La Xavière fête ses 100 ans. A cette occasion, le P. Jean-Noël Audras, conseiller spirituel, retrace les liens entre la Compagnie de Jésus et cet Institut.

A l’origine de la Xavière, il y a Claire Monestès, (1880-1939)[i], jeune femme dans la mouvance des femmes catholiques engagées socialement au début du XXe siècle, l’esprit des Exercices spirituels, un jésuite, le père Antonin Eymieu (1861-1933) que la mission envoie à Marseille en 1907. Il y restera jusqu’à sa mort.

L’événement qui met en route Claire Monestès et aboutira à la naissance de la Xavière est en 1906 une prédication du père Eymieu sur la méditation du Règne. Les xavières se rapportent au Règne comme l’appel qui les engendre pour la mission à la suite du Christ comme personnes et comme corps apostolique.
Devenu deux ans plus tard le directeur spirituel de Claire, le P. Eymieu le sera jusqu’à la mort. Directeur au sens de ce temps : affirmatif, mais aussi accompagnateur de Claire, et lorsque viendront épreuves, obscurités et lumières, accompagnateur de la communauté qui prend forme – présence fraternelle et paternelle, confiante et fidèle, sur un quart de siècle.

A la mort du P. Eymieu, Claire chercha un autre jésuite pour lui succéder dans le rôle de conseiller spirituel, et ainsi de suite : une personne disponible pour aider selon ce qui lui est demandé à tel ou tel discernement, et sans pouvoir dans l’Institut.

La Xavière vit de la spiritualité ignatienne qu’elle incarne à sa manière, se laissant aussi guider par l’Esprit pour lire les signes des temps. Xavières et jésuites ont une même origine spirituelle mais pas la même incarnation de cet esprit : les xavières n’ont pas de collèges, mais de multiples insertions pour chercher à rejoindre ceux dont l’Eglise est loin. Sans doute peut-on voir dans l’histoire spirituelle de Claire Monestès se déployer la dynamique des Exercices spirituels reconnus de plus en plus profondément comme inspiration fondatrice.

Alors, quels liens entre les jésuites, la Compagnie de Jésus, et La Xavière, Missionnaire du Christ Jésus ? Des liens de reconnaissance mutuelle dans le respect des différences et l’indépendance institutionnelle réciproque. Ces liens, assez nombreux quand on en fait la liste jusqu’en Afrique, sont rendus possibles par de multiples connivences permettant une collaboration au service de la mission. Tels sont les liens : d’esprit d’origine, incarné dans des missions, et de fraternité.

P. Jean-Noël Audras sj (Communauté jésuite de Clamart)

[i] voir l’excellent livre de Geneviève Roux, Petite vie de Claire Monestès – DDB 2011

Qu’est-ce que l’appel du Règne ?

Le Règne est un appel personnel, que Saint Ignace a expérimenté dans sa propre histoire. À ceux qui ont commencé à goûter à la vie de l’Esprit et désirent s’y livrer davantage, la méditation du Règne, dans les Exercices spirituels fonde l’appel du Christ à le suivre en lui offrant toute sa vie. Le combat intérieur contre les résistances des sens et des appétits, l’accueil des humiliations que Jésus a connues sont une composante indépassable de l’appel du Règne. Mais la joie d’une vie chaque jour offerte à l’amour de Dieu et du prochain, l’attrait d’une liberté toujours plus grande au service de l’Évangile et de sa justice, sont aussi le fruit reçu quotidiennement de la suite du Christ dans son Règne.

Le Règne du Christ, selon les Exercices spirituels, P. Claude Flipo, Petite Bibliothèque Jésuite, Lessius 2015, 115 p., 12 €.