Le P. Antoine Paumard sj, directeur du JRS France, témoigne des nombreuses initiatives de cette association en temps de confinement qui permettent de lutter contre l’exclusion sociale des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Ainsi dans chacun des programmes, les acteurs du JRS France ont fait preuve d’une réactivité et d’une créativité qui tient encore.
- JRS École de Français continue la préparation au Diplôme d’Études en Langue Française, par la mise en place de divers outils d’accompagnement à distance pour les étudiants comme pour les bénévoles (liste de ressources en ligne, guide méthodologique ). L’accompagnement des débutants à distance est plus complexe et se révèle être un défi majeur.
- JRS Jeunes a, pour sa part dans les 9 antennes où il existe, continué à développer un programme d’activités, rythmé par le défi du matin puis par un ou deux ateliers dans l’après-midi (voir la page Facebook : JRS Jeunes Paris). Une fois par semaine une visioconférence est proposée à tous. Au fur et à mesure du confinement les personnes, les outils s’adaptent afin de garder le lien et de continuer à tisser des relations.
- JRS Accompagnement Juridique et JRS Plaidoyer proposent à la fois de répondre aux situations critiques et de blocages (attente du RSA) et de sensibiliser les pouvoirs publics sur les impacts des mesures de confinement. Il se développe avec les 41 antennes JRS France qui font remonter des informations sur l’accès au droit du travail, l’accès aux soins, la situation des personnes à la rue.
Pour ce qui est de JRS Welcome, 130 personnes sont accueillies dans le réseau des familles en ce moment-même où l’enjeu d’accompagnement en temps de confinement est primordial. Des outils sont donc là aussi proposés, pour bien comprendre les mesures de confinement et les vivre au mieux dans les lieux d’accueil. L’organisation a été complexe pour continuer l’accueil et s’assurer que tout le monde était bien consentant. L’enthousiasme a été au rendez-vous pour trouver des solutions. Et nous avons à l’heure actuelle des personnes qui nous contactent pour accueillir chez elles.
La nouveauté de la situation a permis de découvrir de nouvelles façons de rester en lien. Vient maintenant l’évaluation de ce que cela permet ou de ce que cela empêche. Ce qui s’ouvre à nous reste, en grande partie, inconnu : règles du déconfinement, fidélité des donateurs, pertinence de nos actions au vu du changement de contexte…
Le confinement en un sens nous invite à fermer la porte de notre maison certes, mais notre style est « d’y prier son Père dans le secret » (Mat. 6.6) et ce Père qui est dans le secret nous donne son Fils pour apprendre à aimer et servir, « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13.14).
Comme jésuite, la contemplation a laquelle je suis poussé en ce confinement est une opportunité pour rendre grâce de la solidarité actuelle et d’y puiser des forces pour la mission à venir. Une chose est certaine à mes yeux : nous continuerons à créer ensemble ce qui nous fera nous rencontrer demain.
Directeur JRS France
Qu’est ce que le JRS France ?
L’association JRS France (Jesuit Refugee Service) lutte contre l’isolement et l’exclusion sociale des demandeurs d’asile et des réfugiés. La vocation du JRS est de les accueillir, de les servir et de défendre leurs droits avec un accompagnement basé sur la rencontre personnelle. Le JRS International, fondé en 1980 par le P. Pedro Arrupe, est porté par les jésuites. Présent dans une cinquantaine de pays, le JRS œuvre auprès des personnes déplacées par force. Au total, plus 677 000 personnes ont bénéficié de ses actions en 2018. > Site internet : jrsfrance.org/
Témoignages
« Ça se passe bien, je suis allée dans le jardin, je me suis assise, je me suis promenée, j’ai marché. Je n’ai pas peur du virus. J’ai commencé à étudier avec Soeur Elisabeth : pour prononcer les mots, car je n’ose pas parler avec beaucoup de monde, car j’ai peur de parler mal.
Certains mots sont difficiles pour moi, mais ça va. On regarde les informations, les films, les feuilletons, et le soir, je joue au rubik’s cube avec les sœurs. Avec mes amies du Secours Catholique, on parle au téléphone ; mais avec mon anniversaire le 21 mars, ça tombe mal, mais c’est pas grave. »
Fanta, accueillie dans une communauté religieuse à JRS Tours (programme JRS Welcome).
« J’habite avec une famille qui est à la campagne. J’entends beaucoup parler du coronavirus et du confinement et j’ai un peu peur. Maintenant, j’ai moins peur car nous respectons ce « qu’ils ont dit ». Nous restons à la maison mais nous pouvons sortir dans la cour et le jardin, et ça c’est bien ! Courage à tous ceux qui sont en ville et en appartement. »
Edwige, accueillie à JRS Tours (programme JRS Welcome).
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