Voici mon corps : depuis le cri du nouveau-né au soupir du Christ en Croix, qui renaît à la Vie, le P. Vincent Klein sj invite à une méditation contemplative qui nous mène vers Pâques.
Corps livré
À la tendresse du sein maternel et au regard étonné du père.
Voici mon corps, chuchote l’épouse dans l’oreille du bien-aimé.
Qu’ils apprennent, lui répond-il, à se conjuguer dans la fécondité poétique qui les révèle.
Voici mon corps, s’exalte le journalier qu’on embauche.
Je le livre pour que, joint aux vôtres, s’édifie une cathédrale.
Voici mon corps, dit la nourrice d’un ton rassurant.
Livré, il se dévoilera dans les mille attentions qui éduquent les enfants vers la confiance.
Voici mon corps, geint le malade, livré à la divine tendresse des mains soignantes
et au regard pudique qui lui signifie un avenir, une nouvelle liberté.
Voici mon corps, agonise la vieille dont on éponge le front. Il est là, réduit à sa dure essentialité.
Livré, il devient semence plantée en terre pour une invisible fécondité.
Voici mon corps, disjoncte la fille à la joie éteinte.
Livré à l’étreinte sans amour, encore et encore, il singe l’affection pour que soit préservé le souffle de vie.
Voici mon corps, hurle le galérien sous les coups de fouet.
Corps livré, lacéré, corps meurtri et déchiré. Mais au-delà, le regard fier trahit détermination et grandeur d’âme.
Voici mon corps, soupire le Narazéen sur la croix. Corps où le don de soi a perverti la cruauté.
Corps livré pour que, regardant le transpercé, chacun y reconnaisse le sien et passe à la vie.
Voici mon corps, proclame le Ressuscité. Chacun de nous est un membre de ce corps.
Dans le don de soi se dit l’amour christique et la confiance ; simplement, silencieusement.
Car dans cette livraison, tout se joue, tout prend sens. La vie, à nouveau.
P. Vincent Klein sj
Communauté jésuite de Luxembourg
(c) Photos Pexels
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