Portrait : P. Pierre Molinié sj
À l’occasion de ses derniers vœux, le samedi 25 septembre 2021, en l’église Saint-Ignace à Paris, le P. Pierre Molinié sj retrace son parcours depuis sa rencontre personnelle avec le Christ, son entrée chez les jésuites et ses missions actuelles.
On pourrait dire que j’ai toujours connu la foi puisque c’est vraiment en famille que je l’ai découverte. J’ai également eu des expériences fortes au collège et au lycée, notamment au cours de retraites spirituelles qui étaient organisées par mon établissement. Il me semble que le moment suivant vraiment fort a eu lieu quand j’étais étudiant. On m’a demandé d’aller faire de la catéchèse pour les lycéens et cela m’a obligé de voir si je m’appropriais réellement toute cette foi qu’on m’avait transmise. Une troisième étape a été un voyage en Inde quand j’avais 18 ans. J’ai pris conscience à ce moment-là qu’être chrétien, c’est s’engager aussi à changer de vie et à se mettre concrètement au service de la société.
C’est lors d’une retraite que je faite étant étudiant que j’ai découvert la manière de prier ignatienne. J’y ai vraiment fait la rencontre personnelle du Christ, c’est-à-dire écouter sa Parole, la visualiser et entrer en dialogue avec lui. Mon premier choix a été d’entrer au séminaire parce que la figure de prêtre que j’avais naturellement était issue du clergé diocésain. Au cours des années de séminaire, j’ai notamment fait la grande retraite des 30 jours d’Exercices spirituels. Cela a vraiment été une expérience fondatrice, pour enraciner ma relation au Christ et pour me rendre compte que saint Ignace de Loyola avait une manière très particulière de suivre le Christ. Les Exercices spirituels ont vraiment été le moment où je me suis dit : je suis appelé à être prêtre mais, plus spécialement, à être prêtre à la manière des jésuites.
Actuellement j’ai une mission principale qui est d’enseigner au Centre Sèvres. Avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus, j’avais déjà fait des études d’histoire et on m’a demandé de continuer et de faire un doctorat à la fois en théologie et en histoire ancienne. J’enseigne donc l’histoire de l’Église des tout premiers siècles. J’enseigne aussi la théologie des premiers chrétiens, ceux qu’on appelle les pères de l’Église qui ont vraiment fondé la foi telle qu’on la connaît. Tout cela est l’essentiel de mon temps.
J’ai aussi une mission pour accompagner des jeunes candidats qui sont dans l’étape de se demander s’ils sont attirés ou s’ils se sentent appelés dans la Compagnie de Jésus. Je les accompagne jusqu’au moment où ils entrent au noviciat.
La troisième mission que je fais plutôt pendant les vacances ou l’été est de donner des retraites spirituelles puisque j’aime beaucoup l’accompagnement spirituel. Dans les retraites selon les Exercices spirituels chaque été, je donne notamment des retraites de guérison au centre spirituel jésuite du Châtelard, près de Lyon, avec une équipe de jésuites et d’autres accompagnateur. Il y a deux ans, j’avais notamment accompagné une jeune femme en pleine crise par rapport à sa propre foi, avec une histoire compliquée par rapport notamment à des abus dans l’Église. Je me souviens comment « par la magie » les Exercices spirituels – un chemin qui moi-même m’a complètement dérouté – l’ont conduite à redécouvrir de manière vivante le Christ comme quelqu’un qu’elle pouvait à la fois aimer et à qui elle pouvait faire confiance, sur qui elle pouvait à nouveau bâtir sa vie. Cela arrive souvent, mais à chaque fois c’est une grâce extraordinaire.
Il y a une prière que j’aime beaucoup, une prière de consécration au cœur de Jésus – une dévotion très ancienne et traditionnelle dans la Compagnie de Jésus puisqu’elle est attachée à Paray-le-Monial, un lieu auquel nous sommes aussi attachés, où il y a une communauté jésuite. Cette prière commence par : « Je confie au cœur de Jésus ma personne et ma vie ». Je crois que s’il y a ce désir de pouvoir lui confier chaque jour ce que je fais, ce que je vis, les personnes que je rencontre, j’ai l’impression que je donne ma vie au plus profond de l’amour de Dieu et cela me remplit de paix. C’est au cœur de l’Amour que je voudrais confier ma vie religieuse. »
P. Pierre Molinié sj