Dominic Collins (1566-1602) a renoncé à la carrière militaire pour la paix de la vie religieuse et a été exécuté quand il accompagnait un contingent militaire comme aumônier, dans une campagne qui visait à délivrer l’Irlande de la domination anglaise. Il a été béatifié par Jean Paul II en 1992 en même temps que seize autres martyrs irlandais.

Vitrail représentant Collins (Église de la Sainte Famille, Youghal)

Vitrail représentant Dominic Collins dans l’église de la Sainte-Famille à Youghal en Irlande © Wikipedia CC

Dominic Collins nait dans une famille aisée de Youghal dans le Comté de Cork aux environs de 1566 quand Elisabeth I est reine d’Angleterre et d’Irlande. Six ans plus tôt le parlement irlandais a établi l’anglicanisme comme religion officielle du pays. Ces lois ne sont pas pleinement appliquées à Youghal, mais des jeunes catholiques ont peu de carrières qui leurs sont ouvertes. Aussi le jeune Collins choisit de quitter l’Irlande et de chercher fortune en France. Il réussit à s’enrôler dans l’armée du duc de Mercœur, qui se bat contre les Huguenots en Bretagne. Il sert avec distinction dans l’armée de la Ligue Catholique pendant plus de 9 années et monte en grade. Sa plus grande victoire est la capture d’une place forte stratégique, après quoi il est nommé Gouverneur de la région.

A la longue, Dominic Collins perd son amour des armes, malgré que le roi Philippe II lui ait accordé une pension et l’ait nommé dans une garnison à la Coruña, dans la partie espagnole de la Baie de Biscaye. Pendant le printemps de 1598, il rencontre un Irlandais, un prêtre jésuite qui se nomme Thomas White, à qui il révèle son désir de faire autre chose de sa vie. Il décide qu’il désire par-dessus tout devenir frère jésuite. Les supérieurs sont tout d’abord peu disposé à l’accepter, pace qu’ils doute qu’un militaire chevronné soit capable d’accepter la vie religieuse. Dominic bombarde le Provincial de demandes, et est finalement accepté au noviciat de Santiago de Compostella dans le nord de l’Espagne.

Dominic Collins vient chercher la paix et la tranquillité dans la vie religieuse, mais elle ne lui est pas accordée. Il est à peine arrivé à Santiago, que le collège jésuite est frappé par la peste. Sept membres de la communauté sont atteints, et plusieurs autres prennent la fuite par peur d’attraper cette horrible maladie. Le frère Collins reste, et pendant 2 mois il s’occupe des malades, soignant les uns jusqu’à la guérison, encourageant les autres pendant leurs dernières heures. Il a prouvé sa valeur et, sans aucun doute, terminé son noviciat. Un rapport envoyé à Rome le considère comme un homme mur, sociable, de bon jugement et d’une grande force physique, mais enclin à la colère et à l’obstination.

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A ce moment-là l’Irlande connait des temps troublés. En Ulster O’Neill et O’Donnell défie le pouvoir de la couronne anglaise et appelle toute l’Irlande à la révolte. En 1601 le roi Philippe III d’Espagne décide d’envoyer une armée pour aider les Irlandais. Un certain nombre de prêtres accompagnent les soldats, y compris un jésuite irlandais, le P. James Archer, qui demandeàce que le frère Dominic Collins puisse l’accompagner, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré. Les deux embarquent sur des vaisseaux différents qui sont séparés l’un de l’autre par une tempête. Le vaisseau du frère Dominic Collins est obligé de retourner à La Coruña, avant d’atteindre finalement l’Irlande à Castlehaven le 1er décembre 1601, un port situé à quelques 30 miles de sa ville natale. La plus grande partie de la flotte espagnole y est cachée. Une grande armée anglaise conduite par Lord Mountjoy assiège la ville.

Les forces convergent vers Kinsale du Nord et du Sud. Les chefs sont Hugh O’Neill, Red Hugh O’Donnell et Sullivan Beare de West Cork. Les Irlandais entourent les anglais à l’extérieur de la ville et les Espagnols les attaquent de l’intérieur. Les Irlandais attaquent la veille de Noël à l’aube, mais pour des raisons inexplicables, ils subissent une défaite humiliante, sans aucune aide des Espagnols à l’intérieur de la ville.

