À Paray-le-Monial, pèlerins et visiteurs viennent s’ouvrir au mystère du Cœur de Jésus à travers la figure de Marguerite-Marie Alacoque et celle de son confesseur, le jésuite saint Claude La Colombière. 

Depuis Paray-le-Monial, le P. Xavier Jahan sj rappelle un temps fort de l’histoire de la Compagnie de Jésus et souligne toute l’actualité de la mission du Cœur de Jésus.

Plus de 400 ans de présence jésuite

Paray Claude La Colombière C’est en 1619 que les deux premiers jésuites arrivent en mission à Paray-le-Monial. En des temps encore marqués par les blessures des guerres de religion, la paroisse de Paray invite les jésuites de Roanne à venir prêcher et célébrer le Carême et Pâques. Rapidement, une communauté de quatre compagnons voit le jour. Sentant la nécessité d’une présence contemplative féminine, les jésuites font appel aux sœurs de la Visitation, une « communauté nouvelle », fondée par Jeanne de Chantal et François de Sales neuf ans auparavant. Différentes péripéties et épreuves, notamment la grande peste de 1628, poussent les jésuites à proposer l’échange de leurs maisons.

En 1632, les sœurs s’établissent définitivement dans la future rue de la Visitation, alors qu’eux-mêmes s’installent rue de la Paix. En 1675, l’arrivée du P. Claude La Colombière, 34 ans, marque une nouvelle étape décisive pour la communauté. Supérieur de la communauté jésuite et confesseur des sœurs de la Visitation, Claude reçoit cette mission particulière d’authentifier l’expérience spirituelle d’une jeune sœur de 28 ans, Marguerite-Marie Alacoque : la révélation du Cœur rayonnant d’Amour du Seigneur et sa demande explicite pour qu’une fête solennelle s’établisse dans l’Église tout entière. Claude La Colombière devient rapidement ardent apôtre de cette mission. Si Jésus associe effectivement le jeune jésuite, canonisé en 1992, à la mission de propagation du « message du Sacré-Cœur », cette dernière est rapidement confiée à toute la Compagnie de Jésus.

Une douce charge pour la Compagnie

Paray le Monial Sacré Coeur Jésus En 1688, six ans après le décès de Claude La Colombière, Soeur Marguerite-Marie a une ultime vision où, par l’intermédiaire de Marie, le Seigneur confie aux sœurs de la Visitation et aux pères de la Compagnie de Jésus la charge de transmettre à tous l’expérience et la compréhension du mystère du Sacré-Cœur. Deux cents ans plus tard, la Compagnie accepte officiellement cette mission sous le nom de « douce charge » (munus suavissimum), par le décret 46 de la 23e Congrégation Générale (1883). Elle est reprise et confirmée lors des 26e et 31e Congrégations générales (1915 et 1966), puis intégrée dans les normes complémentaires de la 34e CG en 1995. Cette « douce charge » garde donc toute sa pertinence pour la Compagnie. Alors que la cause de béatification du Père Pedro Arrupe a été ouverte en 2018, il convient de se rappeler comment cette figure déterminante pour la Compagnie soulignait l’importance du message du Cœur de Jésus :

« Depuis mon noviciat, j’ai toujours été convaincu que, dans ce qu’on appelle la ‘Dévotion au Sacré-Cœur’, était renfermée une expression symbolique de ce qui est le plus profond de l’esprit ignatien, et que s’y trouvait une efficacité extraordinaire […] pour la fécondité apostolique. Cette conviction est toujours la mienne aujourd’hui […] dans cette dévotion au Cœur du Christ se cache une force immense ; il appartient à chacun de la découvrir […]. Il s’agit là d’une grâce admirable que Dieu nous offre.

La Compagnie a besoin de la « dynamis » enfermée dans ce symbole et dans la réalité qu’il nous annonce […] Peut-être que nous manque une attitude d’humilité ecclésiale pour accepter ce que les Souverains Pontifes, les Congrégations Générales et les Généraux de la Compagnie ont sans cesse répété.

Et, néanmoins, je suis persuadé que peu de preuves pourraient être aussi claires de la rénovation spirituelle de la Compagnie qu’une dévotion vigoureuse et générale au Cœur de Jésus. Notre apostolat y trouverait une nouvelle vigueur et nous ne tarderions pas à en voir les effets, aussi bien dans notre vie personnelle que dans nos activités apostoliques. » (6 février 1981).

Un trésor spirituel étonnant

communauté paray le monial 2020 Si tous les compagnons sont donc appelés à participer à cette belle et douce charge reçue du Seigneur, il revient à la petite mais rayonnante communauté de Paray-le-Monial la mission de maintenir éveillée l’attention à ce trésor spirituel. C’est ce que font, à la hauteur de leurs forces, les quatre compagnons qui y vivent actuellement. Outre leurs ministères spirituels traditionnels – accompagnements, retraites, célébrations –, ils sensibilisent, au sein de notre Province jésuite, à la dévotion au Cœur de Jésus. La chapelle, dédiée à saint Claude La Colombière, est ouverte toute l’année et peut accueillir jusqu’à 250 personnes tandis que la maison dispose de quelques chambres d’hôtes. N’hésitez pas à venir jusqu’à Paray pour y découvrir la fécondité de ce trésor offert à toute l’Église.

Le Sacré Cœur dans notre Province

La fête du Sacré-Cœur, solennité de l’Église catholique, est célébrée le 3e vendredi après la Pentecôte. Dans la province d’EOF, de nombreuses chapelles, communautés et collèges sont liés au Sacré-Coeur. Charleroi abrite la communauté jésuite et le collège du Sacré-Coeur ; les résidences jésuites d’Athènes et de La Réunion portent également le nom du Sacré-Coeur. Quant à la communauté de soins et repos de Bruxelles et au Centre spirituel du Châtelard, ils sont sous la protection de saint Claude La Colombière, tout comme la communauté de Paray !

P.  Xavier Jahan sj et les compagnons de la communauté de Paray le Monial : Guy Lepoutre sj, Charlie Davy sj, Jacques Roubert, Paul Favraux sj.

> Source : revue Échos jésuites, été 2019

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