Louis Tonneau - jésuite - de l'opportunité des bons voeux

Louis Tonneau, scolastique jésuite, nous adresse un billet d’humeur relevé à l’humour belge. Il se demande s’il est opportun d’adresser de bons vœux pour 2021 après cette année 2020 qui a été pour le moins décoiffante ? 

Il y a un an, l’équipe éditoriale d’Échos Jésuites, votre revue préférée, vous présentait gaillardement ses « meilleurs vœux ». Le résultat fut décoiffant : violents incendies, explosion du port de Beyrouth et une pandémie d’ampleur mondiale sur les bras. Entre autres. Les grincheux et les réalistes complèteront.

Alors, doit-on encore se souhaiter quoi que ce soit ? Le souhait – étymologiquement « le désir exprimé par quelqu’un » – est-il bien raisonnable ? Le problème n’est pas neuf. Cs dernières années, Christus (le revue de formation spirituelle de référence) a ainsi titré : L’épreuve du réel (2001), Traverser la peur (2006), Face au découragement (2009), voire Appelés à vivre ! (2020). Autant d’appels à l’espérance.

J’ai donc entrepris d’énumérer pour vous quelques raisons de continuer à souhaiter (faire des vœux) et, parce que le souhait se fonde sur l’espérance, à espérer :

  1. Pour les chrétiens. Rappelez-vous la femme hémorroïsse (MC 5,25-34), l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52) ou le lépreux reconnaissant (Lc 17, 11-19). Tous guéris par Jésus, qui conclut : « ta foi t’a sauvé ».
  2. Pour ceux qui prient le « Notre Père ». « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » ne peut être compris comme un pessimisme vis-à-vis de demain. Les experts (jésuites) sont catégoriques.
  3.  Pour les amateurs de cuvée spéciale. C’est une question de verre à moitié vide ou à moitié plein. Ce qui est bien avec un verre (de bière) à moitié vide, c’est que, après t’avoir été présenté à moitié plein, tu as pu en profiter, et pas qu’à moitié ! Mais si le verre, après avoir été à moitié vide (et tu n’y es pas étranger…), peut t’être à nouveau présenté à moitié plein, on ne s’en plein pas non plus !
  4. Pour les jésuites. Dans le bureau du supérieur, ne rien désirer ou souhaiter, dans une totale indifférence (bien mal comprise), est à vos risques et périls !
  5. Et pour les sceptiques… Les miracles existent : l’Église en a reconnu officiellement 70 à Lourdes ; la Belgique a un gouvernement ; le Christ est ressuscité et a vaincu la mort ; ma dissertation est presque écrite et Dieu nous aime infiniment (par désordre d’importance).

Bref, oui à l’Espérance ! Oui aux bons vœux !

Louis Tonneau sj (Scolastique au Centre-Sèvres, communauté Saint-Pierre-Favre, Paris)

Louis Tonneau sj

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