Durant les deux années de noviciat à Lyon, les jeunes désireux de suivre le Christ dans la Compagnie de Jésus découvrent les fondements de la vie jésuite dans ses multiples facettes : vie communautaire et de prière, retraite spirituelle, formation intellectuelle, pèlerinage et « expériments » (expériences de terrain). Des novices nous livrent le fruit de ce temps de formation et d’expériences vécues.

Le noviciat : une expérience de dépouillement
Samuel, en fin de noviciat

À la veille de quitter le noviciat, voici venu le temps de la relecture. Vous partager comment j’ai vécu ces deux années engage une réponse très personnelle. Et même appelé à prononcer mes premiers vœux en octobre, je n’aurai pas eu réponse à tout. La formation d’un jésuite est longue ! Ce n’est qu’avec l’épreuve du temps que je répondrai librement à ma vocation. Finalement, voilà peut-être un point important que j’aurai retenu au noviciat : notre Dieu est un Dieu patient ; il nous veut libres.

Samuel Piffeteau noviciat Pour moi, le noviciat est une expérience de détachement et de dépouillement :

  • matériels : par la dépendance financière à une communauté et la mise en commun des biens ;
  • temporels : par l’incertitude de l’avenir et des missions qui me seront confiées ;
  • relationnels : par la mise à distance de mes relations antérieures au noviciat (échange épistolaire uniquement).

Ai-je vécu le noviciat comme un temps d’arrachement douloureux ou comme une libération joyeuse ? Ai-je l’impression d’avoir perdu mon identité propre ou suis-je davantage moi-même ? Suis-je plus libre de choisir la vie, plus ouvert à la relation, plus disponible à l’instant présent… ? Telles sont les questions qui orientent mon discernement.

Ces deux années consistent finalement à se dépouiller du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau. Ce mouvement-là, c’est celui des Exercices spirituels et de toute vie chrétienne. Saint Paul en parlait à sa façon : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » ; « Je me suis fait tout à tous ».

L’expériment à l’Arche : un véritable plongeon
Un novice de première année

Pour l’ »expériment d’hôpital » j’ai été envoyé six semaines à l’Arche, en pays toulousain, afin de partager la vie d’un de ses trois foyers. C’est fou ce que ces personnes nous font du bien ! Elles sont souvent pleinement ancrées dans le présent, très affectives – pour le meilleur et pour le pire, car aussi potentiellement très affectées – et capables de tendresse, cette expression sensible de l’amour.

À l’Arche, on ne part pas d’abord du handicap des personnes, mais des personnes elles-mêmes. Si je m’appuie sur le handicap, je peux mettre des limites, par exemple me dire : « Cette personne est schizophrène ou autiste, et donc je ne pourrai pas entrer en relation avec elle ». Mes premiers contacts avec untel n’étaient pas prometteurs : l’agressivité que je percevais chez lui me faisait peur. Le temps aidant, les tentatives d’entrer dans son monde (par exemple en chantant avec lui une chansonnette qu’il répétait souvent), les services rendus (comme l’emmener à son rendez-vous chez le médecin), l’observation des assistants (ainsi, lui adresser la parole en chuchotant permet de s’adresser vraiment à lui en sortant du « délire de l’instant »), mais aussi les petits temps de prière à la chapelle, tout cela a contribué à ce qu’une relation se noue. Et, le dernier soir, de façon très inattendue, alors qu’il semblait toujours très peu attentif ou préoccupé par ce qui l’entoure, il me dit, comme un cadeau d’adieu :  » Tu as tissé des liens avec nous ! »

Une mission partagée avec d’autres
Pierre, en fin de noviciat

Pierre De Vial noviciat Envoyé en expériment à l’école de production de l’Icam Toulouse, j’y ai passé quatre mois comme formateur auprès de jeunes de tous horizons. Mais avant de « former et d’accompagner » ces jeunes, il m’a d’abord fallu accepter d’être accueilli par eux : apprendre le métier, partager leurs matchs de foot, leur livrer un peu de moi-même, recevoir avec gratitude leur parole, leurs désirs, leurs souffrances dans des chemins parfois chaotiques. Accueilli, je l’ai aussi été par les permanents de l’école : j’ai été marqué par leur engagement et leur manière d’accompagner les jeunes, mêlant douceur, fermeté et souci profond de les voir s’en sortir.

L’accueil des compagnons jésuites et les temps partagés ont aussi illuminé joyeusement cet expériment. J’ai reçu en communauté nombre de conseils avisés, pour mieux me situer dans la relation aux jeunes. J’ai vécu la joie d’accompagner un groupe de jeunes avec un compagnon jésuite. Le supérieur m’a également aidé à trouver un juste équilibre dans la mission, m’apprenant à décliner les propositions – nombreuses – qui m’ont été faites sur place. Ces « non » m’ont permis de « durer » dans mon apostolat à l’école de production.

noviciat

Rencontre entre novices jésuites européens à Birmingham, à l’occasion d’un internoviciat jésuite.

Arrivé en expériment avec un désir profond « d’aimer et servir » en tout lieu, j’ai finalement fait l’expérience d’être rejoint par le Christ à travers les jeunes, les permanents, les compagnons jésuites… et de pouvoir ainsi prendre humblement part avec les autres à sa mission.

Samuel, Pierre et les autres
Novices et scolastiques jésuites, entre Lyon et Paris

Vous avez dit « premiers vœux » ?

En cette rentrée, quatre novices terminent leur parcours de deux années à Lyon ; au terme de cette étape du noviciat, ils prononcent, le 23 octobre, leurs premiers vœux dans la Compagnie de Jésus : vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

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