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Début 2022, les jésuites partageaient un premier état des lieux de la transition écologique et sociale de leur Province. Ce dossier donne la parole du P. Xavier de Bénazé sj, délégué du Provincial pour la transition écologique et s’inscrit dans la continuité de ce mouvement doux et certain. Sont abordés les sujets du bilan carbone de la Province jésuite, de la mise en mouvement des établissements scolaires et de la naissance d’un écocentre spirituel au Châtelard près de Lyon.
Bilan Carbone : un état des lieux et un outil de pilotage
Lancé en partenariat avec le Jesuit European Social Centre (JESC) fin 2021, le bilan carbone de l’ensemble des communautés jésuites s’est achevé dix-huit mois plus tard. Cet outil nous permet d’évaluer nos principaux postes de dépense carbone et donc d’impacts sur la crise climatique en cours. Ayant ainsi mieux considéré la situation, l’enjeu est que chaque communauté, et
la Province dans son ensemble, puissent mieux discerner où agir pour servir le bien commun.
Il est ainsi heureux de voir que les jésuites sont en dessous des émissions moyennes de leurs concitoyens. Notre faible « consommation générale », dans le domaine des vêtements, des loisirs, du numérique, etc., en est l’une des raisons principales. Autrement dit, la sagesse de notre vœu de pauvreté est un rempart contre une culture de consommation de masse et une invitation
à la mise en commun des biens qui porte du fruit. Un bel exemple de spiritualité qui s’incarne !
Mais les jésuites font tout de même partie de la moitié de la population mondiale la plus dépensière en CO2 (ils sont légèrement au-dessus des médianes nationales). Il reste donc encore beaucoup de travail pour diminuer notre empreinte carbone. Il faut en particulier s’attaquer aux deux grands postes d’émissions de nos communautés : le chauffage de nos bâtiments et l’alimentation encore trop carnée. Des actions ont d’ores et déjà été mises en place et ouvrent ainsi la voie. Parmi elles, le chauffage réglé sur 19° C dans les communautés, l’isolation à Vanves (92), la cuisine désormais prise en charge par la communauté à Assas (Paris, 6e) ou les menus végétariens quasi quotidiens à Sèvres (Paris, 6e).
Nous savons désormais d’où nous partons. Nous savons collectivement vers où nos sociétés devraient aller. Nous pouvons donc nous mettre en route concrètement, pas à pas, et avancer ensemble.
Les établissements scolaires s’élancent
Une fresque du climat lors de la rencontre des Ecoteams à Godinne en avril 2023.
Nous avons souhaité commencer par mettre en route nos communautés pour pouvoir ensuite mieux accompagner les institutions
jésuites. Cette approche commence à porter ses fruits, notamment dans nos réseaux d’établissements scolaires en Belgique et en France. De nombreuses actions ont été engagées, avec cependant la difficulté de les prioriser et de maintenir le souffle dans la durée. L’enjeu aujourd’hui est donc de se doter d’un cap, de la force d’une boussole et d’un itinéraire commun.
Pour accompagner ce passage, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’Emmanuelle Huet en février 2023, plus spécifiquement chargée
des établissements scolaires. Elle travaille en lien étroit avec Gabrielle Pollet, qui accompagne les communautés et les institutions
comme le Centre Sèvres ou les centres spirituels, et moi-même, délégué Laudato si’ du Provincial.
Concrètement, sur le terrain, outre les multiples actions déjà en place, on peut mettre en avant deux initiatives. Côté belge, en avril dernier, le premier rassemblement des Ecoteams de dix établissements s’est déroulé à Godinne : 150 élèves et 50 accompagnateurs se sont réunis pour travailler sur la démarche de transition écologique de leurs établissements. Côté français, un travail de fond a été lancé au sein d’une commission qui rassemble des profils variés venant de tous les établissements du réseau.
Objectif : proposer une feuille de route et de mise en actions concrètes pour l’automne 2024.
Un nouveau cap pour le centre spirituel jésuite du Châtelard
L’année 2022-2023 a permis d’explorer la faisabilité d’un projet ambitieux et porteur de sens : transformer le Châtelard en « écocentre spirituel jésuite ».
La mobilisation d’une trentaine de bénévoles autour d’une équipe projet de trois personnes a ainsi permis d’étudier toutes les facettes de cette transformation. À partir de ce travail, le conseil d’administration du Centre et le Provincial ont confirmé le projet, structuré autour de trois piliers :
Le lieu : il s’agit à la fois d’isoler les bâtiments, de réinstaller des agriculteurs sur les prairies, de développer des parcours écospirituels dans le parc et de changer le projet alimentaire vers une alimentation plus végétarienne, locale, de saison et bio.
L’écosystème humain : la transformation du Chatelard nécessitera l’implication de toute l’équipe – jésuites, employés – et la mobilisation de bénévoles vivant sur place et impliqués dans la dynamique du projet.
Le contenu : des retraites et des sessions autour de l’écologie intégrale sont déjà proposées et sont appelées à se développer.
Ainsi va la transition de la Province jésuite : les voiles se hissent, le navire prend de l’élan, les membres divers de l’équipage regardent vers le large. Ad majorem Dei gloriam (« Pour une plus grande gloire de Dieu ») bien sûr !
délégué du Provincial pour la transition écologique
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De la nourriture spirituelle pour tenir le cap
Pour aller plus loin : un éclairage et un témoignage
« La spiritualité ignatienne nous pousse à écouter ces petites voix » : éclairage du P. Pierre Molinié sj
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« La lecture de Laudato si’ a été le ciment dans ma vie » : témoignage d’Alexandre Poidatz
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Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