Les Irlandais s’éparpillent, les armées d’O’Neill et O’Donnell marchent vers le Nord, tandis qu’O’Sullivan conduit son armée vers la péninsule de Beare. Le frère Collins l’accompagne dans sa retraite. En conséquence, il se trouve à l’intérieur de Dunboy Castle assiégé avec 143 défenseurs. Comme religieux, il ne peut pas prendre part à la bataille, mais il doit se contenter de soigner les blessés. Après un siège acharné et beaucoup de morts, les défenseurs se rendent. Presque tous sont massacrés, mais le 17 juin le frère Collins est emmené et enchaîné, pour interrogatoire. On le torture sauvagement et on lui promet une bonne récompense s’il renonce à sa foi catholique. Malgré l’insistance de sa propre famille qui l’encourage à prétendre se convertir pour sauver sa vie, il refuse avec fermeté.

Plaque commémorative du martyre de Dominic Collins © Wikipedia CC

Le 31 octobre 1602, Dominique Collins est emmené à Youghal pour y être exécuté. Avant de monter sur l’échafaud pour être pendu, il harangue la foule, disant qu’il est heureux de mourir pour sa foi. Sa joie est tellement visible qu’un officier fait la remarque « Il va à sa mort avec autant de bonheur que moi je me rendrais à un banquet ». Le frère l’entend et répond : « Pour cette cause, je suis prêt à mourir non pas une fois, mais mille fois ».

Source : Initialement regroupé et édité par: Tom Rochford, SJ
Traducteur: Guy Verhaegen

Extrait d’une lettre de Richard Haries, en date du 19 janvier 1603, envoyée du séminaire irlandais de Lisbonne au Père James Archer sj

Pour cette cause, ce n’est pas une mort, mais mille morts que je souffrirais bien volontiers

Voici ce que j’ai appris d’un Irlandais digne de foi au sujet de votre très heureux frère et compagnon Dominique Collins.

Après avoir été emprisonné un certain temps à Cork, il fut condamné à mort par les hérétiques un vendredi, qui fut pour lui un Vendredi Saint.

Conduit au lieu du supplice entre les soldats, il se comporta en manifestant une grande fermeté, mais peu de ses concitoyens osèrent être là par crainte des espions. En arrivant à la potence, il salua celle-ci avec une grande allégresse et adressa à ceux qui étaient là une brève exhortation en espagnol, en irlandais et en anglais. En résumé, il déclara les raisons de son retour en Irlande, disant clairement qu’il était venu pour dissuader les siens de faire leurs les erreurs de ceux qui avaient renié la vraie foi pour adhérer aux hérétiques, alors que la seule vraie foi était celle qu’enseigne l’Église Catholique Romaine, et non pas cette nouvelle foi qu’on professe en Angleterre, pleine d’injures contre le Souverain Pontife.

En entendant cela, les ennemis de l’Église ne purent se contenir davantage et, l’empêchant de parler, lui passèrent la corde au cou. Il l’accepta avec une si grande joie du cour et un tel rire au visage qu’un capitaine anglais, présent sur le lieu, dit : « quel est donc cet homme qui va à la mort avec une aussi grande allégresse que je suis jamais allé à un banquet ? » Le Frère Dominique lui répondit : « Pour cette cause, ce n’est pas une mort mais mille morts que je souffrirais très volontiers. »

A la fin, on ne put trouver personne qui voulût le pendre, tant ses paroles avaient frappé de peur tous ceux qui étaient là. On trouva enfin un pauvre pêcheur qui passait par là ; on le frappa pour l’obliger à accomplir cet office. Il demanda au glorieux martyr de bien vouloir lui pardonner et celui-ci le lui accorda volontiers.

Avant de monter au gibet, il demanda à tous les catholiques de prier pour lui. Montant alors, il entonna le psaume In te, Domine, speravi ; puis, arrivé en haut, il dit : In manus tuas , etc. et fut exécuté.

Il demeura pendu pendant trois ou quatre heures jusqu’à ce que la corde se rompant son corps tombe à terre. On le dépouilla de ses vêtements et le laissa nu sur le sol ; mais des personnes pieuses vinrent le prendre pendant la nuit.

(A.R.S.I., Mss. Castell, 33, f. 94 ; cf M. Goncalves da Costa (éd.),
Fontes ineditas Portuguesas para a historia de Irlanda, Braga, 1981, p. 409).

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