
du monde ; Les bras s’ouvrent vers l’avant.
celui qui vient avec moi Le bras droit accompagne quelqu’un qui arrive de derrière.
ne marchera pas Négation : les avant-bras se décroisent.
dans les ténèbres, Nuit : les mains descendent comme un écran devant le visage
et le corps, les épaules rentrées.
mais il aura la lumière de la vie. » Lumière de la vie : les mains remontent le long du corps, depuis les pieds et se projettent vers le ciel.

 

Sur la rythmo-catéchèse : P. Davienne et M.-D. de Lalaubie, Quand la Parole prend corps, éd. l’Atelier et Lumen Vitae, 2009, 160 p. + CD.

Noël Couchouron sj
Aumônier du collège Saint-Louis de Gonzague, Paris
Communauté jésuite de Paris-Raynouard

Pour aller plus loin

> Site de la Compagnie de Jésus dans le monde

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.

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