Noëlie Djimadoumbaye, xavière, est Doctorante en théologie au Centre Sèvres et membre du CERAS. Elle revient sur son parcours professionnel et spirituel au service de la conversion écologique sous le regard de saint Ignace de Loyola.

Noëlie Djimadoumbaye Religieuse xavière depuis 15 ans, je suis tchadienne. La conversion écologique est l’objet de mes recherches doctorales en théologie au Centre Sèvres. De mes parents travaillant dans l’agriculture, j’ai hérité le goût de la terre. Durant ma jeunesse, c’était un bonheur de naviguer entre deux mondes – la ville pendant l’année scolaire et la ferme, le temps des vacances –, profitant des bénéfices de chacun. Presque à mon insu, la question de la Terre m’habitait au point d’orienter mes études, notamment en géographie. Elles m’ont donné de contempler la beauté et la richesse de notre planète et de ses éléments, et d’entendre crier la souffrance de tant de créatures et d’humains, en particulier dans les grandes villes. Je me suis donc spécialisée en géographie urbaine. Cet amour de notre Terre est soutenu par ma foi et, en retour, la nourrit.

De parents catholiques non pratiquants, j’ai vécu quelque chose de l’ordre de la révélation à 12 ans. Un de mes professeurs me ramena, en souvenir de son pèlerinage en Terre sainte, une pierre. Or, à l’époque, je pensais que Jérusalem, Bethléem, etc., étaient des lieux célestes, inaccessibles aux humains de leur vivant. À l’aide de la carte du Moyen-Orient, je découvris que tous ces lieux étaient bien sur Terre. Ainsi, le monde de la Bible, que je considérais comme une réalité extraterrestre, prenait chair. J’ai alors pris conscience que Jésus est bien né sur notre Terre, qu’il y a vécu et y est mort. Il est bien de cette Terre, il est des nôtres. De cette expérience de l’incarnation est née ma foi. Chaque jour, géographe en herbe, je lisais un bout de la Bible avec le défi de repérer sur une carte le lieu où se déroulait le récit.

Dieu a habité cette terre ! Il l’aime ! Cadeau inouï de s’éveiller à la fois au monde et au Dieu incarné. L’année suivante, je m’inscrivais au catéchisme : un parcours qui m’a donné le goût de la Parole de Dieu. Avec d’autres élèves, j’essayais de vivre une foi incarnée, joyeuse, en me faisant proche des malades, des prisonniers et des enfants de la rue.

Quelques années plus tard, étudiante en géographie, je découvrais saint Ignace de Loyola avec la lecture du Récit du pèlerin lors d’une retraite ignatienne. L’amour de Dieu qu’éprouvait Ignace m’a saisie. Je voulais aimer Dieu comme Ignace. Avec lui, le monde se révélait bon : un lieu pour chercher et rencontrer Dieu. Ce regard positif sur le monde et la centralité de la Parole de Dieu me rejoignent dans l’orientation de mes études et dans mon expérience spirituelle. Dieu est bon, le monde est bon ! À la Xavière, nous aimons nous présenter comme des femmes « passionnées du Christ et passionnées du monde ». À ma manière, je suis passionnée du Christ et de la Terre. L’écologie s’avère ainsi le lieu d’unification de ces deux passions et donc de ma personne comme consacrée au cœur du monde.

Noëlie Djimadoumbaye, xavière,
Doctorante en théologie au Centre Sèvres et membre du CERAS

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.

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