L’épidémie de Covid-19 se propage. Les nouvelles, avec leur lot d’angoisse, déferlent et se partagent à la même vitesse. Dans ce contexte, la peur nous gagne. Comment discerner alors que nous nous sentons paralysé ? La réponse du P. Nikolaas Sitobin sj, jésuite flamand.
Une variante particulière de la tristesse est la peur. La peur peut littéralement figer une personne et la couper de la vie. La peur a quelque chose d’attrayant. Elle a tendance à devenir de plus en plus forte et à prendre toute la place. La raison en est simple. Il est inhérent à la peur qu’elle avance toutes sortes d’arguments pertinents, souvent difficiles à réfuter, afin d’expliquer pourquoi les scénarios apocalyptiques deviendront nécessairement réalité. Il semble donc normal et inévitable que l’on ressente de la peur. Ainsi, la peur se nourrit et se renforce par elle-même et peut devenir obsessionnelle.
De tous les mouvements affectifs négatifs, la peur est peut-être le plus destructeur. Pourtant, il n’est pas si difficile de lui couper les vivres. Quatre points d’attention peuvent être utiles à cet égard.
1. S’exprimer
Il est important de ne pas garder la peur pour soi mais d’en parler. La peur se développe bien mieux en secret. Parler de la peur avec une personne de confiance peut être une première étape importante. Cela peut aider à contrecarrer la logique de la peur, qui enferme et grandit par elle-même. La condition est toutefois que l’interlocuteur ne confirme pas la peur et la renforce.
2. Examen critique des faits
Un deuxième outil peut être d’examiner de manière critique les faits à l’origine de la peur. Souvent, la perception de ces faits est confuse, incorrecte ou incomplète, des liens erronés sont établis et des conclusions fausses sont tirées. D’où leur effet anxiogène. La conversation mentionnée ci-dessus peut être l’occasion idéale d’apporter plus d’objectivité et de tranquillité ici.
3. La tromperie de la peur
Le troisième conseil est le plus important et le plus fondamental. La force de la peur réside avant tout dans la conviction que la peur est justifiée. La peur sait présenter des arguments subtils et pertinents comme personne d’autre. Ils visent à renforcer la crédibilité de la peur. On pense honnêtement qu’on a raison de se sentir angoissé. Après tout, ces arguments prouvent qu’on n’a pas d’autre choix que d’avoir peur.
C’est exactement là que se situe la tromperie de la peur. Souvent, il est exacte que ce dont on a peur se produira réellement. Seulement, il ne faut pas en avoir peur. On peut faire face aux problèmes. C’est bien ce qu’on fait du matin au soir.
4. La peur empêche de vivre dans le présent
Un quatrième point d’attention concerne le fait que la peur est souvent liée à des problèmes, imaginés ou non, qui se situent dans un futur vague. La conséquence sournoise de cela peut être que la peur de ce futur qui n’existe pas encore empêche de vivre pleinement dans le présent qui lui existe bel et bien. Ici aussi, l’échange avec une autre personne peut être réconfortante.
La peur est un mauvais conseiller. Il n’est pas bon de suivre sa logique. Il est sage de ne pas dialoguer avec la peur et de choisir consciemment de faire confiance. Le chemin vers une vie plus riche et plus abondante est indiqué par la confiance et l’espérance, et non par la peur. Ce n’est pas pour rien que Jésus ne cesse de dire : « N’aie pas peur.
P. Nikolaas Sintobin sj