Le 23 novembre dernier, Gonzague Lalanne-Berdouticq et Quentin Lamy ont été ordonnés prêtres dans la Compagnie de Jésus par Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, en l’église Notre-Dame de Grâce de Passy à Paris.

Ordinations Quentin Lamy et Gonzague Lalanne-Berdouticq 3 « Gonzague et Quentin, vous voici au seuil de votre ordination comme prêtres. Depuis une dizaine d’années, vous cheminez comme compagnons de Jésus. Vous avez parcouru du chemin et vu du pays entre Lyon et Paris, Londres pour Gonzague, Beyrouth, Munich et Rome pour Quentin. Vous avez donné le temps nécessaire aux études et à l’accompagnement humain et pastoral de ceux qui vous étaient confiés. Quentin, j’ai pu te croiser à Saint Jean de Passy puis au séminaire de Paris, et Gonzague, au service des vocations. C’est une joie redoublée de célébrer votre ordination presbytérale. Écoutons la parole de Dieu nous éclairer sur le ministère du prêtre au service du Royaume du Christ, sa Parole, son Eucharistie et sa Mission.

Serviteurs du Royaume

Demain, nous célébrons la grande fête du Christ Roi qui achève le cycle de l’année liturgique. Demandons-nous qui sont les collaborateurs que le Seigneur Jésus a voulus pour établir et faire croître son Royaume. Il a choisi 12 hommes pour « être avec lui et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 14). Il ne choisit pas des généraux ou des ministres pour exercer la force militaire ou le pouvoir politique. Il ne choisit pas des esclaves ni des mercenaires, exécutants serviles ou intéressés. Il se choisit des hommes disponibles qui se mettent librement au service de l’avènement du Royaume de Dieu dans la vie des hommes. « Si quelqu’un veut me servir, dit Jésus, qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur », quelle redoutable parole. Qui peut savoir d’avance où le Maître conduira son disciple ? Mais suivre Jésus, c’est accepter de prendre sa croix à sa suite. Pourtant l’expression « là où je suis » désigne, dans l’Evangile de Jean, le lieu où Jésus demeure auprès de son Père et contemple sa gloire, là où il nous prépare une demeure dans la Maison éternelle. Gonzague et Quentin, votre vie religieuse au sein de la Compagnie de Jésus vous a fait renoncer à bien des attaches de la vie du monde pour mettre vos pas à la suite du Christ au milieu de ce monde. Le serviteur du Royaume, qu’il soit laïc baptisé, religieux ou prêtre, est celui qui a renoncé aux attachements qui entravaient son chemin avec Jésus et qui accueille en lui une vie qui ne vient pas de lui et qui demeure dans l’éternité.

La Parole semée en terre

Alors que Jésus vient de faire son entrée messianique à Jérusalem, il prononce des paroles qui sont comme le prologue de sa Passion : « Voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ». Le Christ est le grain tombé en terre. Il est le Verbe de Dieu qui est venu dans notre humanité. Dieu a enfoui sa Parole éternelle dans la terre de notre humanité. Pour que cette parole d’amour éternel porte son fruit, le grain semé doit mourir. Le Fils de l’homme est venu pour vivre cette heure, mourir pour donner la vie. Notre humanité est en attente d’une parole qui donne le sens et la portée des crises qu’elle affronte : l’accroissement de l’injustice sociale, la dégradation environnementale, la montée des individualismes. Le prêtre devient serviteur d’une Parole qui vient de Dieu pour donner la vie aux hommes. Il n’en est ni le propriétaire ni le spécialiste mais le serviteur. Pour qu’elle porte du fruit dans sa prédication et ses enseignements, cette parole doit cheminer en lui et le transformer. Pour cela, nous allons demander au Seigneur la grâce de l’Esprit Saint pour que par votre prédication « le message de l’Evangile porte du fruit dans les cœurs et parvienne aux extrémités de la terre ».

Saisi dans la célébration de l’eucharistie

Gonzague et Quentin, vous allez concélébrer avec moi pour la première fois l’Eucharistie. Vous allez « présenter à Dieu l’offrande du Peuple saint », porter dans la foi et la prière, les joies et les peines, les actions de grâces et les deuils des fidèles. Ces offrandes qui réunissent la création et la vie du monde deviennent le corps et le sang du Christ. Il est le grain de blé qui devait mourir pour porter du fruit. Il est le Pain vivant qui multiplie le fruit de sa mort et de sa résurrection pour le communiquer à tous ceux qui en ont faim et attendent d’en être pardonné, fortifié et sanctifié. L’Eucharistie c’est le signe de la Croix où Jésus a donné sa vie. Les gestes que fait le prêtre, les mots qu’il prononce à la messe ne lui sont pas extérieurs. « Prions frères et sœurs pour que mon sacrifice et le vôtre soit agréable à Dieu le Père tout puissant » direz-vous dans la nouvelle traduction du missel l’an prochain. Voilà qui est explicite : le sacrifice eucharistique est aussi celui du prêtre et de l’assemblée. Le prêtre est associé à ce mystère et y dépose une part de lui-même, de ses combats, de ses soucis et de ses efforts pour continuer d’aimer même lorsque l’amour n’est pas reçu.

L’Eucharistie, c’est aussi l’anticipation du Banquet des noces à venir. « Heureux les invités au repas des noces de l’agneau ! » selon la traduction à venir. L’Eucharistie signifie la joie que Dieu veut communiquer aux hommes de toute nation et de toute condition rassemblés dans la communion. Le prêtre participe à cette joie qui remplit son cœur. Il croit que la grâce triomphe dans la faiblesse humaine et même dans les adversités ou les incertitudes, il peut éprouver la joie du repas des noces du Christ.

Oints pour consoler

Le Christ accomplit la prophétie d’Isaïe « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Il est l’envoyé de Dieu porteur de l’onction Sacerdotale, Royale et Prophétique. Il est le Messie qui annonce la Bonne Nouvelle du Salut. Les prêtres sont ses envoyés, en premier à tous ceux qui attendent la délivrance et la consolation. Pour cela Quentin et Gonzague recevront une nouvelle onction. L’onction du Saint-Chrême, c’est sur les mains qu’ils vont la recevoir. Ce sont les mains, et non la tête qui reçoivent l’onction, signe de puissance agissante de l’Esprit Saint. Par leurs mains ils béniront et consacreront, ils donneront le pardon et l’onction des malades, ils baptiseront et transmettront la Paix du Christ. Par leurs mains, ils frapperont aux portes des gens, exprimeront la compassion aux souffrants ou l’accueil des arrivants. Souvent, ils auront les mains vides, impuissants devant tant de demandes. Ils se souviendront que ces mains ont été ointes et que le Seigneur aura la liberté de passer par elle pour faire couler l’huile de joie de la bonne Nouvelle dans les cœurs brisés.

Gonzague et Quentin, votre mission dans l’Eglise, dans la Compagnie de Jésus en communion avec les évêques, elle est vaste et multiple. Elle trouve son unité dans le Christ dont vous partagez à un titre nouveau la charge de Pasteur et de Grand-Prêtre. Qu’il soit votre socle et votre force, qu’il vous unisse à sa Pâque et qu’il conduise ses serviteurs dans la joie de leur Maître.

Mgr Denis Jachiet

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