Rencontre avec Garrett Gundlach sj, scolastique au Centre Sèvres, originaire de la Province américaine Midwest.

Garrett Gundlach sj Au cours de l’été 2016, durant les JMJ, je me trouve dans une petite ferme au cœur de la campagne polonaise, accompagné de quelques amis, d’un appareil photo et d’un micro. Nous sommes en plein « expériment Magis* » et, avec l’équipe de communication, nous nous déplaçons pour témoigner de ce qui se vit. Après une journée de jardinage, des interviews parmi les chevaux, vient le temps d’un grand repas, où nous célébrons notre diversité (Singapour, États-Unis, France, Pologne et plus).

Une jeune Syrienne propose de m’interviewer, moi, le journaliste. Tendant un verre en guise de micro, elle me demande ce que je fais dans la vie. « Jésuite », ai-je répondu. « T’es jésuite ?! » Même si j’étais évidemment moins étonné qu’elle de ma réponse, le fait de me trouver de l’autre côté du « micro » m’a laissé quelques secondes sans voix. Wow. Me voici, en effet, à l’autre bout du monde, et jésuite depuis six ans. Quel chemin ! Quelle grâce !

Je suis né au cœur des Grands Lacs américains. Depuis mon jeune âge, sans le savoir, nous prions en famille la prière d’alliance chaque soir. Après le lycée, lors de mon entrée dans une faculté jésuite, ma foi s’est ancrée plus profondément à travers le service et la solidarité. Au cours de mes études d’espagnol, les difficultés des migrants hispanophones et des personnes sans domicile fixe du quartier m’ont interpellé. J’ai aussi été touché par Jésus et ses disciples, qu’ils soient bibliques ou contemporains, donnant leur vie à l’accompagnement, à la solidarité envers les exclus, broyés par les structures injustes de notre monde si divisé. Après mes études, j’ai fait une année de bénévolat et discerné une vocation jésuite, que j’explorerai à partir de 2010 au noviciat. Mon parcours jésuite est encore ponctué d’un master en travail social parmi les réfugiés à Chicago et de trois ans de régence parmi les Amérindiens Lakȟóta. Je finis aujourd’hui mes études de théologie au Centre Sèvres, à Paris.

Août 2019 : je me retrouve, une fois de plus, dans un environnement familier – une équipe et le micro –, mais cette fois aux Journées Régionales de la Jeunesse au Liban. Je suis censé être le journaliste, mais le reportage se fait en arabe. Dépassé par l’exigence d’apprendre la langue en si peu de temps, je me mets en quête d’un apprenti intervieweur. C’est finalement la même jeune Syrienne de 2016, Suzan, qui rejoint l’équipe et réalise une douzaine de belles interviews, tout en apprenant l’art du journalisme. Crazy, isn’t it ?! Quelle grâce ! De tels mouvements marquent ma vocation : la surprise, la solidarité et le travail en équipe. J’apprends de plus en plus à passer le micro, à laisser Dieu parler, à encourager mes proches à laisser Dieu parler aussi par eux, et voilà la joie croissante de devenir davantage jésuite.

Cet article est issu de la revue Échos jésuites (printemps 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour cela, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.