vincent klein Le P. Vincent Klein sj, de la communauté Saint-Eloi de Marseille, a écrit cette méditation poétique pour nous faire entrer plus avant dans le mystère pascal. Aux mots « béances », « brèches », « plaie »… répondent les mots « jour », « espérance » et « printemps ». 

N’hésitez pas à utiliser tous vos sens en lisant ces vers, comme nous y invite Saint Ignace de Loyola dans les Exercices spirituels (121-126). Cela rendra votre méditation d’autant plus riche. 

Bonne lecture et encore joyeuse Pâques !

Calanque du Morgiret,Île Ratonneau, Frioul, Marseille

Pâques germe au creux de nos béances
Quand du côté meurtri de la chair
Une parole donne à la Vivante d’exister
Pâques est une plaie qui ne cicatrise pas
Car d’elle jaillit le sang principe vital
Et l’eau vive abreuvant toute soif

Pâques est une brèche dans l’armure des ans
Elle fissure les sédiments inamovibles
Quand enfin la pierre cordiale devient chair
Pâques est ce rocher qu’aucun Goliath ne meut
Mais qui s’incline devant l’invincible foi
De femmes mises en route avant l’aube

Pâques est un passage pas sage
Folle traversée de murailles pour les yeux résignés
Elle crie « lumière ! » dans l’interminable nuit
Pâques enterre les morts comme un semeur le grain
Elle est argile qui craquelle nuitamment
Et cède le verbe aux couleurs du jour

Pâques proclame bienheureux les fêlés du monde
Comme le pot de glaise suintant
Ou cette pierre rejetée devenue pierre d’angle
Pâques espère contre toute espérance
Alors que le jour déjà se lève
Et laisse entrevoir la mer et le printemps