La paroisse jésuite de Saint-Ferréol, sur le Vieux-Port à Marseille, partage régulièrement ses homélies sur son site internet. À l’occasion de la fête de la Toussaint, le P. Pierre de Charentenay sj, membre de la communauté marseillaise, livre ses réflexions avec quelques jours d’avance…

La lecture de l’Apocalypse de Saint-Jean nous ouvre la voie royale de la sainteté pour tous : « et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus d’une robe blanche avec des palmes à la main ».

Cette cohorte de saints est une belle entrée en matière pour célébrer la Toussaint, la fête de tous les saints, pas seulement les grands, ceux qui sont dans le calendrier, mais tous les saints ordinaires, les gens les plus simples et les plus discrets qui vivent une vie de sainteté parce qu’ils savent vivre les béatitudes que nous avons lues. Heureux les pauvres de cœur, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs car ils verront Dieu.

La patience et la constance

Je cite le Pape François dans une interview : « La sainteté, je l’associe souvent à la patience, c’est-à-dire à la prise en charge des événements et des circonstances de la vie, mais aussi comme constance pour aller de l’avant, jour après jour ». Il ajoute, c’est ce que faisait ma grand-mère qui étant une sainte.

La sainteté, c’est la vie de celui qui porte le poids du jour avec joie et constance, sans râler, sans rendre les autres responsables de ses problèmes, de ses difficultés, voire de ses échecs.

Car un saint peut aussi échouer. La sainteté ne veut pas dire succès, réussite garantie. C’est aussi une capacité d’encaisser des difficultés sans être perturbé.

Dans la globalité d’une vie plutôt que dans le détail des actions

La sainteté, ce n’est pas non plus de faire des sourires artificiels alentour et d’avoir l’air toujours content. Dans des homélies à St Marthe, Le pape François dénonce les saintetés de vernis, les saintetés feintes, l’air un peu sainte nitouche.

Les saints, ce ne sont pas non plus ceux qui ont escaladé l’Everest de la spiritualité, avec des apparitions brillantes ou des nuits très obscures. Ceux-là sont au catalogue des saints canonisés par l’Eglise, mais ils ne sont pas dans les rues de Marseille.

 

Il faut donc revenir à la sainteté des Béatitudes.

La sainteté concerne la totalité de la vie, et non le détail des actions d’une personne. On ne comptabilise pas les vertus. C’est par l’ensemble de sa vie qu’une personne est capable de refléter Jésus-Christ dans le monde.

 

La joie, le sens de l’humour et la prière

Il y a un an et demi, le pape François a écrit une exhortation Gaudete et exultate sur la sainteté dans la vie ordinaire. Il en donne plusieurs caractéristiques.

D’abord l’endurance, la patience et la douceur. Elle se manifeste par l’humilité d’un cœur pacifié par le Christ, libéré de cette agressivité d’un ego démesuré.

Ensuite la joie et le sens de l’humour. Le Seigneur nous veut positifs, reconnaissants, pas trop compliqués et avec le sens de l’humour.

Enfin la prière constante. Je ne crois pas dans la sainteté sans prière nous dit le pape François. Il ne s’agit pas nécessairement de sentiments intenses de prière, une pure contemplation de Dieu, sans distractions. Mais c’est la présence à Dieu en toute occasion qui est prière.

Une vie sainte ne revient pas simplement à cultiver les vertus. C’est une vie de prière qui sait accueillir l’action du Saint-Esprit, ses mouvements et ses questions.

 

La sainteté, c’est donc bien un programme pour chacun de nous, que nous pouvons méditer en ce jour de la Toussaint.

 

P. Pierre de Charentenay sj

 

> Pour consulter les autres homélies de la paroisse jésuite Saint-Ferréol, c’est ici