Le P. Paul Malvaux sj est enseignant et aumônier à l’Université jésuite de Namur. À travers son portrait personnel, ce marcheur infatigable nous fait entendre « sa petite musique intérieure ».

« Relire mon histoire personnelle pour faire entendre la ‘petite musique intérieure’ qui me fait vivre » : le défi est lancé ! Relire sa vie, exercice ignatien s’il en est ! Mais faire entendre sa petite musique intérieure, c’est une autre histoire. À l’heure où tout le monde étale ses états d’âme sur les réseaux sociaux, la retenue pourrait bien finir par devenir un témoignage !

On peut relire sa vie en remontant le temps pour en égrener les étapes. Ainsi, j’ai eu des parents profondément croyants, chacun vivant à sa manière une foi enracinée, mais non exempte de questions et même de doutes, parfois. Trois frères, le premier jésuite et les suivants militaires : les chemins semblent bien tracés ! Seize ans d’études dans des écoles de la Compagnie de Jésus pour finir diplômé ingénieur industriel : je ne dois pas être allergique à saint Ignace ! Un an de vacances – pardon, de service militaire – à courir dans les bois de Spa, dans les Ardennes belges, et me voici au noviciat à Bruges, découvrant la culture flamande et la spiritualité ignatienne. Puis, c’est le festival des études menant à l’ordination : philosophie avec passion à Namur et à Louvain-la-Neuve, théologie avec patience à Bruxelles et à Abidjan.

En interlude, deux ans de régence* liégeoise où je découvre les joies de l’enseignement supérieur et les douleurs de l’enseignement secondaire. Le discernement sera vite fait ! Ordonné prêtre en 2004, je fais le retour à Liège pour m’enraciner dans l’enseignement à l’Institut Gramme (devenu HELMO), l’école jésuite d’ingénieurs si chère à mon cœur. À l’issue du Troisième An**, passé aux Philippines et sur les chemins de Saint-Jacques, s’opère un changement à 180° puisque j’intègre, pour trois ans, la vie paroissiale dans l’unité pastorale Saint-Martin à Liège. Enfin, je suis envoyé à Namur, à nouveau dans la pastorale étudiante et l’enseignement des sciences religieuses à l’Université où je me trouve encore aujourd’hui.

Sur le chemin

Y a-t-il une logique, un sens, un fil rouge à travers tout cela ? Le goût de l’enseignement, certainement, le goût de transmettre ce que l’on a soi-même reçu. Mais, plus encore, le goût d’accompagner, de cheminer, d’écouter la vie parler en l’autre, en soi, en toute chose, comme aurait dit saint Ignace ! Sur le chemin de Compostelle, on entend souvent dire que ce n’est pas le but qui compte, mais le chemin. La vie me convainc de plus en plus du contraire. Peu importe finalement, le détail de la route, des tours et des détours, qu’ils aient été voulus, choisis ou subis. Ce qui compte, c’est de garder à l’esprit et au cœur le cap, la boussole, ce qu’Ignace appelle « la fin pour laquelle nous sommes créés » et qui nous donne de goûter, où que nous soyons et quoi que nous fassions, la bonté de l’existence et sa finalité. Et de chercher à transmettre cette expérience !

Paul Malvaux sj
Communauté jésuite de Namur

* La régence est une étape pendant la formation du jésuite, durant deux ou trois ans, il reçoit une mission spécifique qui lui permet de découvrir la réalité concrète du terrain apostolique et de la collaboration avec d’autres.

** Troisième An : après son parcours de formation et quelques années de vie apostolique, tout jésuite est appelé à vivre le Troisième An, dernière étape de sa formation, aussi dénommée « l’école du cœur ».

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Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien ou envoyez vos coordonnées (adresse électronique/postale) à communicationbxl[at]jesuites.com.

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