Le P. Vincent Klein sj s’apprête à entamer une nouvelle étape de sa vie. Il témoigne de son parcours au sein de la Compagnie de Jésus, entre autres  au Luxembourg, en tant qu’aumônier de prison, membre de la communauté dominicale du Christ-Roi et accompagnateur de la Communauté de Vie Chrétienne.

Vincent Klein Je venais de passer cinq mois dans une communauté jésuite en République Dominicaine, à la frontière avec Haïti. Nous partagions les conditions très humbles des personnes que nous servions. Je me rappelle des baraquements de fortune, des toits en tôle ondulée et de la batterie de voiture qui alimentait quelques ampoules. Sans transition, j’ai posé mes valises, à la maison du Christ-Roi, dans le quartier de Belair à Luxembourg. C’est le genre de grand écart auquel un jésuite est parfois confronté. Mais ce choc est sans proportion avec celui que nous annonça feu le Père Sassel. Je me rappelle lorsqu’il est sorti sidéré de la salle de télévision et a retenu ma mère avant qu’elle ne reprenne la route pour Strasbourg pour lui dire que quelque chose de grave venait de se produire. Nous étions le 11 septembre 2001.

Dix-huit ans déjà…

En 2001, le Grand-Duché comptait 440.000 habitants : ils sont plus de 620.000 aujourd’hui. Les étrangers résidants constituaient un tiers de la population : ils sont aujourd’hui près de la moitié. La philharmonie n’existait pas et la construction du Mudam débutait à peine. L’université embryonnaire ne se projetait pas encore sur les friches industrielles d’Esch-Belval. Les quartiers du Grund et du Paffenthal étalaient leurs façades lépreuses. L’ancienne prison n’était pas encore le Centre Neumünster et les rives de Clausen ne figuraient pas dans les rêves des brasseurs de la Mousel. On ne parlait ni de trams ni de velo’H, ni d’ailleurs de mobilité douce. Le prestigieux bâtiment de la poste n’imaginait pas que de hauts immeubles modernes auraient l’outrecuidance de venir lui faire de l’ombre. L’Arbed était devenue Arcelor, mais elle n’attirait pas encore ces centaines d’Indiens en complets-cravate et attachés-case qui suivirent monsieur Mittal à Luxembourg. Le tourisme existait certes, mais pas dans les proportions que nous connaissons aujourd’hui.

Un tout petit pays aux grandes transformations

La ville s’est fortement internationalisée : elle aiguise maintenant la curiosité des linguistes qui, comme moi, essaient de repérer la langue que parlent les personnes assises dans le bus ou attablées à une terrasse de café. Mes amis et mes confrères de Belgique craignaient que je me sente à l’étroit dans ce tout petit pays, car je suis issu de milieux internationaux. Originaire de Strasbourg, j’ai passé mon enfance à Bruxelles où j’ai fréquenté l’école européenne avant de rejoindre le noviciat des jésuites à Wépion (Namur) en 1983. En fait, loin d’en éprouver l’exiguïté, j’ai été témoin des transformations spectaculaires du Grand-Duché de Luxembourg et j’en ai vécues de belles et profondes moi aussi.

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