Du 10 au 13 novembre 2020 s’est déroulée l’assemblée générale de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) en visioconférence. Elle portait sur la situation sanitaire liée à la crise du Covid. A cette occasion, le père Grégoire Catta, sj, a partagé une réflexion sur nos relations aux autres, à la création, à nous-même et à Dieu. Il s’appuie sur sa lecture de Laudato si’ du pape François et sur l’œuvre du philosophe et sociologue allemand Hartmut Rosa. 

Le père Grégoire Catta a intitulé son intervention « Réflexions sur notre relation au monde ». Son propos se déroule en trois parties  : « Accélération » ; « Résonance » ; et enfin « Indisponibilité ».

 

« Tout est lié » nous répète inlassablement Laudato si’. Relations aux autres, relations à la création, relations à nous-même et à notre propre corps, relations à Dieu, en un mot, relations au monde dans lequel nous vivons… Êtres de relations, nous prenons davantage conscience aujourd’hui combien ces relations sont liées entre elles et combien elles peuvent s’entrainer les unes les autres dans une spirale mortifère quand tout devient objet de possession, de ressources à exploiter, de domination – la nature autour de moi, les autres, mon corps et même Dieu.

Mais ces relations ne peuvent-elles pas au contraire s’entrainer dans une spirale de vie ? Quels types de liens, quels types de relations nous faut-il alors cultiver ? Hier vous avez évoqué la notion de prendre soin. C’est aussi le titre de Laudato si’, si l’on est fidèle à l’espagnol original : « el cuidado de la casa común », c’est-à-dire « le soin de la maison commune ».

Aujourd’hui je voudrais avec vous creuser cette question d’une relation au monde qui soit porteuse de vie en faisant un peu de chemin avec le philosophe et sociologue allemand Hartmut ROSA. Il y a une quinzaine d’année, Rosa proposait une première réflexion majeure sur le thème de l’accélération comme phénomène caractéristique et problématique des sociétés modernes. Puis, plus récemment, en 2016, il suggérait que si le problème est l’accélération, la solution pourrait bien être la résonance et publiait Résonance, une sociologie de la relation au monde. Enfin encore plus récemment, sa réflexion s’est poursuivie dans un essai intitulé Rendre le monde indisponible.

Accélération, résonance, indisponibilité, tel est donc le chemin que je vous propose ce matin pour affronter la question des relations souhaitables avec le monde – relations aux autres, à la création, à soi-même, à Dieu – et se donner des pistes pour, en tant que croyants et religieux, travailler à promouvoir de nouvelles relations qui reflètent davantage le Royaume de Dieu que nous avons mission d’annoncer à la suite de Jésus-Christ. Ma lecture de Rosa, forcément partielle et limitée car je ne prétends pas du tout en être un spécialiste, viendra faire écho à ma lecture de Laudato si’ et à d’autres réflexions théologiques qui m’animent. En tout cela, il s’agira seulement d’ouvrir quelques pistes et de se donner, peut-être, quelques outils utiles pour relever les défis de notre époque. Tout restant largement matière à discussions et débats.

> Pour lire la suite de l’ intervention du P. Grégoire Catta – Corref – 2020