30 ans de JRS Europe : à l’écoute du chant du monde

Pour fêter les 30 ans de la création de JRS Europe, des membres des équipes de JRS Europe et des 23 bureaux de pays, se sont réunis à Bruxelles, les 26 et 27 octobre derniers. Guillaume Rossignol, directeur de JRS France et Anna Kapralou, directrice de JRS Grèce, reviennent sur cette rencontre.

30 ans de JRS Eruope - participants

Témoignage de Guillaume Rossignol, directeur de JRS France

J’ai bien aimé le clin d’œil en recevant l’invitation : « Rencontre régionale de JRS Europe à Notre-Dame du Chant d’Oiseau, Bruxelles ». Forcément, c’était prometteur… surtout quand on porte un nom comme le mien ! De fait, c’est un peu le chant du monde qui a résonné pendant deux jours de rencontres, de travail, de réflexion, de prière et de fête. En voici quelques échos…

30 ans : gratitude et célébration 

Nous étions 41 participants venus de l’Europe entière. Un anniversaire pour prendre le temps de reconnaître ce qui a été accompli : le service jésuite des réfugiés se déploie désormais dans 23 pays européens et, l’an dernier, ce sont plus de 110 000 personnes qui ont été accueillies, accompagnées, défendues par JRS sur le territoire européen.

Mais, par-delà les chiffres et les ans, combien de vies, combien de personnes, d’histoires, de rencontres, d’accompagnements, de liens tissés ? Un temps pour rendre grâce pour le chemin parcouru, pour les compagnons de route et pour célébrer la joie d’une action qui se déploie de façon singulière dans chaque pays, pour une mission commune : accompa-gner, servir et défendre les personnes exilées.

S’accueillir mutuellement

30 ans de JRS Eruope 2 Cette rencontre régionale était l’occasion de « faire réseau ». Faire réseau, c’est prendre le temps de partager des fragments d’histoires des personnes que nous accompagnons. C’est aussi rêver ensemble aux « pas de plus » que nous pouvons faire concrètement en agissant en commun, au sein des JRS, mais aussi avec les autres réseaux ignatiens. Et ce n’est pas qu’un rêve : depuis le début de la guerre en Ukraine, « The One Proposal », la réponse conjointe des JRS, du réseau Xavier et de la Compagnie de Jésus, a permis de venir en aide à plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées par force.

Les servir, mais pas de n’importe quelle manière : dans les témoignages de Sylwia (JRS Pologne), Inha (JRS Ukraine) et Olena (JRS Roumanie), j’ai reconnu ce qui m’a attiré la première fois à JRS : un mélange d’humanité, d’humilité profonde (qui sait reconnaître la limite de ses actions), de ferveur immense et de raison.

Partager depuis les profondeurs

C’est vrai que ça sonne peut-être mieux en anglais : « sharing from the depths » ! Tel était le thème choisi pour notre premier carrefour d’échanges.

« Des profondeurs, je crie vers toi Seigneur » : au cœur de nos discussions, la gravité devant un monde en grande souffrance, des vies déchirées, des droits humains niés, des équations politiques difficiles. Nous avons constaté qu’à des degrés divers mais bien partout en Europe, les trois « P » (populisme, polarisation, post-vérité) fragmentent nos sociétés et que des forces puissantes poussent non pas tant au risque d’un « grand remplacement » mais d’un « grand enfermement ».

Ce qui est profond, ce sont aussi nos racines communes, sur lesquelles nous avons pu échanger par groupes. Les intuitions de Pedro ARRUPE et les encouragements du pape François à être des « bâtisseurs de ponts », des « témoins de l’Espérance » et des « poètes sociaux ».

Ce qui croît et fait grandir

30 ans de JRS Eruope 2 L’eucharistie quotidienne commençait ou clôturait nos sessions de travail. Or, le lundi 27, le texte du jour parlait d’une graine de moutarde qui devient un arbre et de levain qui fait lever la pâte. À JRS, où que nous soyons en Europe, quelles que soient nos missions, nous accompagnons des personnes qui sont à la recherche d’un avenir meilleur et désirent créer les conditions de sa réalisation. En somme, elles rêvent de « davantage de vie ». Quelque part, nous les aidons à atteindre ce but ; et ce qui nous singularise à JRS, c’est que nous croyons qu’elles nous aident aussi à croître et grandir. En marchant à leurs côtés, nous ajustons notre regard pour voir le monde avec leurs yeux, et elles nous permettent de voir ce que nous ne voyons pas. Les personnes exilées nous révèlent le Royaume.

Avant de retourner chacun chez nous, nous devions nommer une phrase prononcée lors de ces deux jours, avec laquelle repartir. « From graves to gardens », voilà comment le Directeur de JRS Roumanie a défini sa mission, fortement teintée par la situation ukrainienne. Travailler à la réconciliation et écrire ensemble la partition symphonique d’un monde nouveau. « Viennent les cieux nouveaux et la nouvelle Terre que Ta bonté nous donnera. Viennent les cieux nouveaux et la nouvelle Terre où le printemps refleurira ».

guillaume rossignol jrs france

Guillaume Rossignol, Directeur de JRS France

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Témoignage de Anna Kapralou, directrice de JRS Grèce

J’ai été très heureuse de participer à la réunion des responsables des bureaux de JRS Europe. Nous avons discuté de nos expériences communes dans notre travail avec les réfugiés et les migrants, des défis que nous rencontrons mais aussi des succès qui nous donnent la force de continuer. Nous avons parlé de la manière dont la mission de JRS est liée à la mission de la Compagnie de Jésus en Europe et dans le monde en général.

Nous avons également passé en revue les actions coordonnées de JRS en réaction à la guerre en Ukraine, la situation dans les pays voisins de l’Ukraine comme la Roumanie et la Pologne, et entendu le témoignage de notre équipe à Lviv en Ukraine. Nous avons évoqué les actions de JRS dans ces lieux, les personnes qui reçoivent de l’aide chaque jour ainsi que les enfants réfugiés pour qui, par le jeu et l’apprentissage, des initiatives sont faites pour recréer des conditions de vie « normales ». Le dernier jour, nous avons célébré le 30e anniversaire de JRS, en parlant du passé mais aussi de la façon dont nous rêvons de l’avenir.

Je suis toujours heureuse de participer à ces rencontres, car il est très important pour moi d’entrer en contact avec des personnes qui travaillent dans le même domaine, qui peuvent être confrontées aux mêmes difficultés et défis. Nous partageons les mêmes valeurs et le même esprit dans notre travail. Cela nous donne, je crois, l’occasion d’évaluer ensemble le travail que chacun de nous fait et d’avoir un regard différent sur certaines situations. Au final, il est très intéressant qu’à travers les descriptions de chaque bureau, nous puissions voir la réalité à laquelle les réfugiés sont confrontés dans les différents pays d’Europe.

Anna Kapralou, directrice de JRS Grèce

Anna Kapralou, directrice de JRS Grèce