Dans son édito de janvier 2024, le P. François Euvé sj, rédacteur en chef de la revue Études, éclaire sur les motifs d’espérance pour la nouvelle année et invite à voir dans la valeur de la solidarité des expériences salvatrices pour notre société et notre monde.

Maison Magis solidarité

Journée « Engagement et précarité » à la Maison Magis en avril 2023

Nous voyons se multiplier autour de nous de graves motifs d’inquiétude. Nous ne savons pas ce que nous réserve l’année qui s’ouvre, mais nous avons bien des raisons d’être perplexes, sinon franchement anxieux. La crise climatique ne s’arrange pas et semble parfois s’accélérer et faire craindre un effondrement à moyen terme. La guerre en Ukraine risque de durer plus longtemps qu’espéré ou se terminer par la victoire de la force brutale. L’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, a ouvert une crise dont on ne peut dire aujourd’hui jusqu’où elle s’étendra. Les élections européennes verront probablement la montée des partis populistes et nationalistes (comme on l’a constaté récemment aux Pays-Bas). Aux États-Unis, il n’est pas impossible que Donald Trump revienne au pouvoir à la faveur de l’élection du mois de novembre.

Des vents mauvais soufflent sur notre monde. On observe partout une tendance au repli, à la défense de ses propres intérêts, que ce soit à l’échelle des individus, des communautés ou à celle des États. Les bâtisseurs de murs l’emportent partout sur les constructeurs de ponts. Le repli sur soi engendre l’ignorance de l’autre, qui engendre la violence.

Où nous tourner alors pour avoir des raisons d’espérer ? Comment ne pas nous laisser gagner par une anxiété croissante et paralysante ?

L’heure n’est plus aux réponses globales. Elle n’est plus aux grandes idéologies salvatrices, ni même aux figures de « sauveurs » qui annonçaient un avenir meilleur. Pourtant, nous entendons encore régulièrement des « technoprophètes » dessiner la figure d’un monde idéal grâce aux rapides progrès des technologies numériques. L’expérience dans ce domaine doit nous inciter au scepticisme. Les réelles avancées en matière digitale concernent en général une élite de privilégiés, elles ne contribuent pas à davantage de solidarité, en particulier avec les plus défavorisés.

Dans le brouhaha du monde, il faut se rendre attentif aux signaux faibles. Comme lors de la pandémie, nous avions remarqué les gestes de solidarité, d’attention aux autres, les initiatives venant de personnes que l’on n’aurait pas pensées capables de telles actions, il faut descendre dans les situations singulières. Comme le propose le sociologue Nicolas Duvoux, à l’encontre de la seule connaissance des experts, il « faudra faire droit à l’expérience vécue des gens1« .

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