Parmi les souvenirs les plus chers du ministère du pape François, je garde précieusement son insistance à promouvoir une « culture de la rencontre. ». – Les mots de Jorge Roque sj
A l’occasion du décès du pape François, Jorge Roque, scholastique dans la Compagnie de Jésus, évoque le voyage en Amérique Latine de François et témoigne de son profond attachement à son message d’une « culture de la rencontre ».
« Parmi les souvenirs les plus chers du ministère du pape François, je garde précieusement son insistance à promouvoir une « culture de la rencontre». Ce n’était pas un mot pour faire le buzz mais quelque chose qu’il a magnifiquement vécu et donné en exemple. Je partage ici un moment de son ministère qui m’a particulièrement touché : son voyage en Amérique du Sud en 2018.
A l’époque, je faisais un « experiment » du noviciat qui m’avait mené au Guatemala, dans un village de population maya, Santa María Chiquimula. Mon temps était alors rythmé entre l’aide aux élèves d’une école de Fé y Alegría et un coup de main dans une paroisse, où plusieurs jésuites exerçaient leur ministère dans la langue indigène, le Kiche.
Un soir, le pape a fait un discours aux religieux et aux prêtres de Santiago du Chili. Evoquant les moments difficiles que traversait l’Eglise, il a fait référence à la question d’amour de Jésus à Pierre après sa résurrection, et donné ce conseil de surtout ne pas tourner en rond dans son désespoir. Alors que Pierre rumine son désespoir, après avoir fait face à ses propres limites, Jésus vient pour le libérer. C’est à ce moment qu’il le confirme dans sa mission, en lui offrant la miséricorde. A cette occasion, j’ai senti que le pape s’adressait directement à moi. : il existe dans mon entourage des gens prêts à me montrer comment être là parmi eux en tant que jésuite, prêts à m’indiquer comment être jésuite.
Plus tard dans le même voyage, le pape a visité une prison pour femmes. Il a évoqué le passage de l’Evangile dans lequel Jésus ressuscite la jeune fille de Jaïre en disant « talitha koum. » Il a souligné le fait que, même si le monde la voit et la considère comme morte, ce n’est pas la vision de Jésus. Le pape parlait ainsi directement à ces femmes : même si vos rêves sont morts, ne laissez pas votre espoir mourir aussi. C’était un moment typique de son ministère. Il allait au-devant des gens écartés ou oubliés pour les encourager.
Dans chaque moment de transition dans la Compagnie de Jésus, les mots du pape François ont fait écho en moi, et m’ont apporté la solution : sortir de moi pour rencontrer les autres. Finalement, c’est ça que je garderai pour ma vocation jésuite. »
S Jorge Roque (Communauté Paris 06 Assas)
Article publié le 14 mai 2025