Témoignage de S. Nino Villarroel, jésuite péruvien, à l’élection du pape Léon XIV
Nino Villarroel, jésuite en formation, réagit à l’élection du nouveau pape Léon XIV et témoigne de la joie des Péruviens à cette annonce. Il évoque à cette occasion les défis de l’Eglise au Pérou.
Comment avez-vous accueilli personnellement la nouvelle de l’élection du pape Léon XIV ?
J’étais en communauté, avec 7 autres jésuites, et je suis le seul qui ait reconnu rapidement le nom de Robert Francis Prevost ! C’était une vraie surprise ! Trois choses m’ont marqué dans son premier discours. D’abord, son appel à la paix et son souvenir de François « Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! » ; dire cela aujourd’hui, dans ce monde divisé, c’est un signe d’espérance. Ensuite, l’appel à la synodalité. Dans la continuité du pape François, cela ancre l’Eglise dans le dialogue spirituel, dans ce mouvement d’écoute à l’Esprit. Enfin, j’ai été touché par son salut chaleureux, en espagnol à son diocèse au Pérou. Il l’a remercié, une manière de dire que l’évêque n’est pas seul à prendre soin de son troupeau, mais que le peuple de Dieu prend soin lui aussi de son évêque. Je pense que quand les évêques assument leur fragilité on peut avancer tous ensemble.
Au Pérou, comment cette nouvelle a-t-elle été reçue ?
Ma mère est née à Chiclayo, l’ancien diocèse du pape. Une partie de ma famille y vit encore. Voici la première chose que m’a dite ma grand-mère quand je l’ai appelée : « il y a quelques années, le Pape a visité mon village d’enfance ! » Elle était heureuse et fière, comme les gens de Chiclayo qui ont organisé pour l’occasion une grande messe sur la place principale. Je connais très bien cet endroit et la vie de ce petit diocèse – environ 1 million d’habitants, avec plus au moins 100 prêtres. La moitié vit dans la ville de Chiclayo, le reste dans des zones rurales, dans de petits villages. Le Pape a connu cette réalité. Il a aussi vécu les inondations dues au cyclone Yaku en 2023 ; il a créé des Maisons d’accueil aux migrants…
Quels sont les défis de l’Eglise au Pérou ?
Le pape est arrivé au Pérou dans un climat de grande violence : terrorisme dans les années 80-90, corruption, coup d’Etat en 2022 qui a entraîné la mort de 40 personnes… Il y a eu un appel à la paix des évêques, et le défi actuel de l’Eglise dans le pays est d’appeler au dialogue et à la recherche du bien commun. Le pape, comme évêque, a eu une grande sensibilité sociale pour les problématiques du Pérou. Il a fait partie de la commission prévention des abus de la Conférence Episcopale ; en coopération avec l’Université jésuite Antonio Ruiz de Montoya il a participé à un programme de formation qui aidait les congrégations religieuses et les diocèses dans le pays à formuler une charte de bonne conduite.

Je suis Nino Villarroel, scolastique jésuite de la province du Pérou. J’ai rejoint la Compagnie de Jésus en 2013. J’étudie actuellement le premier cycle de théologie aux Facultés de Loyola Paris. Avant de rejoindre la Compagnie, j’ai étudié la psychologie, j’ai été très investi dans la vie paroissiale et j’ai également engagé un service bénévole dans une maison de retraite. Toutes ces activités me passionnaient et répondaient à mon désir de servir. L’image de Jésus guérissant les gens avec proximité et compassion a inspiré ma vie. La Compagnie était le lieu où je sentais que je pouvais intégrer toutes ces dimensions de ma vie.
Article publié le 20 mai 2025