L’année ignatienne célèbre le 500e anniversaire de la blessure d’Ignace de Loyola à la bataille de Pampelune. Bénédicte Lamoureux, directrice du centre spirituel jésuite des Coteaux Païs apporte un éclairage sur cette année d’appel à la conversion.

En cette année ignatienne comment répondre à l’invitation de se convertir ?

L’année ignatienne est tombée au moment « opportun », comme pour laisser résonner cet appel du Seigneur à la conversion. On ne peut pas faire abstraction du fait qu’elle se déroule dans un contexte général de crise à tous les niveaux : politique, sociétal, environnemental, familial… une crise d’une telle amplitude, c’est du jamais vu. Une crise de l’Église aussi.

Avec le Covid, le monde entier reçoit un boulet de canon. Comme les ronds dans l’eau qui se propagent, la crise touche tous les domaines : la société, l’Église… et chacun d’entre nous. C’est le moment de discerner, nous sommes invités à plonger, à puiser des énergies nouvelles au plus profond de nous- mêmes, dans nos racines humaines et spirituelles. C’est un temps favorable pour le faire (clin d’œil au livre écrit récemment par cinq xavières C’est maintenant le temps favorable). boulet de pampelune - retraite prie en chemin avec ignace - jesuite

Comment les centres spirituels jésuites peuvent-ils nous aider ?

Dans ce contexte, de plus en plus de gens sont en quête de sens et cherchent leur chemin pour espérer et rebondir. Cela passe par une conversion. Cette aventure est très biblique car toute la Bible appelle à la conversion, spécialement dans la bouche de tous les prophètes.

La Pairelle centre spirituel jesuite site Au centre spirituel des Coteaux-Païs, nous sentons que les personnes que nous accueillons ont soif de se poser, de se réorienter vers l’essentiel, voire de s’alléger de trop-plein (activisme, informations, loisirs, consommation…).

Un temps de retraite, une formation peuvent être un espace de recul et de discernement, pour se convertir et trouver la paix. Ce changement est osé car il commence d’abord par soi-même et demande souvent une force intérieure pour se détacher des habitudes prises. Entamer ce chemin de conversion fait grandir la foi, l’espérance et la charité, mais aussi la connaissance de soi-même ; il creuse la capacité à s’engager avec justesse pour construire un monde plus fraternel. Faire une retraite est un enjeu non seulement personnel, mais aussi ecclésial et sociétal.

Etty Hillesum, peu avant sa mort à Auschwitz, en 1943, écrivait :

Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-mêmes de vastes clairières de paix, et de les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y a de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition.

Mais comment s’engager sur un chemin de conversion ?

  • Entrer en résistance ! Rien qu’en nous promenant dans une rue commerçante, nous sommes sans cesse interpellés par des incitations à l’achat. Mais ai-je vraiment besoin de tel objet à la mode ? Il faut résister à cette idée que la consommation nous rendrait plus heureux(se), et descendre plus profond en soi, creuser les vraies raisons d’être heureux ici, aujourd’hui.
  • Accueillir nos fragilités ! Affronter la vérité de notre réalité humaine et ne pas avoir peur de nos fragilités. Le Christ est passé avant nous, il s’est fait vulnérable jusqu’à nous donner sa propre vie, et de cette fragilité a jailli la vie.

jeunes prière oratoire manrèse La société a choisi la toute-puissance comme objectif et symbole de réussite. Le monde nous dit « sois fort, sois beau », mais c’est de l’inverse dont nous avons soif : une forme de vie plus sobre, plus attentive aux petites choses, où la réalité de notre fragilité soit pleinement accueillie.
Le challenge, le voici : prendre du recul, discerner, mesurer ses vraies forces, apprendre à dire non, vivre dans le retrait, s’engager fortement mais de manière précise, au lieu de se disperser.

Le boulet de canon nous déroute d’une trajectoire de toute puissance. Il s’agit de se relever, de se reconnaître aimé, et d’accepter que cette  fragilité peut être une nouvelle naissance, un vrai chemin de vie. Ignace, devenu boiteux, n’est pas resté dans son château à se morfondre. Il s’est mis en marche, même en claudiquant. Faisons de même.

Au début du Récit du pèlerin, Jérôme Nadal écrit que le chemin d’Ignace s’est ouvert parce qu’il marchait. Dans le brouillard, peut-être, mais ça ne l’a pas empêché pas d’avancer ! Alors, dans cette année de conversion et de synodalité, n’ayons pas peur de marcher ensemble !

Pour aller plus loin

> Consultez les propositions des centres spirituels jésuites pour l’année ignatienne.

> Retrouvez le dossier spécial sur l’année ignatienne : méditations, podcasts, vidéos…